Cette dernière semaine aura été encore un grand moment de démonstration de la déconnexion de la sphère politique – et en particulier d’Emmanuel Macron et de son plus proche entourage – avec la réalité du pays.
Pendant plusieurs jours, on a joué au suspense sur les motions de censure déposées contre l’adoption du projet de loi sur les retraites par la procédure de l’article 49.3 de la Constitution. Les LR ont joué les timorés en disant ne pas vouloir provoquer une crise de régime en votant une motion de censure alors qu’une partie d’entre eux était prête à voter contre le projet de loi. Il n’en fallait pas plus pour que le Gouvernement dégaine ce syllogisme ahurissant : puisqu’il n’y a pas de majorité pour une motion de censure, il y a une majorité pour la réforme des retraites, qui de facto est adoptée…
Ils auront donc triomphé! Mais de quoi? de leur vanité? des syndicats unis? des Français qui ont compris que le seul projet politique d’Emmanuel Macron était de laisser les riches s’enrichir en faisant travailler les salariés deux ans de plus?
Ils nous ont parlé procédure quand les boulangers, les cheminots, les éboueurs, les infirmières, les enseignants parlaient usure des corps, absence de perspectives…. Avec ce culot indécent d’oser dire sur un plateau TV : « si les éboueurs sont usés, ils n’ont qu’à faire un autre métier ».
Bien sûr, le recours au 49.3 était possible. Bien sûr, il est constitutionnel... mais voilà, il a allumé une mèche qui s’est embrasée à vitesse galopante vers la poudre explosive de la colère sociale rentrée depuis les Gilets jaunes, depuis les sacrifices du COVID, depuis les hausses de prix folles sur les denrées alimentaires élémentaires. Emmanuel Macron et son Gouvernement ont montré qu’ils ignoraient tout de la vie des Français… C’est cet aveu de dernière minute d’Emmanuel Macron justifiant sa réforme par des marchés qui feraient payer à la France la non adoption de la réforme qui donne raison à toute la mobilisation sociale.
Ce qui est en jeu, ce n’est pas la vie des Français, nos vies, c’est la satisfaction gourmande des marchés dont Macron n’est que le petit valet. Ce qui est en jeu, ce n’est pas la souveraineté populaire, l’affirmation du destin du peuple français, mais bien cette soumission passive au marché que nous propose le Président de la République.
Ils sont déconnectés de ce qu’est la vie des Français. Ils n’ont pas compris que la seule chose qu’ils offraient aux Français, ce n’est pas un projet politique pour le pays, mais le mépris d’une caste qui ne gouverne que pour elle-même.