18 mai 2024

Une dotation universelle de 50000€ pour chaque jeune européen

 
  • « Comme si tout grand progrès de l’humanité n’était pas dû à l’utopie réalisée ! Comme si la
    réalité de demain ne devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui.» A.Gide
    La nature du capitalisme est aujourd’hui financiarisée et internationalisée. Notre système de
    production est poussé par quelques grandes entreprises qui ont à leur disposition le pétrole du
    XXIe siècle : nos données personnelles. Nous vivons dans un capitalisme de surveillance dont
    les têtes premières sont les grosses multinationales du numérique : les GAFAM. Google,
    Amazon, Facebook, Apple et Microsoft prospèrent parce que des millions d’utilisateurs
    profitent de leurs services. Ces services deviennent de plus en plus indispensables et semblent
    être d’intérêt général, comme l’a montré le confinement.
    L’usage de ces données confère aux GAFAM une matière première qui est d’un ordre
    nouveau et sensible puisqu’il s’agit d’informations personnelles. Ces entreprises doivent
    participer à un effort international et par conséquent se soumettre à des règles qu’elles
    essayent régulièrement de transgresser.
    Ce sont les plus jeunes qui utilisent le plus ces services. Nous sommes les premiers à
    utiliser ces services et nous n’avons pas vraiment de retour sur investissement alors que nos
    données sont collectées massivement. Cette perte d’autonomie liée à l’utilisation des services
    numériques du fait de notre non-maîtrise des données récupérées doit être compensée. Par
    ailleurs, les profits faramineux des GAFAM doivent revenir en partie à la société.
    Permettre l’autonomie à 18 ans de chaque nouveau citoyen de l’Union serait une
    avancée sociale révolutionnaire, tant sur le plan financier qu’éthique. L’idée d’une dotation
    universelle comme droit à l’autonomie dès la majorité atteinte ouvre de nouveaux horizons et
    participe à la réduction des inégalités.
    Nous proposons le versement pour toutes et tous de 50 000 euros à l’âge de 18 ans.
    Cela serait financé par une taxe européenne sur les profits des multinationales du numérique,
    les GAFAM. Les entreprises usant des données personnelles et ce faisant attaquant l’intégrité
    de toutes et tous participeront donc au financement d’une mesure d’émancipation de la
    jeunesse.
    Il n’y a pas qu’une jeunesse, et nous insistons là-dessus. Il y a plusieurs jeunesses,
    certaines privilégiées, d’autres défavorisées. Cette mesure doit être accordée à toutes et tous
    pour donner les moyens à chacune et chacun de pouvoir financer librement ses études sans
    contrainte. Cette somme facilitera l’acquisition d’un logement, le paiement de moyens de
    transport, le financement d’activités de loisirs…Elle pourra servir aussi de moyen de soutien
    d’un projet. Toute bonne idée nécessite financement et le récit du « self made men » occulte
    trop souvent les capacités financières de celles et ceux qui ont réussi sur une idée. Avec la
    dotation, la capacité de réussite de toutes et tous est facilitée.
    La dotation universelle est aussi une mesure féministe. En effet, il existe de plus en
    plus de familles monoparentales. Lorsqu’une mère seule a un ou plusieurs enfants, elle doit
    souvent se sacrifier pour participer à la réussite de ses enfants. Cela n’empêche pas qu’il y ait
    parfois dans la fratrie, par manque de moyens financiers, précisément, un frère ou une sœur
    qui passe à la trappe. Les 50 000 euros permettrons d’une part à la mère seule de ne plus se
    préoccuper de problèmes financiers affectant la réussite sociale de ses enfants et d’autre part
    de la libérer elle-même de sa condition de mère : elle n’aura plus à se sacrifier, elle, pour
    autrui. La dotation est une libération.
    Par analogie, nous pouvons prendre l’exemple de la canne à pêche : c’est une canne à
  • pêche donnée à tout le monde qui peut être correctement utilisée ou non. Nous préférons
    donner la canne à pêche plutôt que de livrer les poissons directement. Nous croyons en la
    capacité des jeunes et nous n’infantilisons pas nos semblables. Cette libération est aussi une
    révolution d’accès aux services pour les plus défavorisés. L’étudiant en médecine qui réussit
    parce qu’il suit des cours particuliers après le cours magistral financés par papa et maman ne
    sera plus le seul à pouvoir y prétendre. La fille d’employés ou d’ouvriers qui souhaite faire
    médecine pourra elle aussi accéder à un soutien particulier qu’elle ne pouvait alors
    qu’imaginer à cause de la barrière pécuniaire.
    Bien sûr, certains seront avantagés parce que les inégalités familiales existeront
    toujours et le placement de l’argent ou son utilisation pourra être influencée par le parent qui
    connait bien le système financier ou qui dispose du réseau relationnel adéquat, mais si le
    jeune travailleur intellectuel ou manuel de 18 ans le souhaite, il pourra prendre pleinement son
    autonomie.
    C’est un choc de confiance qui est proposé ici. L’Union Européenne en a besoin.
    Certaines et certains utiliseront peut-être cet argent pour financer un tour du monde
    écoresponsable ou des voyages, mais cela les regarde. Toute expérience permise à cet âge
    construit l’individu et le forme. Ayons un peu de rêve, d’utopie ! « Comme si tout grand
    progrès de l’humanité n’était pas dû à l’utopie réalisée ! Comme si la réalité de demain ne
    devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui.» écrivait André Gide.
    Cette dotation s’inscrit dans un pacte nouveau avec le citoyen de demain. En effet, en
    échange de cette dotation le jeune devra entre ses 18 et 25 ans effectuer un service civique
    européen de 6 mois qui peuvent être continus ou non au sein d’une association ou d’une
    collectivité. La société vous donne, vous donnez à la société de votre temps pour participer à
    la vie locale et donc à la création du lien social. Cet engagement servira probablement pour
    conscientiser les esprits et les inviter à s’engager davantage dans la vie de la cité. Pour
    construire une société nouvelle, il faut des idées nouvelles.

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