6 mai 2019

1er mai : Les témoignages

Par Edmond Thanel

Depuis maintenant des semaines, des journalistes indépendants parcourent le terrain. Ce qu’ils rapportent est totalement différent de ce qu’on entend dans les médias officiels. Depuis des semaines, on peut voir des vidéos, des photos et lire des compte rendus diffusés par le mouvement des gilets jaunes.

Ce premier mai, les témoignages ont explosé en nombre. Ils sont issus de responsables d’organisations syndicales, des responsables de divers mouvements, des « street medic » mais également de simples manifestants, de simples passants et parfois de membres des forces de l’ordre.

Celles et ceux qui veulent vraiment savoir peuvent les retrouver sur la toile, sur les blogs, sur les réseaux sociaux. Ils sont identifiables parce qu’ils ne se cachent pas. Leurs témoignages se recoupent. Ils ne se connaissent pas entre eux. Ils ne sont pas soupçonnables de propagande organisée. Et ils disent tous la même chose. Ils confirment ce que nous avions nous mêmes constaté à plusieurs reprises depuis des semaines.

L’escalade de la violence est bien le fait des actions commandées au FDO.

Dès le matin, ce premier mai, nous avions des images du côté de Montparnasse alors que le cortège n’était pas encore formé. Les trainées blanches ne laissaient aucun doute : On tirait depuis les toits, on lançait des grenades en l’air et elles retombaient directement sur la foule. Plusieurs manifestants en tête de cortège témoignent : « il n’y avait aucun casseur dans les rangs. Le cortège progressait puis il a été soudain stoppé. On nous envoyé des lacrymaux, on nous a chargé alors que nous étions pacifiques. Nous ne pouvions ni avancer ni reculer. La panique s’est emparée de beaucoup. On essayait de fuir mais il n’y avait pas d’issues. Les plus fragiles tombaient. Je suis passé devant une maman avec son bébé qui cherchait un endroit pour le protéger … J’ai frappé à une porte cochère. Heureusement on nous a ouvert. On a pu mettre le bébé à l’abris … »

Plus tard, boulevard de l’hôpital, on empêche encore la progression du cortège. On charge sans discernement et sans distinction les gens dans la rue, sur les trottoirs, on frappe, on matraque, on gaze. L’air est irrespirable. Voilà un témoignage qui ressemble à tous les autres, il raconte : « Vers 16h, je suis avec des amis aux abords de l’Hôpital, la manifestation est calme, nous sommes bloqués depuis quelques minutes, attendant de pouvoir continuer vers la Place d’Italie. Soudain et sans aucune explication, ni sommation, une pluie de palets lacrymogène s’abat sur l’ensemble de la foule compacte, pas moyen de reculer ni de fuir, nous subissons les lacrymogènes et ses effets. Autour de moi, pas de casseurs ni de supposés “Blacks-Blocs”, seulement des gens ordinaires de tous âges. J’aperçois une amie soutenant une femme âgée (80 ans?) qui suffoque et crache, comme la plupart des personnes autour de moi et moi y compris. à l’extérieur le camion à eau asperge les derniers manifestants qui tentent de fuir, les forces de police tirent au LBD à vue sur tout le monde et matraquent les personnes à leur portée…… une ligne de CRS se forme au niveau de la grille du lieu où nous nous sommes réfugiés. La charge des forces de l’ordre fait fuir tout le monde, je courre et j’entends dans mon dos des tirs de LBD. Tout le monde cherche à fuir, mais face à nous) d’autres CRS apparaissent ainsi que les voltigeurs à moto, matraques et LBD à la main. De chaque côté je vois des personnes se faire gazer et matraquer, jeter à terre et rouées de coups. La seule issue semble cet escalier que d’autres ont déjà commencé à gravir. La peur m’incite à monter. J’entends les infirmiers parlementer avec les premières personnes arrivées devant la porte, aucune agressivité n’est proférée, seulement de la peur et de la panique. D’en bas, les motards nous mettent en joue avec les LBD et hurlent de redescendre les mains sur la tête. Un CRS fera redescendre tout le monde. Au bas de l’escalier, une partie de notre groupe ainsi formé est allongé au sol face contre terre, les mains sur la tête. …interpellations … Humiliations … Nous remettons nos pièces d’identité… palpation…. Fouille. Tout ça ne donne rien. “Vous m’embarquez tout ça pour participation à un groupement !” dit le chef. Un des motard voltigeur casque à la main s’approche et nous dit :” Je tiens à vous dire que je suis choqué, dégoûté, on voit bien vu vos profils que ça ne sert à rien de vous interpeller. On mobilise cinquante personnes pour vous surveiller alors que dehors 300 blacks-blocks sont en train de tout détruire et qu’on a besoin de nous en renfort ailleurs… »

Au final, sur les deux sujets dont on a parlé dans de nombreux médias ; l’école et l’hôpital, quid des dégradations ? ou sont les photos ? les images ? rien ! on a juste cassé un cadenas pour l’hôpital et trois autres pour l’école (on aurait dérobé un projecteur à l’hôpital….mais pas de chance c’était la veille et on a déplacé un fauteuil de l’école retrouvé sur le trottoir…l’intrusion violente n’était qu’une fuite due à la panique pour se mettre à l’abris des nuages de Lacrymos, des LBD, des charges de FDO ; pour se protéger et protéger aussi, pour certains, leurs parents, pour d’autres leurs enfants. Oui le premier mai se fête souvent en famille. Il s’agissait donc d’un public populaire et bon enfant !

On n’a pas vu beaucoup les blacks blocs mais on a jamais autant vu et subi de violences policières.

Aujourd’hui le ressenti est tel que l’on se pose vraiment la question des modes d’action, que l’on se demande si le droit de manifester existe encore…et si on ne risque pas sa vie à vouloir s’exprimer face à ce pouvoir. Le premier mai, qui n’est pas ce que décrit le président Macron, c’est bien la fête des travailleurs. Il ne sera plus tout à fait le même après cet épisode.

En attendant des plaintes ont été déposées. La justice administrative doit suivre son cour. Pour la justice sociale, fiscale, environnementale…ce n’est pas encore gagné ! gageons qu’avec leurs nouveaux soutiens et la prise de conscience de la gauche, partii socialiste en tête, le mouvement puisse perdurer et aboutir.

La presse et les organisations syndicales doivent pousser à faire toute la lumière. On ne peut pas passer à autre chose quand le directeur de l’APHP, la maire du 13ième arrodissement de Paris et un médecin de l’hôpital (formateur du raid) s’empressent de donner crédit aux mensonges d’un ministre. Ils sont tous revenus en arrière ? Trop tard ! le mal est fait !

Edmond Thanel   

 

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