L’élection d’Emmanuel Macron « aurait » redonné sens au projet Européen et espoir aux technocrates de Bruxelles. Dans le discours on sent en effet une volonté d’être partie prenante d’un avenir commun.
Mais de quelle Europe parle-t-on ? et de quel avenir pour les Européens ?
Une Europe qui se suffirait d’avoir un marché intérieur fécond et d’être une structure économique ayant atteint la « taille critique » pour affronter, sereinement, la mondialisation ?
Une Europe qui s’autoriserait quelques règles communes sans chercher à rapprocher les peuples, sans les associer tout à fait ?
Une Europe de la concurrence libre et non faussée qui submergerait les modèles sociaux, la protection des plus faibles, les vocations solidaires, humanitaires ?
On le voit…. Sans autre perspective cette Europe là n’atteint qu’un but non recherché : la défiance de plus en plus importante des citoyens Européens. Cette Europe là se transforme petit à petit en une addition de replis nationalistes, identitaires, populistes…
Et c’est à l’occasion de l’élection italienne, un des pays fondateurs, un des acteurs historiques de la construction Européenne, que l’on prend conscience de l’ampleur des dégâts. Madame Merkel l’a compris à sa façon. On ne peut pas dire que la chancelière ne soit pas une européenne convaincue. On ne peut pas dire que les Allemands ne le soient pas non plus.
Mais sa lecture, à la fois politique et idéologique, l’amène à vouloir sauver, non pas l’Europe, mais la doxa ordo-libérale de son parti de droite : la CDU.
Son objectif réel, en faisant mine d’accorder au président français quelques bons points, est de conserver et même d’étendre l’influence de son pays dans la région et ceci avec l’aide de la sociale démocratie germanique, le SPD qui, en acceptant une participation gouvernementale assume aussi ses choix!
C’est d’ailleurs une leçon de pouvoir que devrait retenir l’ensemble des socialistes où qu’ils se trouvent.
Entre les nationalistes, populistes, identitaires anti-européens et les technocrates libéro-financiers, il n’y aurait pas un espace politique énorme pour la gauche et les Européens ?
Si la Sociale Démocratie s’autorisait enfin à proposer un projet, par et pour les Européens, un projet ou le social et la démocratie prendraient justement le pas sur le compromis avec les libéraux, alors, peut-être, l’Europe pourrait devenir un territoire solidaire, protégé, écologique, bien plus étendu que celui dans lequel on la contraint aujourd’hui.
Dépasser le triangle des pouvoirs, celui de la technocratie, celui d’un parlement lointain, dépasser ce triangle des Bermudes dans lequel se perdent les Européens entre Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg…
… Cesser tout compromis avec les ordo-libéraux, sortir d’une logique d’abandon des valeurs, voilà un chemin que serait bien inspiré de prendre le PSE et tous les partis socialistes européens au premier rang desquels, le parti socialiste Français.