23 novembre 2020

Cocotte minute ! – Edito Lettre n°100

Par Julien Dray 


On doit le dire et le répéter : la situation sanitaire et sociale de notre pays impose des choix difficiles pour aujourd’hui et pour demain mais pas n’importe lesquels ! Cette crise inédite, mondiale, est un défi pour tout pouvoir en place. Et c’est aux conséquences sur la vie de chacun que l’on peut mesurer le taux d’adhésion collectif.

On le constate partout en France, la colère est maintenant aussi forte que la peur. Nous nous étions soumis à la première vague bon an mal an. Malgré nos doutes quant à la sincérité des informations, malgré nos doutes sur les mesures annoncées, nous avions accepté une restriction, que nous croyions provisoire, de nos libertés. Nous imaginions alors un début et une fin et cette fin nous faisait tenir. On le croyait !

L’Etat, notre modèle social, les personnels soignants, les métiers autrefois dit « sans importance » …tout ça allait nous permettre de passer ce mauvais moment.

Et puis les chiffres tombent et s’accumulent. Tant sur le plan sanitaire que sur le plan social, cette pandémie a fait bien plus de victimes que les trop nombreux malades dont le nombre augmente chaque soir au 20 heure. Cette pandémie a fait surtout des vainqueurs et des vaincus : les actionnaires des multinationales de l’économie numérisée d’un coté et le reste de la population de l’autre. Cette pandémie a révélé l’étendue des ravages sur nos services publics.

Augmentation de la pauvreté, de la précarité, du chômage. Détérioration significative du moral des Français. On ne voit plus la fin. Lorsque que l’on compare la situation dégradée d’une population toute entière avec les indécents profits de quelques uns, on comprend que cela peut devenir explosif.

C’est à une gestion chaotique, où l’on nous dit tout et son contraire, que l’on est confronté. C’est une gestion anxiogène, un management par la peur, la culpabilisation, l’infantilisation que nous subissons : la tentation d’un pouvoir de plus en plus autoritaire.

Ce sont des restrictions inédites, dont notre pays est un champion de la surenchère, que nous sommes obligés d’accepter. Aucun autre pays n’adhère au concept de l’auto-attestation dérogatoire, à la prune de 135 euros jusqu’à la prison si on oublie l’indispensable sésame. Aucun autre pays n’a mis en place un confinement aussi draconien. Aucun autre pays n’a séparé le commerce essentiel de celui qui ne le serait pas.

Aucun autre pays n’a profité à ce point d’une situation de crise pour s’en prendre aussi gravement aux libertés publiques. Aucun ! Et pour quel résultat ?

Nous devons l’affirmer, le dire, le répéter : ça suffit ! il n’y a pas de fatalité ! Une autre politique est non seulement possible mais nécessaire, indispensable…. Vitale ??

On ne veut plus dépendre exclusivement des décisions parfois stupides d’un soit disant comité de défense qui n’est soumis à aucun contrôle démocratique ! On veut moins une fin que le début d’autre chose.

Les français n’en peuvent plus et nous devons leur répondre autrement que par la restriction, le renforcement des contrôles, la culpabilisation, autrement qu’avec cette idéologie qui s’installe, qui voudrait démontrer que les seules solutions seraient désormais des solutions autoritaires, parce qu’on ne pourrait pas faire confiance au « peuple » parce que la démocratie rimerait soit disant avec « impuissance » et parce que chacun devrait apprendre à se méfier de son voisin, des nouveaux ennemis de l’intérieur.

La pente glissante dans laquelle la société Française glisserait alors emporterait même ceux qui aujourd’hui pensent qu’il ne s’agirait que d’un mal nécessaire. Au jeu de la solution autoritaire, il y a toujours plus autoritaire que soi. Et des forces obscures dans la société française se mettent à nouveau à rêver de ce type de solutions.

Pour s’opposer à cela il est urgent d’affirmer qu’une autre politique est possible. La démocratie n’est pas un luxe mais un impératif pour remobiliser le pays. Il faut opposer un nouveau programme de transition économique et social imprégné de justice.

C’est la page d’un libéralisme, destructeur de lien, qu’il faut tourner. Et il faut la tourner rapidement avant que soient inscrites dans la table des lois cette dérive sécuritaire à laquelle nous pourrions assistés impuissants !

La cocotte boue et nous sommes assis sur le couvercle ! il est temps de se lever !

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