C’est un fait. L’argument premier de préserver notre système ne tient pas ! Il n’est pas en danger. Il est même excédentaire en 2021 et plus encore, selon les dernières estimations, en 2022. Le déficit annoncé à grand renfort de catastrophisme représenterait jusqu’en 2032 (voire 2037) 3% par an du budget des retraites. Oui, il faut dire « représenterait » car il est en partie fictif !
En effet il provient pour beaucoup, d’une modification des hypothèses retenues en matière de chômage par le gouvernement dans le programme de stabilité qu’il remet tous les ans à la commission européenne. L’exécutif, qui se targue de parvenir au plein emploi en 2027, c’est à dire environ 5% de chômage, table pour l’Europe sur 8,4% à la même date, ce qui fausse totalement les calculs. Le COR (conseil d’Orientation des retraites) est en effet tenu de retenir les hypothèses du gouvernement.
Mais heureusement le COR a aussi les siennes propres qu’il juge plus réalistes ! et lorsqu’il le fait, alors si le déficit subsiste, il n’aboutit pas du tout à la catastrophe sur laquelle s’appuie Emmanuel Macron pour justifier sa réforme !
Et maintenant, quelles sont les raisons d’un léger déficit persistant même s’il peut être largement amorti ?
Une fois encore l’argument du pouvoir consistant à incriminer une explosion des dépenses est fausse ! et oui, les dépenses ont déjà été stabilisées par les précédentes réformes et elles devraient baisser par rapport au PIB selon la plupart des scénarios retenus par le COR.
Si ça ne vient pas des dépenses, ça vient fatalement des ressources. Et là il y a du grain à moudre ! les mesures d’économie sur la masse salariale dans la fonction publique hospitalière et territoriale, le choix des primes plutôt que les hausses de salaires, les exonérations accordées aux entreprises participent par exemple à la réduction des ressources.
Parler d’augmentation des cotisations est devenu Tabou pour La droite. C’est vrai qu’elles sont encore progressives en fonction des revenus et les plus fortunés ne seraient pas contents. Est-on seulement allé évaluer ce que cela coûterait à chacun de combler définitivement le déficit ? la réponse est : 4,5 euros par mois chaque année pour un salaire net de 2500 euros !
Dans une période d’inflation issue d’un dérèglement d’abord politique, ou géo politique si l’on préfère, envisager une augmentation des cotisations serait également mal venue, soit.
Ce n’est donc tout simplement pas le moment pour entreprendre une réforme des retraites. La situation ne l’impose absolument pas. Le tableau sombre dressé par le pouvoir est faux. La réforme qu’il propose est injuste et injustifiée !
Le tableau sombre, s’il en est un, serait celui-ci : Pour les personnes déjà hors de l’emploi à 61 ans (moins d’une personne sur deux est en emploi à 61 ans, un quart est en retraite anticipée et un quart « sans emploi ni retraite »), la conséquence principale serait un allongement du sas de précarité qu’ils connaissent déjà entre emploi et retraite (RSA, chômage, invalidité, maladie, etc.). Pour rappel, 30 % des seniors sans emploi ni retraite vivent sous le seuil de pauvreté. La réforme diminuerait de près de deux ans en moyenne la durée de retraite des plus modestes. Elle pénaliserait encore davantage les femmes. Cette réforme entraînerait un transfert des pauvres vers les riches : à 62 ans, un quart des 5% des hommes les plus pauvres en France sont déjà morts. Il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches. Cette réforme conduirait, par ailleurs, à transformer une partie des retraités en travailleurs précaires, ou en chômeurs, en instaurant une concurrence sur le marché de l’emploi avec une pression à la baisse sur les salaires.
La réforme des retraites ne peut donc servir qu’à réduire le déficit public et à financer les baisses d’impôts avec un objectif clair ; faire payer aux futurs retraités la politique de cadeaux fiscaux d’Emmanuel Macron et répondre aux injonctions de Bruxelles pour apparaître comme le meilleur élève de la classe. Enfin la paupérisation des retraités pourrait bien préparer un autre mantra de la droite : introduire une dose de capitalisation ; certains, dans le privé, n’attendent que ça.
Cette réforme ne peut et ne doit pas passer. Il n’y a que la droite pour la soutenir contre l’immense majorité des français et la totalité des corps intermédiaires.
C’est un choix politique, idéologique, injuste, injustifié et sans fondement…même économique !
Alors battez en retraite madame borne !