11 avril 2023

Le Conseil constitutionnel n’est pas une fin en soi – Edito n°144

On aura tout tenté pour nous faire avaler la couleuvre. Après une procédure qui, si elle est parfaitement légale, est loin des principes d’équité, de concertation et de débats équilibrés, on a voulu nous rappeler les règles en nous réduisant souvent à de petits esprits incapables de les comprendre. Pourtant l’accumulation des procédés législatifs bridant une véritable confrontation d’idées est une première dans la Ve République. On aura au moins appris par cœur trois articles de la Constitution : le 44-2, le 47-1 et évidemment le 49-3.
 
Après le passage en force et l’échec (à 9 voix près) de la motion de censure, on a voulu nous faire croire que la messe était dite. On a convoqué les adversaires politiques et la Gauche n’a pas donné suite. On a invité les partenaires sociaux à parler d’autre chose, ce qu’ils ont refusé.
 
Maintenant, on nous met dans la file d’attente de l’analyse des « sages » du Conseil constitutionnel suite aux recours déposés par les opposants. Si le Conseil renvoie le Gouvernement à ses chères études, tentera-t-on de trouver encore un artifice pour imposer la réforme ? C’est probable. Et si le Conseil constitutionnel déclare la loi conforme, dira-t-on « Fermez le ban » ?
 
Mais alors on ferait comme si ! Comme si l’Assemblée nationale n’était plus qu’une caisse d’enregistrement, comme si les partenaires sociaux ne faisaient plus partie du champ démocratique et surtout comme si l’opinion du peuple n’avait aucune importance, comme si la raison en légitimité électorale était toute puissante, comme si le président pouvait décider tout seul depuis son cabinet.
 
A la crise sociale s’ajouterait une crise démocratique.
 
Eh bien Non. L’avis du Conseil constitutionnel est un avis, pas une fin en soi. C’est une étape, importante certes, mais une étape qui ne signe aucunement la fin de quoi que ce soit. Dans une période de doute et de colère, dans une situation morale, écologique et économique tellement dégradée, dans un moment où l’immense majorité des Français se demande si le pouvoir n’a pas définitivement tourné le dos à l’intérêt général et à la justice sociale ; dans cette période, dans cette situation, dans ce moment, il faut craindre que l’obstination du président se heurte à celle de la population d’abord, des syndicats et des opposants ensuite.
 
Alors donc, si l’avis des sages conforte le pouvoir en légalité, on entendra son avis mais on poursuivra la lutte ! Il n’est de plus beau combat que celui pour la justice.
 
Nous sommes en avril ? Nous ne nous découvrirons pas d’un fil et, à l’approche du mois suivant, nous pourrions peut-être imaginer un beau mois de mai.
 
Le 1er mai par exemple, date symbole s’il en est, nous pourrions nous retrouver pour un moment de défilé festif et non mois déterminé, un rendez-vous national où une foule immense viendrait participer, aux côtés des salariés, à une marche solidaire. Il y aurait la jeunesse en masse, les retraités mobilisés comme jamais, les familles confiantes, les actifs, les chômeurs, les précaires et pourquoi pas les cadres.
 
A l’instar de celles et ceux que nous avons applaudi chaque soir pendant le confinement et qui seront présents évidemment dans les cortèges, parce qu’ils sont souvent très concernés par les conséquences les plus injustes de cette réforme, nous viendrions nous associer à celles et ceux qui ont alimenté les onze manifestations précédentes au détriment de leurs salaires et quelques fois au risque de tout perdre.
 
Le 1er mai 2023 pourrait bien rester dans les mémoires et si nous le voulons, nous le pouvons. En avril, nous n’aurons pas perdu le fil et, en mai, on aura la retraite qui nous plaît !

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