9 mai 2020

« Pour la création de banques publiques régionales»

Par Arthur Courty ; Charles Adrianssens ; Paul Montjotin


Face à la crise causée par le COVID 19 jamais les entreprises n’ont eu autant besoin de liquidités immédiates, à court de trésorerie, ces dernières doivent donc faire appel au financement bancaire qui après des années de remise en cause redevient aujourd’hui central. Pourtant, la structure même du marché bancaire Français empêche de ce faire.

Les banques Françaises ne remplissent pas correctement leur rôle de financeurs de l’économie.

En effet, le passage d’une économie de la production et territorialisé à une économie de marché globalisé dans les années 80/90 a conduit les grandes banques à revoir leurs critères d’investissements pour privilégier la rentabilité financière à l’impact économique (environnemental et social) réel de leurs investissements.

Une des conséquences de cette financiarisation est la dissociation des espaces de collecte de l’épargne et des espaces d’investissement. Cela a eu de fortes conséquences sur la construction des territoires car le capital capté est réinvesti depuis les places financières situées au sein des « global cities » vers les entreprises cotées – qui ont tendance à se regrouper à proximité de ces endroits — et non pas vers les régions caractérisées par un tissu de PME plus ou moins dense. Cette structure bancaire vient donc fragiliser les entreprises de notre territoire.

Un autre modèle bancaire est possible

Pourtant, un autre modèle est possible, jusqu’au milieu du XXème siècle, les banques locales dominaient le marché de financement Français : celles-ci collectaient l’épargne des individus sur un territoire donné, pour ensuite la redistribuer au sein de ce même territoire. En intégrant des critères sociaux ou territoriaux, le capitalisme local prenait alors en compte des critères autres que le seul rendement. Mais cette finance responsable a été déstabilisée par la désintermédiation, la déréglementation et la dérégulation (les « 3D »).

Les banques publiques jouent le rôle de banquier principal pour environ 44 % des entreprises allemandes.

A la différence de la France, l’Allemagne a su préserver son tissu de banques régionales et c’est ce qui explique en partie la résistance de son économie de TPE/PME vivace.

Cette proximité entre banques et entreprises se nomme les « banques maison ». Système quasi universel, seules 4,8% des entreprises n’ont pas de banque maison”. Pour les petites entreprises, dans la plupart des cas, la banque-maison est la caisse d’épargne locale ou régionale – Sparkasse ou Landesbank, ou encore une banque coopérative. Aussi, les banques publiques jouent le rôle de banquier principal pour environ 44 % des entreprises allemandes.

Autre effet positif de cette méthode de décentralisation bancaire publique : le système allemand est moins exposé aux variations de la finance mondiale, ainsi des 30 banques présentant un risque « systémique » 3 sont françaises : la BNP, la BPCE et la Société Générale alors que seule 1 est allemande : La Deutsche Bank.

C’est pourquoi aujourd’hui il est plus qu’urgent pour la France de créer un système bancaire public décentralisé permettant de financer les entreprises qui font la richesse économique de notre territoire.

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1 Comment

  • Bonjour, vous dites « un autre modèle est possible, jusqu’au milieu du XXème siècle, les banques locales dominaient le marché de financement Français : celles-ci collectaient l’épargne des individus sur un territoire donné, pour ensuite la redistribuer au sein de ce même territoire »et vous prenez à model les banques allemandes. Mais l’Allemagne est une confédération de régions; politiquement et administrativement ne fonctionne pas comme la France! Depuis toujours, qui décide? Ceux qui gèrent territoire et argent! Alors c’est simple; EN CE MOMENT, la priorité est que la gestion de territoire et argent revienne aux états nations gérant chacun sa monnaie mais qui peuvent se fédérer et échanger avec le reste du monde avec l’euro. Ce n’est même plus question de gauche ou droite, mais une question de « champ de jeu »: pour jouer à certains jeux , il faut un petit territoire, pour jouer à d’autres jeux, il faut un plus grand territoire…les enfants le savent très bien…

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