2 janvier 2020

S’obstiner n’est pas régner ! – Edito lettre n°64

Par Julien Dray

Tout avait été tenté pour désamorcer un mouvement qui aujourd’hui s’étend à tous les secteurs d’activité. Tout a échoué et ceci malgré les manipulations diverses. Les manœuvres de couloir n’ont permis que de renforcer la détermination, la méfiance et surtout le soutien de la population aux grévistes.

La manifestation du mardi 17 décembre aura été l’illustration d’un échec gouvernemental à gagner la bataille de l’opinion. Le lien est rompu. Le chef de l’état est maintenant en première ligne. C’est bien l’ensemble de sa politique qui est rejetée.

L’entrée de la CFDT dans le mouvement d’ensemble est aussi caractéristique du traitement condamnable, à bien des égards, que le président et son gouvernement ont fait subir aux syndicats dit réformistes. A vouloir trop se servir d’un potentiel agrément, cependant fragile, à une réforme systémique, le gouvernement a cru pouvoir imposer des éléments paramétriques. Ce faisant il s’est découvert. Il a montré ses réelles intentions.

Si une réforme est nécessaire, elle ne peut pas cacher derrière le mot « universel » les économies que vise cette réforme sur le dos d’une énorme majorité de retraités. Toutes les études un peu sérieuses, dont celle du COR, montrent que d’une part le système actuel est financé au moins jusqu’en 2025 et que d’autre part le déficit qui pourrait apparaître entre 2025 et 2030 –date à laquelle le budget deviendrait à nouveau positif- dépend largement des mesures gouvernementales. Presque un avertissement que l’on a peut-être un peu trop refuser d’entendre comme tel.

Ainsi, si l’on confirme que certaines disparités, certaines inégalités, imposeraient de corriger notre système, on affirme que sur le plan financier il n’y a aucune urgence.

Le projet d’Emmanuel Macron apparaît donc comme une opportunité déplacée à rapprocher le fonctionnement de nos régimes de retraites, de modèles antinomiques du modèle Français. Plus personne ne se laisse prendre à cette insidieuse manœuvre d’ouverture à la capitalisation.

Si les agents de la fonction publique ont été les premiers à refuser cette réforme inique, c’est bien qu’ils étaient en première ligne. Pourtant tout le monde est concerné. Chaque citoyen, chaque salarié, du privé ou du public. Ce n’est pas plus de justice que recherche le gouvernement, c’est plus de nivellement par le bas.

Or, s’il existe des inégalités et elles existent, le mieux pour revendiquer le progressisme serait d’être conquérant, de corriger en favorisant celles surtout et ceux qui sont perdants pour les tirer vers le haut!

Pour seule preuve, mais il y a de multiples exemples, prendre l’ensemble de la carrière pour le calcul de la retraite est à lui seul, dans le contexte actuel, une provocation à l’ensemble des travailleurs. Comment peut-on affirmer que les pensions seront augmentées, grâce à cette réforme, quand plus aucun travailleur ne peut plus se prévaloir de carrière longiligne ? comment promouvoir les start-up qui se font et se défont au gré du bon vouloir du marché et affirmer que l’on aura une carrière pleine même après le fameux âge pivot ?

La réforme des retraites, c’est pour la population toute entière, l’ultime démonstration d’une politique droitière qui s’affranchit de l’humain.

L’exercice monarchique du pouvoir, à force d’obstination, a peut-être auto-convaincu notre président qu’il était seul à détenir la raison et qu’il pouvait l’imposer à son peuple. Depuis la révolution, le peuple ne l’entend pas ainsi. Il entend même être lui même souverain par délégation. Décidément non, s’obstiner n’est pas régner.

Il faut tenir! la mise en place des diverses caisses de grève peuvent y aider. Nous invitons chacun à y participer en fonction de ses moyens.

Le mois de Janvier pourrait alors être l’occasion d’une journée nationale réunissant toutes celles et tous ceux, qu’il travaillent, qu’ils soient au chômage ou qu’ils soient à la retraite, qu’ils soient du public ou du privé, au régime général ou au régime spécial, veulent dans un premier temps mettre un coup d’arrêt à l’obstination du président et dans un second temps lui montrer le chemin du changement de cap tant attendu!

Soyons un million dans la rue à Paris, voilà l’objectif !

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