17 mai 2020

L’autoritarisme au tournant ? soyons vigilants !

Par Marianne de Chambrun


Après 8 semaines de confinement où nous avons mis de côté notre liberté de mouvement, au nom de la lutte contre la propagation du Covid-19, notre démocratie peu à peu prend une tournure inquiétante. Car en effet toutes les excuses sont bonnes pour grignoter chaque jour un peu plus nos libertés individuelles et collectives.

Cette dérive, on la sentait poindre. Désemparé devant un mouvement populaire puissant et persistant, le gouvernement tentait déjà de limiter nos libertés de manifester et de nous exprimer pour mettre fin à ce qu’il qualifiait de regroupement de « factieux » de « haineux », le mouvement des gilets jaunes.

L’arrivée du Coronavirus offre une opportunité fantastique à ce gouvernement pour resserrer la vis et donner plus de place à un pouvoir répressif. Cela commence par des attestations de sorties, en veux-tu en voilà ! Avec des verbalisations abusives à la clé, on pense à cette femme verbalisée car les serviettes hygiéniques ne seraient pas de première nécessité, une autre car un dépôt de plainte ou de main courante n’est pas un motif valable de déplacement, nombreux sont les exemples.

Le confinement se lève peu à peu mais non son arsenal répressif. Pas de déplacement de plus de 100km sans attestation, pas de transport en commun en heure de pointe sans attestation, mise en place de caméra de surveillance pour vérifier les non masqués dans les transports… Des villes, au nom du suivi du port du masque dans l’espace public s’équipent de caméras surveillances.

Qui peut croire que ces outils demain ne serviront qu’à vérifier nos équipements faciaux ? Quelle ironie aussi de penser qu’il y a quelques mois on faisait passer une loi nous interdisant de nous masquer aux abords de manifestations… Que nous obligera-t ’on demain ? De nous masquer de transparent ?

Liberté de mouvement en danger certes mais surtout liberté d’expression. Les députés LREM votent comme un seul homme, cette semaine une loi extrêmement préoccupante pour notre liberté d’expression. Les plateformes devront supprimer sous 24h les propos dit « haineux » au risque de devoir s’acquitter de très lourdes amendes. Le délai est excessivement court, la définition de « haineux » excessivement large. Pour éviter l’amende et dans une logique de minimisation des risques les plateformes mettront en place des algorithmes supprimant, sans possibilité de recours, des éléments parmi lesquels certains n’auront rien de « haineux » ou « scandaleux ». Et nous avons de quoi nous inquiéter de la sémantique ! Lorsque l’on voit que le gouvernement à traité de factieux ou de haineux toutes personnes qui a pu manifester auprès des gilets jaunes durant les derniers mois, il y a de quoi s’inquiéter sur les critères !

Avant cela, ils ont essayé mais heureusement ont dû reculer, de mettre en place un organe de vérification des informations pour que l’Etat puisse certifier selon lui une information juste. Si cet organe avait existé début mars, nous aurait-il mis en avant des articles prouvant par A + B que le port du masque était inutile ? S’il avait été mis en place en février, nous aurait-il donner la preuve que le Covid-19, à l’instar du nuage de Tchernobyl, ne viendrait pas chez nous ?

Et pour bien commencer leur tentative de propagande, ils commencent tôt. En effet, un document produit par le Ministère de l’éducation nationale et à destination des enseignants de maternelles et de primaires (seules classes à ouvrir à date) leur demande de reprendre les enfants tenant des « propos manifestement inacceptables », entendre ici des propos mettant en cause le gouvernement et sa gestion de la crise. La circulaire précise que « les parents seront alertés et reçus par l’enseignant »… convocation, donc, pour les parents d’enfants qui pourraient réfléchir et se poser des questions. Certes il s’agit là d’un document et non d’une circulaire, certes cela n’a qu’une valeur indicative, mais quel indice cela nous donne-t’il sur la mentalité et les désirs des gens qui nous gouvernent.

Ce gouvernement, enfin, a fait le choix de traiter ces citoyens comme 67 millions d’enfants. Emmanuel Macron ne disait-il pas, lors du Grand Débat et devant un parterre d’élu d’Outre mer« Non, les enfants ! […] Non-non, ça marche pas comme ça ! ». Sortie révélatrice de l’image que ce Président se fait des élus de la République et donc par là même des citoyens. Ce gouvernement nous voit comme des enfants, qu’il faudrait guider, qui ne peuvent penser par eux-même, qui se laissent duper facilement et pire encore qui parfois refusent d’obéir. A mon sens, ce n’est même pas la définition d’un enfant mais peut-être plus celle d’un mouton.

Depuis plusieurs semaines, à longueur d’interventions officielles le gouvernement répète les menaces de punition et des félicitations pour de prétendu bons comportements. Il distribue les bons points, il menace du piquet. « Si vous sortez, vous ne serez pas déconfinez », il va même jusqu’à mettre en pratique ces menaces « Ah vous êtes allés boire sur les quais ? et bien ils seront dorénavant fermés ». Faisant ainsi fi d’une situation excessivement complexe dans l’une des villes les plus denses au monde, où les appartements sont particulièrement petits et les espaces verts extrêmement rares quand ils ne sont pas fermés. A chaque pas en dehors du chemin tracé par le gouvernement, les repressions tombent.

Mais quel crédit donner à ce chemin ? comment faire confiance à un gouvernement sourd à sa population, qui a tant et tant menti durant la gestion de cette crise ?

Alors non, nous ne sommes pas des enfants et nous ne sommes pas naïfs, nous voyons bien la dérive clairement autoritaire et répressive de ce gouvernement, chaque liberté peu à peu entamée est une liberté que nous ne retrouverons jamais intégralement.

Chaque atteinte, même temporaire à nos libertés et ce au nom de quelques excuses que ce soit est un danger pour notre République et notre démocratie.

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