18 septembre 2018

Un pouvoir sous perfusion?

Par Julien Dray et Edmond Thanel

Si un président est de fait un homme seul, un homme seul ne fait pas un président !

L’holdup tant revendiqué par l’entourage proche du président montre aujourd’hui ses limites. La verticalité que le candidat devenu président a imposée par le sommet le met en première ligne sur tous les sujets.

Enfermé dans une tour d’ivoire et tellement sûr de son fait ; le chef de l’état dirige un pays qu’il n’appréhende qu’au travers de critères managériaux.

Il voulait renverser les tabous. Il voulait mettre la France au diapason des exigences d’une mondialisation déshumanisée. Certains y ont cru. D’autres ont souhaité lui laisser sa chance. La grande majorité de ses électeurs de second tour ne l’ont pas choisi pour son programme, pour une idéologie que l’on avait un peu de mal à distinguer mais contre le danger d’une extrême droite qui profite, du désarroi, de la perte de confiance, de la dépolitisation, du rejet des partis politiques de gouvernement.

Il voulait donc s’attaquer au système. Il en a renforcé bien des aspects. De quel système parlait-il d’ailleurs ? S’il s’est attaqué au système social, qu’en est-il de la république des copains qu’il dénonçait ? Il a juste remplacé les copains ?

Il voulait être celui que l’on admirerait pour son énergie et sa volonté et il l’a été. Il voulait être celui qui allait sauver l’Europe et il en a donné l’illusion quelques mois à un certain nombre de ses partenaires. Il se voulait le rempart à tous les extrémismes et ils sont partout aux portes du pouvoir. Il voulait être le chef, l’autorité, le représentant d’un pouvoir assimilable à celui de droit divin d’un très vieux monde…

Il voulait « être » et aujourd’hui ne pourrait-on pas dire, déjà, qu’il a été ?

L’été a été meurtrier. La révélation d’un pouvoir absolu qui exclu le doute, l’enrichissement confirmé des grosses fortunes, les conséquences de la loi travail, les mesures successives contre les retraités, la suppression des emplois aidés, la démission de Nicolas Hulot, les tergiversations sur le glyphosate, l’augmentation de la dette publique, la fin de la baisse du chômage, l’augmentation de la précarité, les atermoiements sur le prélèvement à la source…autant d’éléments qui d’une part limitent drastiquement les marges de manœuvres budgétaires et qui d’autre part confirment une dérive économico-libérale. Et puis il y a cet élément déclencheur : L’affaire Benala.

Il se voulait le chantre de la communication. Force est de constater que celle-ci n’a pas eu, loin de là, l’effet espéré !

Le pouvoir est aujourd’hui très affaibli et pourtant ; rien ne peut permettre de dire qu’il y ait dans ce pays une force politique alternative capable de lui succéder. Même son ennemi intime, Jean-Luc Mélenchon, désigné adversaire en chef, ne parvient pas lui opposer une crédibilité suffisante, le plafond de verre semble atteint. La question des alliances se pose donc de façon prégnante.
Il ne suffit pas d’organiser des référendums pour ou contre Macron. Il faut des actes et des actes forts. La prochaine échéance donne l’occasion de définir une autre politique pour l’Europe. Il faut être à la fois profondément Européen et convaincants face aux populations de tout le continent, par le désir, l’envie, la solidarité, l’exigence, la prise en compte des aspirations.

On voudrait nous imposer une dialectique qui ne nous donnerait le choix qu’entre deux alternatives ? le libéralisme ou le nationalisme ? c’est une stratégie politique d’un autre temps et les conséquences de slogans usés jusqu’à la corde du genre « c’est moi ou le populisme », « c’est moi ou le chaos » pourraient bien, dans le contexte actuel, être contraire à l’objectif recherché.

La seule issue d’une Europe retrouvant enfin ses fondamentaux, c’est celle d’une solidarité face à la main mise de certains lobbies, d’une solidarité continentale face aux inégalités grandissantes, d’une solidarité face au danger imminent de l’écologie, d’une solidarité face aux pouvoir grandissant des GAFA, une solidarité face aux révolutions qui nous attendent, le numérique en particulier, d’une solidarité réaliste sur la crise migratoire.

On le voit, le projet d’Emmanuel Macron, national comme international ou Européen, conduit à un sacrifice des classes populaires et des classes moyennes au seul profit des plus fortunés. C’est, pour une part non négligeable, ce qui favorise la montée en puissance des extrêmes.

Il est temps, non pas de renverser la table mais de s’y mettre pour goûter à nouveau à des recettes plus digestes. C’est à la gauche Européenne et surtout au parti socialiste d’en constituer le menu !

Pour cela il faut un candidat à la hauteur des enjeux, des aspirations populaires. Un candidat qui saura redonner de l’appétit pour un nouveau projet Européen. Il faut un parti ouvert et unitaire qui saura surmonter ses vieilles querelles intestines internes ; retrouver sa qualité première ; celle de rassembler autour de propositions fortes et claires.

Julien Dray 

 

 

Edmond Thanel

 

 

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