Depuis le sursaut du deuxième tour et malgré la fausse euphorie surjouée dès 20 heures par La France Insoumise LFI et Mélenchon, une vérité arithmétique impose une vérité politique.
Si le Nouveau Front Populaire NFP a certes réussi à stopper la progression et la quasi-victoire annoncée du Rassemblement national RN, cela s’est fait dans un sursaut démocratique plus que dans une adhésion et un soutien réel au « fameux » programme dudit « Nouveau front populaire ». Quand il manque plus de 100 députés pour fabriquer une majorité, toutes les contorsions rocambolesques sont possibles, mais on peut se proclamer majoritaire et croire une seule seconde qu’on va pouvoir appliquer à la lettre le programme annoncée.
La gauche honnête avec elle-même aurait dû en tirer les conséquences. Soit dire « nous ne sommes pas en situation de gouverner », donc nous ne sommes pas candidat à l’exercice du pouvoir, mais nous sommes prêts de manière opportune à aider ou défendre tout ce qui ira dans le sens de nos combats.
L’autre chemin aurait pu être celui d’accepter de participer sous une forme gouvernementale ou simplement parlementaire à un rassemblement républicain. Ce n’était donc pas « à prendre ou à laisser », c’était simplement reprendre à son compte la vielle formule de Karl Marx qui dit qu’un pas en avant vaut mieux que mille programmes. Ce chemin choisi aurait dû induire un document écrit permettant une discussion sur des convergences possibles.
De tout cela, il n’ y en a rien été. La gauche – grâce aux prestations du vieux cow boy imperator – est devenue l’agence de casting politique la plus à la mode… La vérité, c’est qu’en se laissant guider par une analyse fausse, la gauche s’est enlisée en se livrant à un spectacle pitoyable. Et à ce jeu, avouons la LFI sait y faire… comme toute bonne secte lambertiste. Le point culminant étant la saison 2 de « la République, c’est moi » un samedi en nocturne avec ce show improvisé de Mélenchon faisant la leçon aux dirigeants de la gauche. S’attribuant une fortune qu’il n’a plus, ce dernier voulait être le directeur artistique distribuant les rôles, au nom de sa soi-disante générosité passée.
Le résultat, c’est qu’au lieu de mettre la gauche dans une situation d’ouverture et de polarisation du débat autour de ses idées, on a finalement réduit le casting à un pauvre film du père Thénardier. Désormais la démonstration est ainsi faite, il n’y a pas d’avenir majoritaire dans le pays avec LFI. Comme l’a mené la gauche anglaise avec succès, il faut donc rompre avec cet esprit, ces méthodes, ce vocabulaire et ses figures emblématiques… Peu importe que les Verts en solde jouent en permanence un double jeu scellé par une bonne alliance électorale. Peu importe qu’ils jouent la Croix rouge désintéressée alors qu’ils mènent des calculs pour préserver leur place électorale. L’écologie mérite un combat d’une autre nature et d’une autre ampleur que leurs élucubrations groupusculaires. L’avenir de la décarbonation de l’industrie, de nouvelles normes de consommation et d’échanges sont des choses trop sérieuses pour les laisser en déshérence : il faut maintenant du courage et de la fermeté dans cette nouvelle ère qu’auraient commencé sans hésiter toutes les figures historiques de la gauche.
Pendant un demi-siècle, le talisman de la gauche, c’était le talisman de l’unité et du rassemblement qui devait en découler et entraîner. Avec l’existence de LFI, c’est une autre séquence qui s’est ouverte et que nous devons assumer. Cette secte – car il s’agit bien de cela – entraîne la gauche à sa faillite mais à la limite ce n’est pas là le plus grave : elle entraîne le pays au chaos apocalyptique… car l’histoire de ce genre de groupe existe : d’abord en Allemagne, dans les années 1930, avec le comportement des staliniens qui disaient déjà « ce sera eux ou nous » mais aussi en Amérique latine où au début des années 1970 où le guérillérisme l’emporta sur la lutte sociale. Là aussi, l’Histoire mordait tellement la nuque qu’il fallait créer au plus vite l’affrontement. Le gauchisme sectaire et ultimatisé eut aussi ses lettres de noblesse en Italie… Le bilan est toujours sans appel.
C’est donc, ici et maintenant, qu’il faut rompre pour faire renaître une gauche laïque, réformiste, concrète et sérieuse dans ses propositions. Le pays et l’histoire attendent cela de la gauche.
Alors il faut rompre pour renaître !