20 novembre 2019

Vers une nécessaire union internationale des forces progressistes

Par Cécile Soubelet


Question démocratique, corruption, remise en cause des élites, montée de l’extrême droite, répression policière, … le monde assiste à une phase ascendante des forces progressistes qui remettent en cause le système capitaliste et inégalitaire. Force de l’image, partage des combats et des mots d’ordre, l’union internationale devient un enjeu pour peser durablement. Petit tour d’horizon des derniers jours…

ESPAGNE – Après plus de 6 mois de paralysie politique empêchant de constituer un Gouvernement, de nouvelles élections ont été organisée le 10 novembre dernier qui ont
rétablies un certain bipartisme. D’un côté, les forces de Gauche, dont le PSOE de Pedro
Sanchez, sont ressorties affaiblies, face à une droite qui retrouve de la vitalité, et un centre (allié de Macron) complètement atomisé (Ciudadanos a perdu une quarantaine d’élus). Mais surtout, après son apparition au premier plan de la scène politique il y a tout juste un an, l’extrême droite de Vox est devenue la 3 e force politique au Parlement.
Face à ce constat, le PSOE et Podemos ont signé un pré-accord de Gouvernement le 12 novembre, non sans tensions internes dans les différents partis.

Il reste ainsi un mois à Pedro Sanchez et à son conseiller Yvan Redondo pour rassembler l’ensemble des alliés de gauche, mais surtout trouver un moyen d’atteindre les 176 votes nécessaires à la constitution d’un Gouvernement.

Pour cela, plusieurs pistes s’offrent à eux, dont une alternative : obtenir le vote positif ou une abstention des centristes, ou bien celui des indépendantistes catalans de ERC. Ces derniers le savent bien et mettent la pression négociant un dialogue sur l’autodétermination contre une abstention. Pourtant, si les indépendantistes sont ressortis renforcés du dernier scrutin, ils n’atteignent pas la majorité en Catalogne (42%). Pire, cette question est celle qui a notamment contribué à la montée de la droite
et l’extrême droite en Espagne.

Il est important de soutenir cette Union de la Gauche qui doit réussir à tout prix et trouver une issue à la question catalane. A défaut, la droite finira par l’emporter pour s’installer au pouvoir durablement.


BOLIVIE – C’est un coup d’Etat. On peut ne pas aimer la personnalité d’Evo Morales et le système progressivement autoritaire mis en place, il n’empêche. Quand des représentants d’un Etat se retrouvent menacés dans leur intégrité physique par un groupe radical, appuyé par l’armée, les poussant à démissionner et à fuir, il s’agit bien d’un coup d’Etat. A ne pas confondre avec un putsch militaire.

Morales a pourtant un bilan positif : une pauvreté divisée par deux, l’analphabétisme et les inégalités ont reculé, le PIB a connu une hausse continue.

Mais tout cela ne plait pas, notamment auprès des élites. Et depuis le 10 novembre, la Bolivie est plongée dans un chaos abyssal avec la mise en place, de manière non démocratique et inconstitutionnelle, d’un gouvernement temporaire de droite. La pire. Celle qui brandit la Bible en entrant au Palais présidentiel alors que le pays est devenu officiellement laïc, celle qui a décidé de détruire toutes les références aux racines indigènes, celle qui menace et séquestre les médias et les opposants nationaux et internationaux, celle qui décide de se retirer de tous les accords internationaux n’impliquant pas les Etats-Unis.

On ne peut que dénoncer le silence honteux d’une grande majorité de la communauté internationale. Pourtant, les soutiens à Morales ne cessent de manifester chaque jour un peu plus en Bolivie, notamment les femmes indigènes, au risque de leur vie. La tentation d’une guerre civile ou d’une répression militaire sévère est au bord du précipice.

