Par Jérôme Grataloup
Depuis le début des années 2000 toutes les démocraties modernes connaissent un accroissement marqué des inégalités de richesse. L’explosion des flux de capitaux financiers, via l’essor des nouvelles technologies, ont transformé le capitalisme en marché sans règles, sans limites et sans morale.
La crise des subprimes de 2008 a montré au monde entier les désastres de la spéculation effrénée de quelques-uns qui n’ont pour unique but que de s’enrichir sur le dos du reste de la population. Face à cette crise majeure, les états se sont endettés pour sauver le système bancaire et reconstituer les marges des entreprises. Mais depuis quelques temps, force est de constater que, malgré l’intervention de la puissance publique, les richesses continuent d’atterrir dans les mêmes portefeuilles, les riches deviennent de plus en plus riches et les pauvres s’appauvrissent.
Ces dernières années ont été particulièrement difficiles pour les classes moyennes et populaires. Nombres d’états ont augmenté la pression fiscale sur les ménages de façon importante pour continuer d’assurer un certain niveau de service public, tout en limitant l’imposition des entreprises. En France, l’imposition se répartit à 60% sur les ménages et à 40% sur les entreprises. Pour nombre de citoyens français, les taux d’imposition pratiqués sont jugés trop élevés. Les impôts indirects tels que la TVA ou les taxes sur les carburants grèvent leur budget.
La crise des gilets jaune a émergé sur la base d’une contestation, suite à la mise en œuvre d’une augmentation de certains prélèvements obligatoires (taxe sur les carburants, CSG pour les retraités), mais très vite il s’est avéré que cette crise sociale était plus globale et traduisait les limites de l’acceptation du consentement à l’impôt.
Aujourd’hui cette crise des gilets jaunes s’est exportée dans 24 pays et tend encore à s’internationaliser. Les revendications des gilets jaunes dans le monde sont similaires, la justice sociale est leur socle. Les populations constatent la disparition inexorable de la classe moyenne, remplacée par une classe défavorisée qui, malgré son insertion dans le monde du travail et dans la société, souffre et ne parvient plus à vivre décemment.
Ce mouvement global met également en lumière les multiples fractures de nos sociétés modernes à l’échelle mondiale. Fracture sociale, fracture territoriale, fracture démocratique, fracture économique, etc. La disparition de la classe moyenne fait ressurgir la lutte des classes.
Le peuple français a été au niveau mondial le déclencheur de la mobilisation pour la reconnaissance à toutes les femmes et tous les hommes de vivre dans la dignité.
Le capitalisme financier, qui met à mal ce droit fondamental, doit être combattu sans relâche, à l’échelle du globe, et il est de la responsabilité de toutes les gauches, dans tous les pays, de relayer ces mobilisations pour qu’une véritable régulation économique (règles anti-dumping, lutte contre l’évasion fiscale, etc.) soit mise en œuvre.
Jérôme GRATALOUP