Par Julien Dray
S‘agit-il d’une pièce parodique dont on nous propose l’acte 2 ? ou bien d’une « divine comédie » ? Il est rare qu’une œuvre théâtrale change d’histoire après le premier acte !
Comment pourrions-nous donc nous étonner du monologue auto-satisfait du premier ministre à l’occasion de sa déclaration de politique générale. Une longue tirade (du nez?) mais ce n’est ni un nouveau cap, pas davantage ni une péninsule sociale.
Des bruits courraient pourtant de ci de là. Il y aurait un tournant. On avait fini par prendre conscience. Le déficit de confiance s’élargissant, la colère populaire grandissant, l’injustice sociale et fiscale devenant insupportable pour une grande majorité, on allait engager une phase de redistribution, de rééquilibrage. On allait un peu « gauchiser » son action. On allait mettre un signe égal au « en même temps ».
Une méthode se dessinait. Une figure de la gauche d’antan serait le chef d’état major d’un nouveau bataillon. Il pénètrerait les territoires, agrègerait de nouveaux volontaires du nouveau monde. Il viendrait apporter la caution sociale au gouvernement par trop « Jupéiste ».
Mais ça c’était avant les élections Européennes. Depuis le président, malgré la deuxième position de sa liste, a gagné. Il n’a plus d’opposition autre que celle qu’il s’est choisie : l’épouvantail nationaliste. Il ne lui reste juste qu’à circonscrire une petite poussée écologique. Nul doute qu’il y parviendra grâce à ces grenadiers voltigeurs historiques….
Alors, pourquoi changer ? Oui il est maintenant acquis qu’il fait une politique de droite. Oui, il est reconnu que les inégalités se sont creusées, que l’injustice fiscale demeure, que le pouvoir d’achat s’est affaissé pour plus quatre vingt pourcents de la population quand il a fortement augmenté pour les dix pourcents les plus riches. Oui le capitalisme et ses lobbies sont aux commandes de Bruxelles.
Oui ! mais la gauche est en miettes et la droite aux abois.
On parie donc sur une influence grandissante dans les milieux économiques les plus libéraux, sur un leadership au niveau Européen, sur quelques pans de la population française, autrefois fidèles électeurs de la droite, comme les personnes âgées par exemple. On parie et on oublie le tournant social.
Emmanuel Macron et son « Sganarelle » peuvent ainsi poursuivre, sans se renier, une politique favorisant les plus riches au détriment de tous les autres. Ils ne semblent pas affectés par la crise sociale, fiscale et même institutionnelle que nous vivons.
Ils ont fermé les fenêtres aux bruits du dehors. Ces bruits là ne sont rien puisqu’ils ne se traduisent pas dans les votes. Ces bruits là ne sont rien puisqu’ils ont gagné, puisque ni la gauche, ni la droite ne sont capables de lui opposer d’alternative, puisqu’il n’existe plus qu’un seul mouvement, un parti qu’ils rêvent même unique !
Ils feront donc comme si de rien n’était. Reste à savoir si la politique de la sourde oreille est la bonne.
Reste à savoir si, par ailleurs, la gauche saura se poser les bonnes questions. Si la gauche saura choisir ses mots, son futur, son camp. Se contentera-t-elle de jouer le pendu de l’écologie et du libéralisme ? ou bien donnera-t-elle un nouveau sens au mot « progrès » ?.
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