1 avril 2020

Vive la gestion sociale de la crise du COVID-19 !

Par Arthur Courty ; Charles Adrianssens ; Paul Montjotin

Nul ne peut nier que des mesures exceptionnelles sont prises par l’ensemble des gouvernements européens afin de faire face aux conséquences sociales du COVID-19.

Souvent présentées comme « uniformes » à l’ensemble des pays européens, un regard plus attentif permet de différencier nettement les solutions mises en place. D’un côté par les pays aux gouvernements ultralibéraux (en particulier la France) qui se refusent à réglementer directement les activités économiques quitte à risquer de fragiliser encore les populations les plus vulnérables, et de l’autre côté les pays socialistes qui n’ont pas peur de réglementer l’économie directement.

Une approche néo-libérale de la crise…

Protéger les entreprises à tout prix. Voilà la meilleure manière pour définir les mesures prises par les gouvernements néo-libéraux Français et Allemands. Cette philosophie se retrouve très concrètement dans les mesures mises en œuvre dans l’urgence : prêts facilités aux entreprises, subventions au chiffre d’affaire… Bref, un paquet de sauvetage nécessaire. Mais qui fait l’impasse sur l’aspect social pourtant central à cette crise. Le soutien au pouvoir d’achat des citoyens se trouvant dans une situation sociale difficile ne doit pas être oublié. Si des mesures telles que le chômage partiel vont dans le bon sens, elles restent guidées par la motivation première de subventionner les trésoreries et non de venir en aide directe aux citoyens, parfois très impactées, et pour longtemps, par la situation.

… face à une approche sociale de la crise

A contrario, les pays socialistes, mènent en plus du soutien aux entreprises, une politique sociale forte afin d’accompagner la partie la plus pauvre de sa population à passer le cap de cette crise. Ainsi les mesures mises en place par ces pays sont très diverses mais guidées un seul impératif : celui de protéger les populations les plus exposées au libéralisme et à la mondialisation (migrants, petits salaires…)

Le gouvernement espagnol a par exemple décidé de garantir l’accès aux biens considérés comme essentiels à sa population en interdisant les coupures d’eau, d’électricité, et des télécommunications. Souhaitant aller plus loin, Pedro Sanchez a annoncé un moratoire sur les mensualités de remboursement des prêts immobiliers pour les personnes en situation de vulnérabilité économique (cette solution a aussi été adoptée par l’Italie). Enfin, le gouvernement ibérique intervient sur le champ concurrentiel en interdisant les licenciements, enjoignant dans le même temps entreprises à recourir au chômage temporaire.

De son côté, le Portugal a décidé de se protéger des effets d’aubaine des grands industriels en bloquant les prix des biens de première nécessité. Cette intervention directe sur les prix nous rappelle que ce qui est perçu comme une donnée intangible de fonctionnement naturel du marché par les libéraux, à savoir les prix, les salaires, peuvent être modifiés par le politique et constituer des variables d’action publique sans mobilisation du levier budgétaire créateur de dette.

Le gouvernement d’Edouard Philippe donc est totalement isolé dans son refus d’apporter une réponse publique à la crise sociale. Et à y regarder de plus près encore, même les pays les plus libéraux et/ou à droite d’Europe ont pris des mesures d’urgence sociale élémentaires auxquelles Edouard Philippe s’est refusé, tels que le report des loyers des particuliers jusqu’en juillet en Allemagne ou la revalorisation des droits au chômage au Royaume-Uni. C’est aussi déjà une manière de préparer le redémarrage de l’économie post-crise sanitaire.

Pendant que la France se contente d’allonger de deux mois la trêve hivernale ou demande aux entreprises de ne pas licencier (sans aucune coercition), d’autres pays utilisent la puissance publique pour agir.

En ce sens, cette crise nous oblige à sortir de l’impuissance publique à laquelle les Etats ainsi que l’Union Européenne nous ont habitués et de revenir à l’essence de la social-démocratie :

opposer une volonté politique aux forces du marché!

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