Cette fois on est, semble-t-il, au bout d’une histoire. Si Emmanuel Macron est parvenu à nous convaincre de quelque chose, c’est peut-être bien du besoin, de l’envie, de la nécessité de passer, enfin, à une sixième république.
N’est pas le Général De Gaulle qui veut. On peut être idéologiquement loin de ce que pensait Le Général, mais on ne peut pas lui contester une stature d’homme d’Etat dont il a sans doute initié une nouvelle définition. Chacun sait que la cinquième République a été « taillée » pour lui. Elle instaure un régime semi-présidentiel qui convient à un homme de principe, républicain, respectueux de l’histoire, comme l’étaient avec lui Georges Pompidou, François Mitterrand et Jacques Chirac. Le président est garant de l’intérêt général, de l’équité, des traditions, de la concorde nationale. Il n’exclue pas l’opposition, le pouvoir du peuple et le recours au référendum.
La cinquième a permis, sous les mandats des hommes d’Etat suscités, une certaine stabilité de gouvernance et également des alternances politiques. Le président élu a cependant, contrairement à beaucoup de démocraties dans le monde, un pouvoir considérable.
Force est de constater que depuis une vingtaine d’années ce pouvoir nuit à une saine organisation de la société. Il déséquilibre notre système démocratique. Il devient part trop vertical. L’assemblée nationale, les corps intermédiaires, les contre-pouvoirs sont de plus en plus ignorés.
Par ailleurs, si l’on regarde, en dehors des périodes De Gaulle et Mitterrand ce que nous a apporté la cinquième république comparée à la troisième sous régime parlementaire, le bilan est plus que faible. Jusqu’au bout, c’est à dire jusqu’à son remplacement par le régime de Vichy, la troisième a permis nombre d’avancées depuis les lois fondatrices des années 1900 à 1905 jusqu’au front populaire. Elle était par ailleurs la période d’intense passion politique ou chaque Français avait des convictions et les exprimait.
Ce que la Cinquième nous a fait gagner en stabilité, elle nous l’a fait perdre en progrès, en débats contradictoires, en esprits critiques, en émancipation. Elle a fini par endormir une singularité français qui souvent s’exprimait collectivement. Elle a dépossédé les français de leur sens politique, de leur intérêt pour la chose et pour la cause.
Il a fallu arriver à une obstination présidentielle inédite, à l’imposition « quoi qu’il en coûte » de son super pouvoir, d’une loi sur les retraites, aussi injuste qu’injustifiée, pour que le plus grand nombre prenne conscience qu’en fait, ce n’était pas la politique qu’il détestait mais la cinquième république dirigée par des économistes sur lesquels François Mitterrand nous avait alertés !
Le peuple se réveille aujourd’hui et réclame son du ! Il est temps de lui répondre, de proposer une sixième république de progrès pour, par et avec le peuple !