Par Julien Dray
La crise Européenne est, depuis une décennie, de plus en plus préoccupante. Les causes sont diverses. La crise économique, l’élargissement peut-être trop rapide, l’arrivée de députés europhobes en plus grand nombre, la remise en cause de traités sont des raisons qui apparaissent comme les principaux motifs de la méfiance grandissante des peuples à l’égard de l’union.
Au delà de ces raisons factuelles il en est cependant d’autres auxquelles le simple rappel d’une garantie de paix, que personne ne peut contester, ne suffit plus à légitimer l’Europe.
Si la recherche de cette paix durable a été, pour le bonheur des peuples de ce continent, un des actes fondateurs des pères de l’Europe, elle s’est accompagnée d’accords initiaux basés sur le commerce. Dans le contexte de l’époque, le besoin de reconstruction et de matières premières, le projet était pertinent. On oublie cependant qu’il était bien plus ambitieux que de simples accords sur le charbon et l’acier.
Jean Monnet le rappellera des années plus tard. Le projet initial contenait d’autres volets de coopération et principalement un que l’on semblait avoir oublié : l’harmonisation sociale.
L’eau a coulé sous les ponts des fleuves qui traversent nos pays. L’Europe a avancé, elle s’est agrandie, elle a agi, beaucoup, pour l’écologie, pour l’agriculture, elle a créé des outils bancaires, elle a facilité la circulation des biens et des personnes, une monnaie unique…
L’échec du grand plan d’investissement lancé par Jacques Delors marque la fin d’un accord gagnant entre les pays membres. Ce sont les tenanciers de l’ordo libéralisme, à la CDU en Allemagne, qui vont alors en tirer profit jusqu’à aujourd’hui…
L’Europe s’est ainsi progressivement éloignée des peuples en favorisant des politiques toujours plus libérales, en ne plaçant à la tête de la commission, après Jacques Delors, que des adeptes de la seule économie financière comme moteur.
Où en sommes-nous aujourd’hui ? Une majorité de droite à la commission et au parlement, une majorité de droite aux gouvernements des pays membres mais surtout une montée significative et inquiétante des populismes.
Elections après élections la situation empire. Nous n’avons plus un affrontement entre la gauche réformatrice Européenne et la droite conservatrice mais entre l’Europhorie et l’Europhobie, entre le libéralisme financier dont Emmanuel Macron voudrait être le fer de lance et le protectionnisme assumé de tous les populistes ; de gauche comme de droite.
Angela Merkel, qui a sans doute senti le danger venir à la suite de l’élection italienne, feint de vouloir accorder quelques qualités aux propositions d’Emmanuel Macron ; des propositions qui, on l’a vu en France, visent pourtant à renforcer l’existant idéologique et la pensée libérale économique. En fait l’objectif de la chancelière semble bien de poursuivre son emprise toujours plus grande dans toute l’union ; la proposition de créer un FME en snobant le plan de 70 milliards du président Français devrait alerter sur ses réelles intentions. De l’autre côté, on se prend à rêver du retour aux anciennes monnaies, du retour aux anciennes frontières, du retour des immigrés…chez eux ! le nationalisme, que le projet européen devait faire disparaître réapparait et infecte tout le continent.
Si le seul choix des populations se trouve entre ces deux propositions, il y a fort à parier que les seconds finiront par l’emporter et ç’en sera fini du projet Européen tel que l’avaient conçu et espéré les pères fondateurs.
Ne pas voir cette réalité est à la fois dangereux pour l’avenir de l’union et criminel face aux conséquences, sur tous les plans, que cela pourrait entraîner.
Il n’y a donc pas d’autre solution pour la gauche Européenne : sortir de l’atonie et proposer, enfin, un projet innovant, progressiste, humaniste, qui réconciliera les peuples avec l’union.
Parlons d’Européens, parlons aux Européens, avant de parler d’Europe !
La vraie alternative se situe dans un ailleurs qu’aucune des deux parties existantes n’a exploré et n’a envie d’explorer. Elle est dans cette harmonie retrouvée qui permettra à chacun, où qu’il soit, d’être fier, d’être Européen. Une harmonie qui ne se réduit ni au commerce, ni à l’économie, ni à la finance, mais s’étend à des sujets, qui, aujourd’hui, divisent les pays et les peuples, dont l’harmonisation fiscale, l’harmonisation sociale, l’harmonisation écologique ; la recherche d’une identité Européenne qui ne se ferme pas mais qui s’ouvre au monde.
Commençons par un objectif clair, simple, compréhensible par tous les citoyens. L’avenir des Européens, c’est d’abord l’avenir de sa jeunesse.
La mise en place d’une dotation universelle, accordée à chaque jeune Européen de 18 ans et financée par les multinationales du numérique, représenterait la première grande conquête sociale. Elle permettrait de remobiliser les peuples, d’ouvrir de nouvelles perspectives, de donner du sens à une appartenance, à un engagement en responsabilisant chacun.
Nous sommes européens et nous n’en avons pas honte ! Nous sommes européens et nous voulons le rester ! Nous sommes Européens et nous voulons aussi, et surtout, proposer un cours nouveau pour l’Europe et les Européens !
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