15 janvier 2022

Alerte rouge sur les cinq continents!

Jadis, le philosophe Allain avait coutume de répéter à ses étudiants et disciples, qu’en France, la politique étrangère désintéressait les Français et qu’ils ne votaient pas en fonction de celle-ci. A son époque, au moins, l’adhésion massive au pacifisme né de la Première Guerre Mondiale était suffisamment répandue pour influer sur la vie politique de la IIIème République.


Il est vrai qu’à l’approche de chaque élection présidentielle, les questions relatives aux rapports de force internationaux s’effacent. Une actualité immédiate centrée sur les coups de sang et les polémiques les plus indignes, véhiculées par Twitter et la plupart des chaines d’info en continu. Notre société souffre d’une myopie totale sur le devenir du monde qui est le nôtre. Il faut évoquer, et non analyser dans le détail, des réalités qui pèseront demain sur notre destin collectif.


Les tensions dans le Pacifique ne cessent de croître et empirer. Le mouvement de bascule entre Etats-Unis et Chine dans le rôle de première puissance mondiale est à l’œuvre. Il est inachevé mais il place face à face Washington DC. et Pékin dans une conflictualité encore froide mais qui a été précédée d’une compétition acharnée. La Chine multiplie les actes encore limités mais significatifs. Pékin a le sens de l’Histoire et la mémoire qui va avec. Pour Pékin, Taïwan est la vingt-troisième province de la République Populaire de Chine et, à force de provocation aérienne, Pékin démontre sa capacité à neutraliser les voies d’accès à l’ile. Taïwan, refuge du Kuomintang en 1949 et de Tchang Kai Chaik


Progressivement, sur la base d’un réalisme géopolitique instruit par sa propre Histoire, le Japon voit prospérer une réalité ancienne, un nationalisme affirmé, rompant avec la politique née de la défaite de 1945. Les Japonais s’inquiètent des manœuvres communes


Donald J. Trump avait assumé la conflictualité avec Pékin, évoquant même à propos du Covid le « chinese stuff » (le truc chinois) et misant comme ses visiteurs du soir paléo-conservateurs sur la défense du monde ouvrier américain. Joe Biden affirme que les Etats-Unis défendront militairement Taïwan si l’ancienne Formose était attaquée. Le Pacifique devient un entrepôt de poudre. Un incident, un accident, a fortiori une agression peut mener à la guerre. Qui croit que même sise dans l’Océan Pacifique n’aurait pas de conséquence sur la France ? De surcroît, la présence de la Chine en Méditerranée ne laisse guère d’espoir à un éventuel isolationnisme pacifiste européen se tenant loin d’un possible conflit dans le Pacifique.


Ailleurs, les germes de conflit se multiplient : au Sahel, où la France est présente, un foyer djihadiste persiste et contribue à créer aux marges du monde pacifée, une menace violente immédiate et stratégique. Doit-on mentionner la Bosnie, en crise du fait du cavalier seul un tantinet agressif de la République serbe. Le risque d’une nouvelle guerre civile n’est pas à écarter, trois décennies après la tragédie de l’éclatement de la Yougoslavie


Si Vladimir Poutine a abandonné une forme d’impérialisme russe, c’est pour mieux reconquérir les frontières historiques de la Russie telles qu’il les conçoit. La tension constante avec Kiev correspond à ce dessein, l’utilisation de Loukachenko, ancien apparatchik communiste reconverti dans une dictature d’un style des plus vintage, usant sans retenue des enlèvements et du meurtre, sont des outils pour le Kremlin qui veut parachever son retour en tant que grande puissance dans le grand jeu international.


Ces exemples succincts font l’objet d’analyses multiples et riches. Il s’agit là de rappeler qu’à la perspective de nos choix électoraux, la réalité du monde impose le réalisme, le sérieux, l’analyse et de choisir des gouvernant aptes à la décision.

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