3 octobre 2023

L’avenir de l’Europe ? La Méditerranée

Nous le constatons toutes et tous, le fonctionnement de l’Union européenne aboutit souvent à des conflits d’intérêts nationaux et géopolitiques. C’est sans doute qu’à plus de trente pays il y a, aujourd’hui, plusieurs « Europes » : l’Europe du Nord, l’Europe de l’Est, l’Europe du Sud. L’Union européenne avance ainsi, essayant d’avoir des positions communes qui, même lorsqu’elles sont majoritaires, sont difficiles à mettre en œuvre. Beaucoup de décisions se perdent dans les méandres politico-temporels.

Il en est ainsi du processus de Barcelone qui en 1995 propose un partenariat euro-méditerranéen (PEM). Ce projet ambitieux se heurte d’abord au scepticisme des pays du nord de l’Europe. La crise économique des années 2000 a réduit sa capacité financière et, malgré une tentative de relance en 2008 appelée Union pour la Méditerranée, ses marges de manœuvres sont encore réduites. Il faut le dire, aujourd’hui, ce processus, malgré des avancées significatives mais pratiquement invisibles du commun des mortels, est en panne et si certains pays membres de l’UE s’en satisfont, ce n’est pas une bonne nouvelle pour le projet européen.

Tout ambitieux qu’il fut dans son concept, Le PEM, qui répond à « l’impérieuse nécessité » d’associer les pays du Sud de la Méditerranée à la construction européenne, est à l’origine limité à des aspects de coopérations. Il couvre principalement trois volets : coopération politique et de sécurité, coopération économique et financière, coopération culturelle et sociale. L’objectif final étant de créer une « zone de prospérité partagée ».

Il comporte donc des fragilités et des insuffisances : excluant de son champ deux dossiers majeurs que sont l’agriculture et les flux de population, il institue un « échange inégal » non contraignant et est, en conséquence, d’une efficacité limitée.

Ce processus aurait pu contribuer à infléchir le cours des évolutions politico–militaires, économiques, sociales et environnementales de la Méditerranée. Le scénario idéal du partenariat consistant à enclencher une dynamique vertueuse, l’ouverture commerciale appelant des réformes institutionnelles d’accompagnement bénéfiques au développement global. Mais les derniers rapports sur le développement du monde arabe témoignent du peu de progrès de la région. Sur le plan économique, l’aide européenne n’a pas permis le décollage attendu : les revenus par tête au sud et au nord de la Méditerranée ont continué à diverger au lieu de se rapprocher. Sur le plan politique, les perspectives de paix au Proche-Orient ont été déçues et la démocratie n’a pas connu les avancées espérées. Est-ce parce que d’autres partenaires ont davantage intéressé les pays du Sud méditerranéen ?

Depuis sa création, le monde a connu des évolutions qui n’ont pas contribué à faciliter un projet euroméditerranéen. Mais cela n’est-il pas d’abord dû à la lenteur du processus décisionnel au sein de l’Union ? à la mainmise trop prégnante de la Commission sur un sujet que le Parlement européen devrait s’approprier davantage ?

Toujours est-il qu’à l’occasion des élections européennes de 2024, le sujet devrait s’imposer dans tous les programmes. En effet, la question réelle, pour la pérennité d’un projet de paix initié après 1945, n’est pas « faut-il plus ou moins ou pas d’Europe ? » mais « quelle Europe » ? L’Union à laquelle nous aspirons passe nécessairement par un traité euro-méditerranéen alliant la coopération à un processus de démocratisation qui aujourd’hui, même si comme le disait Churchill « c’est le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres » est un vecteur de paix lorsqu’il est partagé.

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