31 octobre 2022

Lula a gagné au Brésil, un danger planétaire évité? – Edito n°131

Nous y sommes. Le deuxième tour des élections présidentielles du Brésil a eu lieu hier. Après un premier tour assez serré, on s’attendait à un rude combat. Chacun est allé, pendant quinze jours, à la pêche aux voix. Mais c’était avant tout le choix entre démocratie et populisme d’extrême droite auquel étaient confrontés les brésiliennes et les brésiliens.

Lula est sorti vainqueur de très peu. Nous pouvons dire OUF! En fin négociateur il a su convaincre de l’extrême gauche à une partie de l’électorat de droite. La victoire est mince, c’est le moins que l’on puisse dire. Bolsonaro aura gagné des voix entre le premier et le second tour sans rattraper son retard.

Mais c’est enfin, une bonne nouvelle ! Nous soutenions le candidat le plus sincère et le plus conscient des crises mondiales qui traversent les continents.

On aurait tort de croire que cette élection, à des milliers de kilomètres de la France, n’a aucune conséquence pour notre pays, pour l’Europe et pour le monde. Le Brésil est un pays que l’on dit « émergeant ». Il représente un poids économique non négligeable à l’échelle du Globe. Les découvertes de pétrole sur son sol ont même permis une croissance assez importante ces dix dernières années.

C’est, par ailleurs, un pays très inégalitaire historiquement. Lula avait commencé à remédier à ce phénomène lors de son premier mandat ; Bolsonaro a, au contraire, amplifié la différence entre riches et pauvres.

Sur l’aspect social, sociétal, écologique et moral Les deux candidats étaient à l’opposé. Lula s’inscrit dans une idéologie et sur des fondamentaux de gauche. Il a une réelle volonté de lutte contre la pauvreté et une réelle conscience de la crise climatique.

Bolsonaro, lui, est à l’inverse de cela. Son projet politique sort pour partie du champ démocratique. A l’instar de certains pouvoirs en Europe (Hongrie, Turquie…) et de Trump aux Etats Unis, il apparaît d’abord comme un populiste dangereux pour son pays et pour le monde.

Il y a maintenant deux sujets au centre des préoccupations tant au Brésil que dans le monde entier : le partage des richesses et la forêt amazonienne.

Le partage des richesses : Les découvertes de pétrole ont permis au Brésil de sortir des pays en voie de développement. Les avancées en termes d’industrie et de technologie ont été très importants. Le Brésil est un pays qui compte aujourd’hui dans la haute technologie. Cette source de développement n’a pourtant pas permis de créer beaucoup plus d’égalité (en dehors de la période Lula1). Ces déséquilibres sociaux doivent toujours nous inquiéter. Au Brésil, comme en France, comme ailleurs, la population est lasse d’être toujours la dernière roue du carrosse ; lasse de voir certains s’enrichir énormément quand la dignité ailleurs n’est pas garantie. L‘exécutif à venir au Brésil devra redonner de la confiance au peuple ; visiblement encore très partagé. Le politique devra sans aucun doute développer ou reprendre du pouvoir face aux entreprises dirigées par des soutiens à Bolsonaro et face à l’armée qui représente un poids non négligeable dans ce pays. Lula a la réputation d’être un négociateur hors pair. Il aura fort à faire dans un contexte difficile avec un mur de l’argent sans précédent et l’opposition des églises, en particulier les églises évangéliques, fervents soutiens de son adversaire. L’ensemble des pays démocratiques ne sera pas de trop pour soutenir et encourager ce nouveau président. La France et l’Europe peuvent jouer un rôle majeur dans cette région à condition d’apporter une aide significative à l’action de Lula au Brésil.

La forêt amazonienne : Le Feu et la déforestation en Amazonie, voilà le sujet le plus préoccupant pour le monde. On a coutume de dire que l’Amazonie est le poumon de la terre. Il est peut-être bien plus que ça. Il en est peut-être le cœur ! L’arrêter serait mortel pour le monde. Qui voudrait voir s’arrêter le cœur de la terre ? Bolsonaro a pourtant largement entamé le processus. Jamais avant lui la déforestation n’avait été si importante : c’est l’équivalent de la superficie du Portugal qui a disparu bel et bien au profit de cultures exportatrices comme le soja. Sur ce sujet les importateurs Européens dont certains en France ne sont pas innocents. Importer du Soja d’Amérique du sud en connaissance de cause écologique participe d’un crime contre le climat. Mangez du Soja Français ou Européen ! Laissez la forêt amazonienne respirer !

Il fallait craindre le danger que représentait l’élection de Bolsonaro pour son pays et pour le monde. Le pire a donc déjà été évité. La victoire de Lula est un réel espoir. Il aura cependant besoin d’un soutien international massif pour mettre en œuvre des politiques d’égalité et de sauvegarde d’un environnement qui nous concerne tous !