12 octobre 2020

« Faisons de la 5G un bien commun »

Par Arthur Courty ; Charles Adrianssens ; Paul Montjotin


Au lendemain de l’attribution des fréquences 5G, ce qui devrait rapporter à l’Etat au moins 2,65 milliards d’Euros, il convient de sortir du débat instrumentalisé opposant d’un côté une 5G confisquée par ceux qui soutiennent de manière aveugle la marche du progrès technologique et ceux qui y sont fermés. Nous ne résignons pas à faire de cette technologie un bien commun accessible au plus grand nombre.

La 5G, un enjeu à la croisée de l’écologie, du progrès, de la souveraineté et de la démocratie


Souvent réduite à son usage domestique, la 5G est d’abord et avant tout une technologie de pointe, présentant certes une valeur ajoutée limitée pour le citoyen mais offrant de vraies possibilités de progrès dans bon nombre de secteurs. Aussi, grâce à la souplesse offerte par le très haut débit, la 5G permettra d’améliorer le travail dans nos usines, de limiter les travaux pénibles et même permettre à des opérations médicales de se dérouler à distance dans les zones les plus reculées.

En cela la 5G représente une opportunité indéniable dans les usages et une vision du progrès positive, c’est donc une opportunité pour la France de réarmer son industrie, ce faisant, limiter le besoin en importation et donc in fine les échanges polluants.

En outre, si la 5G s’accompagne de la création d’un marché intérieur souverain et protégé, cela favoriserait l’émergence de champions français ou européens de cette technologie permettant ainsi de nous sauvegarder contre la mainmise chinoise (Huawei) de cette technologie. Monopole problématique lorsqu’on a conscience des enjeux géopolitiques sous-jacents.

Enfin, les incertitudes sur les conséquences environnementales (impact énergétique, santé…) de la 5g doivent être prises en compte. Gageons que le moratoire n’est pas une réponse suffisante face à l’importance à de ces enjeux. Il nous faut plutôt mettre en place une consultation citoyenne permettant le cas échéant, un retour en arrière.

Pour toutes ces raisons la 5G ne doit pas être réduite à un gadget, cependant, le débat pose de nombreuses questions essentielles à la gauche.

La puissance publique doit inscrire la 5G dans un horizon du commun

Derrière le débat autour de la 5G se cache un débat plus essentiel encore qu’est celui du progrès. Le progrès technologique est-il le progrès de l’humanité ? Cette question philosophique ne peut avoir de réponse définitive et précipitée, c’est pourquoi le politique doit disposer d’une approche intelligente et pragmatique avec les leviers qui lui sont propres pour faire concilier les deux. Autrement dit, comment mettre en place une 5G régulée bénéficiant à ceux qui en ont vraiment besoin.

Pour cela acceptons que la technologie ne soit pas l’usage, et si cette dernière permet le pire elle permet aussi le meilleur. Or, croire au progrès c’est croire que la mise en place d’une 5G permettant d’opérer à distance sauvera des vies et rendra notre futur meilleur. De plus, pour beaucoup d’entre nous la technologie est aussi une nécessité vitale et le rôle de la gauche n’est de la freiner mais de faire en sorte qu’elle profite au plus grand nombre et pas juste à une minorité. Par exemple, nous savons que les zones blanches sont un problème majeur en matière d’aménagement du territoire, en effet, le modèle urbain structuré autour de la concentration des capitaux est polluant et dense. Il est à l’image d’un monde à bout de souffle et il convient de développer des alternatives à ce dernier.

Pour cela il faut offrir à tous la possibilité de mener à bien une vie en dehors des grandes métropoles, ce faire c’est permettre le télétravail, un réseau hospitalier efficace, une mobilité de proximité retrouvée… et la 5G le permet. Alors déplaçons le débat public et demandons à ce qu’il soit fait usage de ces 2 milliards et demi d’euros pour développer la technologie dans les territoires qui en ont le plus besoin.

En parallèle de cela les vrais pollueurs du net sont les plateformes des géants du numérique, par exemple YouTube à lui seul rejette autant de CO2 qu’une ville comme Francfort. Et si le débat autour de la consommation énergétique de la 5G n’est pas encore tranché, le passage à cette nouvelle technologie doit aller de pair à une sensibilisation du public à la pollution du web qui est issue principalement des grandes plateformes numériques, notamment de streaming vidéo.

Le politique doit donc avoir le courage de réguler les usages de la 5G pour en faire un bien commun au service de tous et du meilleur.

Conclusion

Pour conclure, le débat autour de la 5G doit être raisonné et avant tout au service du citoyen. La technologie n’est pas mauvaise en soit, ce sont les usages qui peuvent l’être. C’est pourquoi lançons-nous dans cette technologie, dans un débat renouvelé et posé. Pour cela, il faut adopter des outils de régulation et d’éducation efficaces, limitons les zones blanches et surtout laissons la possibilité de revenir en arrière.

La 5G doit s’installer de manière transparente et être à l’écoute du citoyen et des usagers avec une véritable concertation de tous les instants.

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