1 juillet 2019

La privatisation d’ADP : un projet de parisiens auto-centrés

Par Marianne de Chambrun

Le gouvernement a voté la possibilité pour l’Etat de privatiser ADP.

Les arguments du gouvernement sont notamment que l’Etat n’a pas comme destination de gérer des espaces commerciaux dans les aéroports. Cette vision des choses montre bien que le gouvernement n’a aucune idée de l’importance de la régulation de la puissance publique dans le domaine du transport aérien.

Des revenus liés à l’activité aéroportuaire…

En effet, un aéroport tire ses revenus de plusieurs sources parmi lesquelles, la facturation de créneaux d’atterrissage et de décollage, la location d’espace de parking mais aussi d’éléments très différents comme la location d’espace de travel retail, c’est-à-dire de boutiques dans les aéroports.

Les créneaux ou slot en anglais d’atterrissage et de décollage sont stratégiques pour les compagnies aériennes. Les créneaux tardifs dans la nuit ou très tôt le matin sont moins chers, d’où les départs souvent à des heures indues des compagnies low cost. Les espaces de parking font également partie de la qualité de service de la compagnie. De même à Charles de gaulle les compagnie low cost partent du terminal 3, éloigné, mal desservi et sans services particulier. Le nouveau gestionnaire donc regardera vite, une fois en charge, à qui sont réservés les créneaux d’atterrissage et de décollage ainsi que les espaces de parking les plus lucratifs. 

Les correspondances, la clés de la mobilité en région

Il réalisera bien vite que les vols intérieurs d’Air France occupent des espaces qui pourraient être nettement plus rentables et proposera donc de les facturer à un prix plus chers obligeant la compagnie nationale à éloigner ses vols intérieurs dans d’autres terminaux voir d’autres aéroports ou des les changer des créneaux.

De premier abord on pourrait se dire que cela n’a pas vraiment d’importance, au contraire cela incitera les voyageurs à prendre le train et aurait un effet positif sur l’environnement. Or c’est oublier que lorsqu’on habite dans l’Aveyron, la Corrèze, le Cantal, l’Alsace, les Alpes Maritimes, etc., etc., etc. on a le droit et le désir de voyager à l’étranger.

Or les vols directs vers les capitales internationales et nos villes de régions sont très peu développées. Seuls les vols en correspondance permettent aux habitants de la majorité de notre territoire de voyager partout dans le monde sans avoir à réaliser des changements de transport complexe ou des heures d’attentes très longue.

L’Etat en garant de l’équité territoriale

L’Etat, en assurant la réservation de créneaux à faible coût pour les vols en correspondance assure donc l’équité territoriale pour nos concitoyens. De même que le maintien des lignes intérieures est l’assurance pour les français ne vivant pas en Ile-de-France d’avoir accès à toutes les grandes métropoles mondiales sans avoir à réaliser un parcours du combattant.

Voilà donc en quoi on peut dire que la privatisation d’ADP est un projet francilien, proposé par des personnes qui connaissent mal la réalité de nos concitoyens en région et voilà pourquoi la puissance publique à un rôle stratégique à jouer sur la gestion des aéroport et l’aménagement de notre territoire.

S’il n’en fallait qu’un voilà déjà un argument pour signer la pétition demandant un referendum sur la privatisation d’ADP

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