Par Edmond Thanel
La suppression des cet impôt s’avèrera, dans l’état, plus douloureuse que bénéfique.
Mais pas pour tout le monde.
Présentée comme LA mesure sociale phare du quinquennat d’Emmanuel Macron, elle s’est d’abord heurté au jugement du conseil constitutionnel. En effet, comme c’était prévisible, cet impôt ne pouvait être considéré autrement qu’à travers notre actuelle constitution.
Elle a donc été revue pour en faire bénéficier toutes celles et tous ceux qui contribuent à la TH. Elle apparaît maintenant comme l’adaptation d’une promesse de campagne. Elle aura des conséquences dont on ne mesure pas l’ampleur.
Tout d’abord la dépense sera bien supérieure que celle initialement prévue. Le gain de pouvoir d’achat, objectif social de cette réforme, profitera surtout, une fois de plus, aux plus fortunés.
En effet, sur les treize milliards de dépenses, quelques huit milliards seront rendus aux vingt pourcents les plus riches.
Les plus pauvres eux ne verront aucune amélioration de leur pouvoir d’achat, bien au contraire, puisqu’ils ne la payaient déjà pas avant la réforme.
Ceux qui se situent entre les deux verront certes leur taxe supprimée. Ils comprendront vite que la réforme n’est cependant pas un cadeau non plus. Le rapport gains/ dépenses leur sera au final défavorable.
Cela fait longtemps que l’on sait que cet impôt est sans doute le plus injuste qui soit. Il s’appuie sur des critères qui tiennent compte, seulement en partie, du niveau de vie des habitants. Depuis longtemps ils se dit qu’il faudrait réformer. Personne ne l’a fait jusqu’à l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir. S’y attaquer apparaissait donc comme un acte courageux. Encore faut-il savoir à quoi elle sert et comment s’en passer.
Peut-être eu-t-il mieux valu s’attaquer aux critères qu’à la taxe elle même. Permettre à chacun de payer non seulement en fonction de sa surface d’habitation et de son lieu mais également et surtout en prenant mieux en compte l’étendue de ses moyens. Trop difficile sans doute à évaluer pour quelqu’un qui privilégie l’efficacité à court terme à la réflexion de plus long terme.
Il s’avère que la méthode Macron est surtout efficace pour l’image, pour son image. En donnant l’impression de sa volonté à aller vite, à montrer sa détermination, à vouloir mettre en accord ses promesses de campagne avec ses actions, l’exécutif s’enfonce dans une fuite en avant, quitte à faire de cette réforme l’inverse des objectifs initiaux. Elle ne sera pas sociale, elle creusera les inégalités, elle participera un peu plus aux déclassement des couches moyennes inférieures. Les familles seront les plus touchées par cette mesure.
Il n’est un secret pour personne que la suppression de la taxe d’habitation affectera d’abord le budget des communes. On a beau tenter de faire croire à une compensation par l’état des sommes ainsi perdues, on ne convaincra pas les maires. Ils savent une chose. Moins ils ont la maitrise de leurs recettes plus ils sont contraints et au final moins ils ont de marges de manœuvres. Or, Il s’agit bien d’une centralisation de ressources qui ne dit pas son nom.
Après la suppression d’un nombre conséquent d’emplois aidés, c’est à nouveau un coup dur pour les communes. Elles vont devoir anticiper une baisse attendue sur leur budget. C’est encore le milieu associatif qui en subira le premier les conséquences. Il se peut ainsi que nombre d’enfants qui jusqu’à présent pouvait pratiquer un sport ou une activité culturelle ne puissent plus le faire, faute de moyens de leurs parents. Et faut-il ajouter le sort que l’on réserve aux associations scolaires, humanitaires, sociales ? Auront-elles encore les moyens de développer leurs objets ? rien n’est moins sûr.
Le pouvoir en place continue, ce faisant, à développer une société à deux vitesses. Il y a ceux qui peuvent payer et ceux qui ne le peuvent pas ou plus.
Les maires que voudraient adouber LREM accepteront-il cette évolution qui renverrait notre société dans un monde très ancien ? et l’inscrire dans leur projet ? Il se pourrait que ce soit un des enjeux des prochaines municipales.