Il est donc capital de dénoncer fortement le pouvoir autoritaire, classiste et raciste qui est en train de se mettre en place et qui réprime le peuple bolivien. Il faut soutenir la forte mobilisation des Boliviens qui, au risque de leur vie, osent combattre pour leur liberté.


CHILI – C’est la plus grande crise sociale du pays depuis le retour de la démocratie en 1990. Au moins vingt personnes sont mortes depuis le début du mouvement, dont cinq après ‘intervention des forces de l’ordre, et plus de 2 000 ont été blessées, selon des chiffres officiels. Autant l’opposition que les ONG dénoncent la répression policière et militaire qui est exercée, car ce sont notamment 200 personnes qui souffrent de blessures oculaires, principalement causées par des tirs de chevrotines; de caoutchouc ; mais aussi d’autres armes, comme les bombes lacrymogène selon l’Institut national des Droits humains. Ces éborgnés sont devenus un symbole de cette crise chilienne. Le 12 novembre dernier a été organisée une grande manifestation pour dénoncer ces violences, les manifestants se grimant en éborgnés ou se cachant l’œil. Ce geste est devenu viral et symbole de résistance, y compris dans le sport où les athlètes n’hésitent plus à exprimer leur soutien au peuple chilien. Du côté politique, les choses avancent puisqu’un référendum sera organisé en avril 2020 en vue de réviser la Constitution. Reste à savoir si une assemblée constituante sera réunie, les élites estimant cette démarche comme inenvisageable. La mobilisation de tous les secteurs du pays est donc partie pour durer.

Il est ainsi crucial d’apporter un soutien à cette demande d’assemblée constituante.

HONG KONG – Les mobilisations touchent désormais aussi bien les cols blancs qui sortent manifester sur leurs pauses déjeuner, que les radicaux vêtus de noir et dont les
images font le tour du monde. Les affrontements avec les forces de l’ordre se durcissent, notamment entre étudiants et policiers, avec une agilité et une capacité d’action forte. Il est à craindre que cette escalade se poursuive car l’armée chinoise a fait son apparition dans les rues. Or cette présence est fortement symbolique puisque la dénonciation des ingérences chinoises dans les affaires de la région semi-autonome est la racine même des revendications des manifestants. Pire, le président chinois a laissé entendre il y a quelques jours une intervention prochaine politique et/ou militaire forte, affirmant que la mobilisation actuelle menaçait le principe « un pays deux systèmes » qui préside à la rétrocession.

Refusant donc tout dialogue, il est à craindre une montée encore plus forte de la violence à Hong Kong, les tirs à balle réelle ayant déjà commencé depuis le début du mois.

Nous appelons maintenant à une solidarité internationale et à la tenue d’un référendum sur l’intégration, sans avoir peur de la réaction chinoise qui est prise en étau.


ALGERIE – Le Hirak ne faiblit pas. La mobilisation était encore massive vendredi dernier, pour le 39e vendredi consécutif de manifestations. A Alger, mais aussi à Oran, à Constantine et dans plusieurs autres localités, pour s’opposer à la prochaine élection présidentielle destinée selon eux, à régénérer un système dont ils veulent se débarrasser. Le général Gaïd Salah et le haut commandement militaire refusent depuis des mois toute autre voie de sortie de crise qu’une présidentielle et rejettent la mise sur pied d’institutions de transition réclamée par les manifestants. En parallèle, la répression s’intensifie toujours un peu plus avec une centaine d’incarcérations de manifestants, militants et journalistes et des sanctions à la prison ferme pour des manifestants jugés mardi pour avoir porté le drapeau berbère dans la rue.

Alors que la campagne présidentielle a été lancée dimanche, le climat se tend et la
contestation s’affirme. Des panneaux électoraux ont ainsi été recouverts de slogans
hostiles au vote, avant même l’affichage des portraits des candidats.

En tout état de cause l’exigence d’une constituante doit finir par s’imposer!

Pour réagir, suivre les débats ou participer : http://lengagee.fr

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