19 mars 2023

Retraites? On ne lâche rien – Edito n°141

Ce second quinquennat commençât avec un programme un peu abscons qui ne désignait qu’un seul adversaire et ne comprenait vraiment qu’une réforme significative : Le report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite. Cette réforme devait tirer sa légitimité de l’élection d’Emmanuel Macron. S’il avait la majorité, alors il pouvait imposer de fait son projet. C’est, du moins, ce que l’on a essayé de nous expliquer depuis maintenant presque un an. Peine perdue.

Ce projet de réforme des retraites n’a cessé de faire grandir, avec le temps, le nombre de réfractaires et d’opposants. L’exécutif avait d’emblée l’ensemble des corps intermédiaires contre lui. Le pourcentage de Français qui les ont rejoints dépasse aujourd’hui les 75%, plus de 90% même chez les actifs.

Pourtant, côté pouvoir, on s’obstine. Une réforme contre les Français, contre les syndicats et aujourd’hui contre la majorité des députés toutes tendances comprises. En imposant le fameux 49.3, l’exécutif, sous l’autorité de son chef, balaie d’un revers de main assez méprisant l’ensemble de la population et de la représentation nationale.

Certains ont dit « fin de partie » et d’autres l’ont relayé un peu rapidement sur certaines chaînes. Rien n’est au contraire fini. Le pouvoir signe là un aveu d’échec assez clair : ni sur le fond, ni sur la forme, le président et son Gouvernement ne seront parvenus à convaincre. En choisissant le « jusqu’au boutisme », ils risquent d’alimenter la colère des syndicats unis contre ce projet, la radicalisation d’une partie de la représentation nationale qui souhaitait aller au vote et exacerber le ressentiment des Français qui avaient, jusque-là, manifesté avec la plus grande dignité !

Le pari du président est sans doute, en faisant le gros dos, de voir échouer les prochaines initiatives politiques ou syndicales. Il pourrait bien le regretter à la prochaine étape : la motion de censure !

Tous les 49.3 d’engagements de la responsabilité du Gouvernement qui ont précédé sous ce quinquennat ont vu des motions de censure antagonistes se faire de la concurrence. Les uns ne voulant pas ou ne pouvant pas, pour des raisons que l’on comprend, voter pour celle-ci lorsqu’on était en face et celle d’en face lorsqu’on était ceux-ci : le pouvoir regardait les résultats d’un œil amusé.

Et puis vint le groupe LIOT … et là c’est une tout autre affaire. Ce groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires dépose une motion de censure transpartisane sur laquelle tout le monde peut se retrouver, à Gauche comme à Droite, et il suffit de quelques voix LR pour faire la bascule.

Disons-le tout net : nous sommes favorables à cette motion. En effet, son vote aurait un double avantage. Il mettrait fin de façon définitive à cette réforme injuste et injustifiée ; Il obligerait le président à redéfinir sa politique en nommant un nouveau Gouvernement.

Si la censure n’est pas votée, alors il faudra imposer un referendum pour permettre à tous les Français de s’exprimer sur cette réforme sans avoir, pour celles et ceux qui ne le peuvent pas, à faire grève.

Pour préparer ce travail de labourage de toute la société pourquoi ne pas commencer par une gigantesque manifestation nationale ?

L’union syndicale, exemplaire jusqu’à ce jour, boostée par la mobilisation et le soutien de la population, va continuer à proposer des rendez-vous réguliers. Nous les invitons à réfléchir à ce large rassemblement parisien un dimanche. Ce serait sans doute une étape décisive.

Non, le 49.3 ne signe pas une fin de partie. C’est même l’inverse : tout commence, et nous nous en réjouissons car, au contraire des Cassandre, nous pensons qu’une société mobilisée pour défendre son modèle social, c’est une société vivante, une société debout face à la fatalité et à la résignation !

Pour résumer, Motion de censure et referendum pour le labourage, mobilisation pour le pâturage sont les deux mamelles de la France qui gagne. Pour les retraites, on ne lâche rien !

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