19 avril 2020

L’offre et la demande…opportunité ?

Par Arthur Courty et Charles Adrianssens

« Profitons de la crise du COVID pour en faire une opportunité pour inventer de nouvelles politiques de l’offre et de la demande »

Alors que la perspective d’une « fin du confinement » redonne espoir à beaucoup d’entre nous, le temps d’après ne pourra être comme celui d’avant. Deux approches s’opposent, soit ne rien changer et accélérer la reprise du monde d’avant, soit profiter du bouleversement de la crise du COVID pour en faire une opportunité d’expérimenter de nouvelles solutions qui bénéficieront au plus grand nombre. Aussi, si les élans de solidarité qui se multiplient font chaud au cœur, le gouvernement doit lui rendre et se montrer à la hauteur de la société civile en mobilisant les outils économiques et sociaux adéquats. La relance de demain ne doit pas peser sur celles et ceux qui sont en première ligne, les travailleurs, les salariés et les agents du service public qui font nation aujourd’hui.

« Fixons les conditions de l’aide aux grandes entreprises»

Ainsi, si la relance par l’offre sera nnécessaire elle ne pourra se faire uniquement par de la création de dettes sans contrepartie auprès des entreprises aidées. Que l’Etat contribue à la sauvegarde de la trésorerie des grands groupes est logique, mais il doit aller au bout de la logique de cette politique interventionniste en convertissant l’aide en capital. Autrement dit, une partie de la dette crée par l’Etat pour subventionner l’économie doit être utilisée sous forme de recapitalisation des entreprises.

Cette solution présente un double objectif, tout d’abord politique : en recapitalisant les grands groupes l’Etat y deviendra actionnaire et pourra influer directement sur leur stratégie pour mener à bien son nouvel objectif d’indépendance et souveraineté économique. Ensuite, cette mesure est aussi celle de la justice sociale car à la différence des subventions ou aides d’Etat, la montée au capital permettra à l’Etat de récupérer sa mise une fois la crise passée, le coût de l’intervention n’est donc pas portée par les citoyens. Il s’agit donc ici d’une solution gagnant-gagnant dans la mesure où d’un côté le citoyen n’est pas mis directement à contribution et de l’autre les entreprises bénéficient d’une aide à la trésorerie, sans que cela n’impacte leurs bilans par un trop grand recours à la dette. A ce titre, ces entreprises doivent aussi à renoncer au versement de dividendes pour l’année en cours.

« La politique de l’offre doit reconnaitre la valeur réelle des activités citoyennes »

Cette relance par l’offre doit aussi être accompagnée par un changement de paradigme dans la relance par la demande. Cette crise a révélé à quel point la mobilisation de la société sur des activités non-marchandes relève de l’essentiel. Les exemples sont nombreux et nous ne pouvons tous les citer ici, de la fabrication des masques à domicile, aux paniers de nourriture distribués en passant par la mobilisation à destination des personnes âgées isolées, toutes ces actions concourent au vivre-ensemble… Loin d’être anecdotiques ou superflues, cela prouve à quel point les réseaux de solidarité et l’initiative citoyenne sont importants bien que non considérés comme de la « création de richesse » au sens économique du terme.

« Pour un revenu de solidarité et de transition écologique »

Aussi, pour que cette mobilisation se poursuive, s’intensifie même, après le confinement, il est temps de réfléchir à l’ébauche d’un «revenu de solidarités- et de transition écologique ». Il permettra d’une part, pour les travailleurs, de dégager du temps de travail « marchand » au profit d’un travail « solidaire », d’autre part, il donnera l’opportunité de valoriser les actions de cette France pas toujours considérée à sa juste valeur en période normale.

Mais pour que ce revenu soit utile pour tous, y compris par nos commerçants et entreprises les plus touchés par la crise du COVID, il convient de s’assurer que l’argent distribué ne soit ni épargné ni utilisé dans la consommation de produits étrangers ou générateur de réchauffement climatique.

C’est pourquoi le versement d’une partie de ce système de bons d’achats limité aux produits de fabrication française – ou européenne-, utilisables uniquement dans les commerces ainsi que le secteur alimentaire/touristique et pour une peut être la solution.

Ce revenu de solidarité et de transition écologique peut aussi poser les bases d’une transformation écologique profonde de l’activité économique et du monde du travail, en étant augmenté dès qu’il accompagne une démarche de reconversion professionnelle ou économique vers des activités compatibles avec le défi climatique.

Grâce à ce revenu, il redevient possible de combiner actions de solidarité et relance par la demande !

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