Par Julien Dray
On assiste médusés au déplorable décalage qu’il existe aujourd’hui entre les préoccupations sociales et les luttes picrocholines envahissant la sphère politique. A droite comme au centre comme à gauche, chacun cherche d’abord, en ignorant plus ou moins le reste, son chemin électoral en prévision des prochaines élections Européennes.
Le pouvoir en place et son parti de supporters se renforce dans les derniers sondages en gagnant à droite et à l’extrême droite ce qu’il perd à gauche. La droite semble privilégier l’identitaire et voit son électorat se réduire significativement. La gauche n’est plus qu’une multitude de micro-partis dont chacun veut la peau de l’autre.
Tout le monde sait que sans rassemblement à gauche personne n’empêchera le combat annoncé entre le capitalisme financier d’Emmanuel Macron et le nationalisme assumé de Marine Le Pen. Pourtant, enfermés dans leurs officines respectives, chacun cherche la meilleure tactique pour tirer les marrons du feu à son profit : Les verts, aux abois financièrement, souhaitent se refaire une santé à l’occasion d’élections plus favorables que d’autres ; la FI, sur la pente descendante, s’obstine à vouloir faire cavalier seul ; le PC, génération, les radicaux, Place publique…. et le PS sont dans l’incantation d’une unité de façade !
Et pendant ce temps, un mouvement social, inédit depuis la chute du mur de Berlin, se propage en Europe et dans le monde : c’est aujourd’hui dans 24 pays qu’on adopte le Gilet jaune pour s’opposer à un capitalisme qui d’amoral est devenu immoral !
Et pendant ce temps la liste des doléances s’allonge. Cette liste contient les ingrédients d’une recette pour un nouveau projet social, cette liste contient des éléments propices à des réformes institutionnelles, sociales, environnementales et sociétales. Cette liste pourrait former les contours d’un monde plus humain, plus écologique, plus re-distributif, un véritable nouveau monde de progrès à l’opposé de celui dans lequel on voudrait nous contraindre.
La classe politique de gauche lui tourne le dos, l’ignore ou ne la soutient que du bout des lèvres. Attendrait-elle la non-réponse programmée du pouvoir en place, à l’issue du grand débat (On dit aussi le grand débat et les petits écoutent !), pour apporter la sienne ?
Que l’échéance Européenne soit pour Emmanuel Macron une occasion de détourner les esprits pour asseoir son pouvoir, cela semble une évidence. Que la gauche ne parle que de forme en s’enlisant dans des accords d’appareils improbables ne peut être ressenti par la population que comme un nouvel abandon.
C’est donc bien en prenant appuie sur les préoccupations exprimées avec force et détermination par la partie émergée du ras le bol fiscal et social Français : le mouvement des Gilets jaunes, que la gauche devrait apporter des solutions peut-être idéologiques mais surtout des solutions de fond. Parce qu’il ne s’agit pas d’un phénomène uniquement local. On l’a vu avec le plan Hartz en Allemagne, l’arrivée de pouvoirs conservateurs voire réactionnaires sur tout le continent, partout les populations voient leur taux de pauvreté et de précarité exploser.
Si le déclassement des classes moyennes est perçu en France plus fortement qu’ailleurs, c’est que le modèle social jusque là protecteur et redistributif est en train de se fissurer. Mais il l’est déjà dans nombre de pays membres et l’on peut constater qu’il concerne toute l’Europe à l’exception de pays comme le Portugal qui justement a choisi, dans une alliance à gauche, un modèle opposé au système uniquement capitaliste et financier prôné par la commission.
Si nous devons organiser à Gauche un rassemblement, celui-ci doit nécessairement passer par des questions de fond. Il doit passer par des propositions claires simples, compréhensives ; par des réponses alternatives.
Sur la forme c’est une Primaire des idées que nous proposons d’adopter.
Ce ne sont plus des têtes, auxquelles ils ne croient plus, que les électeurs veulent voir ; c’est maintenant et tout de suite, y compris pour l’échéance Européenne, voir l’expression de leurs préoccupations sociales et environnementales se transformer en objectifs de court terme. Pour cela, encore faudrait-il que la gauche s’en préoccupe aussi !
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