4 février 2020

Un taux de chômage faible ne fait pas le bonheur !

Par Edmond Thanel

Voilà qu’opportunément, le gouvernement nous envoie un message qu’il voudrait rassurant. Le taux de chômage à baissé en France. On pourrait s’en satisfaire et se dire que finalement tout va mieux : toutes les catégories répertoriées profitent en effet de cette embellie si l’on en croit Pôle emploi. Il y aurait même eu davantage de CDI créés.

Outre que le gouvernement oublie de dire que cette embellie, dans ce qu’elle a de réel, est due en grande partie aux conséquences des mesures prises sous le précédent quinquennat, il ne nous dit pas tout sur les raisons de celle-ci. Et c’est là, pour le moins, que le bât blesse.

En regardant de près le camenbert en illustration ci-dessus, on comprendra qu’il s’agit moins de création d’emplois que de radiations, de cessations d’inscription ou de défauts d’actualisation. 52,5% du résultat ; quand même ! Si l’on ajoute à cela la suspension de recherches d’emplois (maternité, maladie, retraites) on arrive à 61,3 % de l’ensemble. Et si l’on considère que les stages ne sont pas à proprement parlé, des emplois pérennes, on franchit allègrement les 70% qui ne sont pas des retours à l’emploi.

Dès lors une question se pose alors : Le sacro-saint critère du taux de chômage est-il vraiment le bon, et le seul, pour évaluer la bonne santé d’un pays ? Ça ne semble pas être le cas.

Le bonheur serait-il inversement proportionnel à ce taux? Il est évident que non !

Nos chers économistes agréés s’appuient cependant sur cet unique critère pour nous dire si on va bien ou pas ; si on est sur la bonne voie ou si on est de très mauvais élèves de la mondialisation. Et de se comparer à nos chers voisins qui ont des taux de chômage plus faibles.

Ils seraient les exemples à suivre. Il faudrait adopter les réformes qu’ils ont eux-mêmes mises en place pour en arriver à ce résultat. Il faudrait donc

Réduire les impôts directs,
Faire travailler plus longtemps,
Diminuer les retraites,
Développer les starts-up,
Rogner sur les services publics,
Changer les mentalités sur ces modèles sociaux par trop redistributifs.

C’est ce qui a été fait en Allemagne il y a maintenant presque 20 ans. On a donc le recul nécessaire évaluer à partir de cet exemple. On pourrait prendre celui de l’Angleterre, le résultat serait le même. Le plan Hartz allemand initié par Monsieur Gerhard Schroëder cochait toutes les cases. Et il a été visiblement efficace, pour nos experts es économie, puisque le taux de chômage en Allemagne est historiquement bas vingt ans plus tard.

Ce sont les conséquences sociales qui le sont beaucoup moins sur le plan de la réussite humaine.
Explosion du taux de pauvreté, les retraités sont les plus touchés.
Travailleurs pauvres.
Explosion du taux de précarité que les mêmes « économistes » ne retiennent pas dans leurs critères. Creusement des inégalités.
 
S’il existe un phénomène inversement proportionnel à la baisse du taux de chômage, c’est bien celui-là. C’est plus qu’un constat. C’est un fait !


Aux critères économiques, sortis du chapeau des « experts », le taux de chômage comme celui des fameux 3% de déficit est, comme on le voit, à relativiser largement.

Est-ce à dire qu’il ne faut pas aller vers un taux d’emplois plus solide ? Certainement pas. Mais ne prendre que ce seul critère du taux de chômage, c’est s’affranchir d’une véritable réflexion sur le travail. Doit-on accepter de voir se creuser les inégalités, le taux de précarité, le taux de pauvreté à mesure que le chômage baisse ? Doit-on accepter de sacrifier pour cela le modèle social Français, bientôt unique, qui nous protège plus qu’ailleurs ?

Être dans une démarche de progrès, ce n’est pas protéger moins, c’est imaginer, créer, encourager d’autres formes de travail, de rémunérations et éventuellement s’adapter mais pas au détriment de ce qui a fait notre histoire singulière.

Rappelons-nous que lors de la crise financière de 2008, c’est la France, en Europe, qui en a le mieux amorti ses effets. Nous sommes aujourd’hui un des pays qui, avant les reformes Macron, contenait le mieux le creusement des inégalités et le taux de pauvreté. C’est ce modèle social français qui l’a permis. C’est aussi grâce à cela que nous avons un des meilleurs taux d’investissement étranger.

Ce n’est donc pas en nivelant par le bas que l’on sera plus heureux, collectivement.
 
Alors non, un taux de chômage bas ce n’est pas une source de bonheur. Demandez aux Allemands !
 
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