14 janvier 2023

Pour le retrait de la réforme des retraites! – Edito n°137

On peut aisément qualifier cette réforme annoncée du recul de l’âge légal de la retraite en deux mots : Injuste et injustifiée.

Malgré une mobilisation gouvernementale inédite et absolue sur toutes les ondes ; malgré les éléments de langage sans cesse répétés par tous les ministres y compris la première ; malgré les accords de couloirs avec la droite LR ; une grande majorité de français a bien compris que cette réforme n’était, en fait, fondée que sur un rééquilibrage financier « hypothétique » et pas sur une amélioration ou, au minimum, une préservation du système.

Les faux semblant ne fonctionnent plus ! Les comparaisons faites avec nos voisins européens, en choisissant ceux qui ont des systèmes moins ou pas du tout redistributifs, ou encore ceux qui ont opté pour un âge de départ déjà supérieur au notre, ne valent qui si l’on évalue l’ensemble des systèmes. Et si on le faisait, aucun français ne voudrait échanger avec les systèmes de ces pays là. Des systèmes comparables au notre, il y en a pourtant en Europe : En Suède et en Norvège par exemple. De ceux-là on ne parle jamais et pour cause ; dans ces deux pays, l’âge de la retraite est à 62 ans si l’on remplit la durée d’activité requise, comme en France aujourd’hui.

Injuste ! On a beau essayer, chez ses défenseurs, d’injecter le mot « justice » à toutes les sauces, tous les vrais spécialistes de la question, qu’ils soient historiens, sociologues ou même économistes, démontrent le contraire : cette réforme est la plus injuste de celles, nombreuses, déjà proposées sur le sujet depuis des décennies !

Elle pèsera d’abord sur toutes celles et tous ceux que l’on a applaudi pendant le premier confinement ; ces travailleurs de l’ombre, ces invisibles, ces essentiels que l’on devait revaloriser socialement et qui attendent toujours d’être reconnus. Ils sont nombreux, très nombreux. Ils commencent souvent à travailler avant les autres que ce soit en âge en début de carrière ou chaque matin au service de la communauté. Celles et ceux là, malgré les mesures sur les carrières longues ou la pénibilité – qui ne sont en fait que des retours de suppressions antérieures- travailleront plus longtemps pour que d’autres puissent en profiter. Pas eux. Ils meurent en général avant les autres ceux là !

Elle pèsera ensuite sur l’ensemble des pensions. Celle-ci seront inéluctablement revues à la baisse. Le taux d’emploi des plus de 50 ans ne sera absolument pas réglé et il y aura de fait un allongement des périodes de chômage, une augmentation drastique des personnes tombant dans la précarité et/ou la pauvreté, une augmentation des bénéficiaires du RSA.

En fait l’Etat se décharge d’un déficit surévalué sur les retraites en le reportant sur le chômage dont il a changé les règles ou sur d’autres financements à la charge des départements.

La justification principale, dont on perçoit qu’elle n’est qu’un prétexte, repose donc sur un déficit annoncé pour les prochaines années. Ce déficit varie entre 13 et 30 milliards par an suivant le scénario choisi parmi ceux que le COR (Conseil d’Orientation des Retraites) a développé. On oublie au passage de préciser que le même COR ne considère pas que ce déficit (inférieur à 10% du financement total) soit un drame absolu nécessitant une réforme immédiate. Il ne préconise pas le recul de l’âge non plus. Il considère ce déficit maitrisable par différents moyens. Le pouvoir a fait, dans tous ses choix, celui des pires : le pire déficit, le pire scénario, le pire recul de notre système.

Injustifiée ! Oui, cette réforme, dans l’Etat, est injustifiée. Personne ne dit qu’il n’en faut pas. Que l’on peut vivre sur les déficits ad vitam. Nous aurons donc un déficit sur un certain nombre d’année. Déjà, on en connaît la fin. Elle correspondra à l’extinction de ce que l’on aura appelé les trente glorieuses et sa cohorte de baby-boomers.
 
Après cette période le système se rééquilibrera de lui même. C’est le premier point.

Il faut donc trouver un financement adéquat pour cette période et pour cette période seulement. C’est le second point. Or, on avait déjà anticipé le déficit sous le gouvernement Jospin. On avait alors créé un fond de réserve que l’on évalue aujourd’hui à 40 milliards. Il y a ensuite le remboursement de la dette sociale qui avait fait l’objet, sous le gouvernement Jupé d’une contribution (la CRDS) gérée par un organisme d’état : la CADES (caisse d’amortissement de la dette sociale). Or ce remboursement prendra fin en 2024 et il laissera dans les caisses une somme évaluée entre 16 et 20 milliards. Il y a d’autres possibilités d’actions. Une diminution du sous emploi des séniors de 15 à 20% permettrait de régler le problème du déficit. Une augmentation des salaires de 10% permettrait de régler le problème du déficit et même d’avoir une marge positive. Une augmentation des cotisations chômage de 0,5% permettrait de régler le problème du déficit. Une diminution partielle des aides multiples d’allègement de cotisations permettrait de régler le problème du déficit.

Au final, si cette réforme voyait le jour, les pauvres et les classes moyennes en paieraient un lourd tribut et les riches continueraient de s’enrichir. Qui peut encore trouver cela juste et justifié ?

C’est juste inacceptable !
Au final, si cette réforme voyait le jour, les pauvres et les classes moyennes en paieraient un lourd tribut et les riches continueraient de s’enrichir. Qui peut encore trouver cela juste et justifié ?

C’est juste inacceptable !

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