14 janvier 2023

EDF doit être nationalisée

Depuis maintenant des années, la solution privilégiée du pouvoir à ses problèmes économiques est toujours la même : concocter une nouvelle vague de privatisations.

On a pourtant le recul suffisant aujourd’hui pour savoir quelles en sont les principales conséquences. Elles ne sont jamais favorables à l’usager ni du point de vue économique, ni, la plupart du temps, du point de vue de la qualité de service.

L’échec de la privatisation des autoroutes, des aéroports provinciaux, de l’eau entre autres aurait dû permettre d’appréhender ce qui devait être une manne pour l’Etat et qui, au final, se révèle être une manne pour la finance. Les seuls bénéficiaires de ces opérations ont été les actionnaires, qu’il s’agisse d’actionnariat salarié ou d’actionnariat privé.

Les nationalisations de 1982 avaient au moins permis de rentabiliser des entreprises qui ne l’étaient pas. Lorsqu’elles ont été à nouveau privatiser, les règles mises en place avaient permis à l’Etat, dans un premier temps, de conserver un pouvoir de contrôle. Aujourd’hui ce n’est plus le cas.

Les privatisations débouchent partout sur des échecs : les prix augmentent, des monopoles privés se constituent, les investissements ralentissent, les actionnaires et les hauts cadres dirigeants se gavent d’options sur titres (stock-options), dividendes et plus-values, le service se dégrade, les effectifs baissent dans les entreprises et les conditions de travail se détériorent.

Pourquoi les prix des énergies explosent ? Parce que la privatisation a des effets désastreux sur le pouvoir d’achat des ménages, parce que tout dépend du marché du pétrole, qui est instable et dépend de questions géopolitiques très éloignées de la notion de service public.

En France, il n’y a aucune raison pour que les tarifs de l’électricité augmentent. Elle est produite principalement par le nucléaire et par l’hydraulique. Mais si elle devient plus chère, c’est parce qu’elle se trouve sur un marché européen, plus dépendant du gaz naturel — notamment en Allemagne.

la sobriété prônée avec les “petits gestes” individuels n’a aucun impact réel sur la consommation du pays, elle habitue la population à l’idéologie de la décroissance, du déclin, le télétravail a un impact mais on connait désormais les conséquences négatives sur la production si on va trop loin et enfin l’appel aux “grands consommateurs” conduit aux arrêts industriels et donc à la désindustrialisation, au déménagement vers des pays plus accueillants, ce n’est pas ce que le pays peut souhaiter !

Il y a certes des secteurs où l’intérêt public est faible. Les privatisations peuvent alors s’expliquer et se comprendre. Elles n’auront pas d’effets directs sur le pouvoir d’achat des ménages. A contrario les secteurs de l’énergie, de l’eau ou des transports par exemple sont absolument essentiels. Ils doivent être considérés comme des biens publics et sous contrôle de l’Etat.

On l’a vu, la politique d’EDF sous l’impulsion de Monsieur Raffarin alors premier ministre, a été de développer son activité dans toute l’Europe et même au delà. Elle s’est transformée en multinationale et agit un peu à la manière d’un prédateur. L’usager Français en a –t-il retiré un quelconque bénéfice ? Non, c’est tout l’inverse. En outre, cette stratégie amoindrit et même décrédibilise le service public. La politique internationale d’EDF vise à construire un marché mondial et européen de l’électricité́, largement contrôlé́ par les institutions financières, provoquant l’insécurité́ des approvisionnements et le renoncement à l’égalité́ d’accès.

On le constate aujourd’hui ; la perte de contrôle du secteur de l’énergie associé à la culpabilité au regard du nucléaire est directement responsable des augmentations du prix de l’énergie. La guerre en Ukraine n’en est que le révélateur.

L’intérêt public commande donc de revoir notre politique énergétique. Elle doit être sous contrôle exclusif de l’Etat. C’est le seul moyen pour que nous retrouvions à la fois une indépendance salutaire, un réel impact sur le contrôle des prix et une maitrise totale de notre distribution.

Tout ce qui concerne l’énergie et les entreprises qui les gèrent ont vocation à être renationalisées. EDF doit être la première d’entre elles !

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