« Comme si tout grand progrès de l’humanité n’était pas dû à l’utopie réalisée ! Comme si la
réalité de demain ne devait pas être faite de l’utopie d’hier et d’aujourd’hui.» A.Gide
La nature du capitalisme est aujourd’hui financiarisée et internationalisée. Notre système de
production est poussé par quelques grandes entreprises qui ont à leur disposition le pétrole du
XXIe siècle : nos données personnelles. Nous vivons dans un capitalisme de surveillance dont
les têtes premières sont les grosses multinationales du numérique : les GAFAM. Google,
Amazon, Facebook, Apple et Microsoft prospèrent parce que des millions d’utilisateurs
profitent de leurs services. Ces services deviennent de plus en plus indispensables et semblent
être d’intérêt général, comme l’a montré le confinement.
L’usage de ces données confère aux GAFAM une matière première qui est d’un ordre
nouveau et sensible puisqu’il s’agit d’informations personnelles. Ces entreprises doivent
participer à un effort international et par conséquent se soumettre à des règles qu’elles
essayent régulièrement de transgresser.
Ce sont les plus jeunes qui utilisent le plus ces services. Nous sommes les premiers à
utiliser ces services et nous n’avons pas vraiment de retour sur investissement alors que nos
données sont collectées massivement. Cette perte d’autonomie liée à l’utilisation des services
numériques du fait de notre non-maîtrise des données récupérées doit être compensée. Par
ailleurs, les profits faramineux des GAFAM doivent revenir en partie à la société.
Permettre l’autonomie à 18 ans de chaque nouveau citoyen de l’Union serait une
avancée sociale révolutionnaire, tant sur le plan financier qu’éthique. L’idée d’une dotation
universelle comme droit à l’autonomie dès la majorité atteinte ouvre de nouveaux horizons et
participe à la réduction des inégalités.
Nous proposons le versement pour toutes et tous de 50 000 euros à l’âge de 18 ans.
Cela serait financé par une taxe européenne sur les profits des multinationales du numérique,
les GAFAM. Les entreprises usant des données personnelles et ce faisant attaquant l’intégrité
de toutes et tous participeront donc au financement d’une mesure d’émancipation de la
jeunesse.
Il n’y a pas qu’une jeunesse, et nous insistons là-dessus. Il y a plusieurs jeunesses,
certaines privilégiées, d’autres défavorisées. Cette mesure doit être accordée à toutes et tous
pour donner les moyens à chacune et chacun de pouvoir financer librement ses études sans
contrainte. Cette somme facilitera l’acquisition d’un logement, le paiement de moyens de
transport, le financement d’activités de loisirs…Elle pourra servir aussi de moyen de soutien
d’un projet. Toute bonne idée nécessite financement et le récit du « self made men » occulte
trop souvent les capacités financières de celles et ceux qui ont réussi sur une idée. Avec la
dotation, la capacité de réussite de toutes et tous est facilitée.
La dotation universelle est aussi une mesure féministe. En effet, il existe de plus en
plus de familles monoparentales. Lorsqu’une mère seule a un ou plusieurs enfants, elle doit
souvent se sacrifier pour participer à la réussite de ses enfants. Cela n’empêche pas qu’il y ait
parfois dans la fratrie, par manque de moyens financiers, précisément, un frère ou une sœur
qui passe à la trappe. Les 50 000 euros permettrons d’une part à la mère seule de ne plus se
préoccuper de problèmes financiers affectant la réussite sociale de ses enfants et d’autre part
de la libérer elle-même de sa condition de mère : elle n’aura plus à se sacrifier, elle, pour
autrui. La dotation est une libération.
Par analogie, nous pouvons prendre l’exemple de la canne à pêche : c’est une canne à