5 avril 2019

PS : Faut-il mourir pour renaître ?

Par Edmond Thanel

Olivier Faure en avait fait son thème de campagne au dernier congrès : La renaissance !

Depuis, de nombreux militants et de nombreux cadres sont partis soit par aspiration du macronisme pour tenter des aventures solitaires ou opportunistes, soit pour rejoindre tel ou tel mouvement à gauche. L’élaboration d’un réel projet alternatif, basé sur les aspirations sociales du pays, se fait attendre. Nul ne sait encore aujourd’hui avec précision ce qu’il est ou ce qu’il sera.

Le PS est-il encore en capacité de proposer ? est-il encore lisible ? audible ? est-il un astre mort ?

La prochaine échéance devrait donner des réponses. Elle est européenne.

C’est dans ce cadre qu’avait lieu mardi dernier le vote des militants pour valider ou pas le choix de la direction. A la vue du résultat, on pourrait croire qu’il n’y avait pas ou plus d’alternative au sein d’un parti pourtant connu pour sa capacité au débat interne. Ainsi sur les 95000 inscrits, se sont seulement à peine 22000 qui se sont déplacés.

En terme de pourcentage, on aura beau faire valoir les 80% de suffrage sur la liste proposée par le premier secrétaire, on ne pourra pas oublier la désaffection de presque 80% de militants inscrits. Il semble bien que la méthode, elle, n’est pas été validée.

Nul ne contestera le postulat de départ. Fidèle à sa vocation historique, la direction a très vite choisi le rassemblement des forces de gauche. Dès l’été une proposition de candidature apportait la garantie de cette démarche d’unité à gauche. Elle était structurée autour de propositions simples, concrètes, concernant toutes les populations européennes et reposant sur nos valeurs communes. Elle ne se bornait pas à inventer une stratégie mais elle offrait une méthodologie alliant cohérence et efficacité pour reconquérir un électorat popuaire. Bizarrement la direction a fait la sourde oreille. Depuis bien d’autres ont fait acte de candidature. L’ensemble des impétrants a même été auditionné par une commission interne qui n’en a jamais donné les résultats. Le premier secrétaire a préféré aller chercher à l’extérieur du parti celle ou celui qui serait la tête de liste des socialistes.

Après de multiples déconvenues, c’est avec Raphaël Glucksmann, fondateur récent du mouvement « Place publique », qu’il a conclue un accord. C’est ainsi la première fois qu’une tête de liste ne sera pas socialiste pour conduire la liste du PS. Un pari modérément apprécié de bien de responsables du parti. Certes nous sommes loin de l’hégémonie d’antan. Certes il revenait à ceux qui, à gauche, revendiquent un leadership, d’ouvrir un projet à l’ensemble des forces d’opposition situées à gauche de l’échiquier. Cependant, sans réelle ossature idéologique, il apparaît bien incertain et risquer de rassembler largement.

Les militants, orphelins d’un programme clair et de garanties concernant leurs représentants, ont déserté les urnes. Un camouflet qu’il ne faudrait pas ignorer.

Nous sommes loin, très loin de la renaissance. Nous sommes loin de la légitimité à incarner une alternative. Au moment où, comme le montre les différentes crises que connaît le pays -sociale, écologique, institutionnelle- le besoin de gauche a rarement été aussi fort, ce sont les divisions qui l’emportent. Les chapelles se multiplient comme autant de vautours sur les restes d’une carcasse déjà dévorée.

Le rassemblement, que bien des électeurs attendent, ne passerait-il pas d’abord par la définition d’une véritable identité prenant en compte les aspirations populaires exprimées par exemple par le mouvement des Gilets jaunes et ensuite par un dépassement sans exclusive plutôt que par l’élaboration d’accords dont on se sait vraiment où ils se situent ? par la constitution de listes sur le coin d’une table de café?par de savants calculs politiques qui éloignent du quotidien des électeurs potentiels? la question est posée.

Edmond Thanel   

 

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