27 mars 2020

– International – L’hécatombe sans précédent à venir dans les pays pauvres

Par Cécile Soubelet


Le Covid-19 est une affaire mondiale qui a déjà tué plus de 20 000 personnes d’après l’OMS, et sa progression est exponentielle.

Face à cela, ce sont désormais plus de 2,6 milliards d’habitants qui sont contraints de rester chez eux pour tenter d’endiguer la pandémie, soit plus d’un tiers de la population mondiale. Et ce n’est qu’un début.

Mardi, le Cameroun et le Niger ont annoncé les premiers décès, alors que la Libye, le Laos, le Belize, la Grenade, le Mali et la Dominique ont constaté des premiers cas.

Or, quand on voit le désordre dans l’anticipation et la gestion sanitaire de la pandémie dans notre pays, que redouter pour les pays les plus vulnérables où la malnutrition, le manque d’accès à l’eau ou bien la maladie (choléra, dengue, rougeole, méningite…) fragilisent déjà les populations ? Le pire.

L’ONU vient de lancer un « Plan de réponse humanitaire mondial » s’étendant jusqu’à décembre, assorti d’un appel à des dons à hauteur de 2 milliards de dollars. En parallèle, dans une tribune publiée dans Le Monde [1] Mark Lowcock, Secrétaire général adjoint de l’ONU pour les affaires humanitaires et Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS, exhortent les pays à aider au financement de ce plan, tout en maintenant celui des plans de réponse humanitaire et pour les réfugiés qui existent déjà.

Cela amène deux réflexions. La première, c’est de savoir si véritablement les pays riches voudront ou pourront contribuer à ce plan à hauteur des 2 milliards de dollars demandés.

Alors même que ces pays tentent, avec difficulté, de gérer les éléments sanitaires de première nécessité (des lits disponibles, des masques et des gants pour les soignants, prodiguer des soins pour tous) et s’inquiètent du maintien et de la relance de leurs économies.

Alors même que les pays européens ne sont même pas capables de faire front commun, à l’instar de l’Italie qui reçoit de l’aide de la Chine, de la Russie et de Cuba et non de ses pays voisins.

La deuxième porte sur la viabilité du plan de l’ONU en lui-même. Celui-ci n’aura de sens que s’il comporte des objectifs précis, mesurables, pour ne pas rester une bonne intention. Mais surtout on comprend rapidement que ce plan ne sera que curatif : envoyer des soignants et des matériels, installer des stations de lavage de mains, organiser des ponts aériens… mais, là encore, comme partout dans le monde, cela veut dire qu’aucune anticipation de la pandémie n’est établie. Comment croire que des pays où, dans des villages ou des bidonvilles, l’accès à l’eau (même non potable) est une difficulté quotidienne, le lavage des mains plusieurs fois par jour devienne un réflexe ? Comment imaginer que des familles, souvent multigénérationnelles, mettent en place une distanciation sociale alors que la communauté est la base de l’organisation sociale ? Comment imaginer que des médecins pourront correctement soigner dans des pays où les hôpitaux ont déjà peu de lits, ou sont déjà sur des territoires en conflit ?

On comprend rapidement que la pandémie va être un véritable fléau et qu’à l’image de notre pays, la réaction arrivera bien souvent trop tard. On comprend également qu’à la crise sanitaire s’ajoutera une crise économique dans ces pays qui, dépendants des pays industrialisés, sombreront dans une précarité totale. Au final, cette crise sanitaire sans précédent ne fera qu’exacerber la fracture mondiale entre les pays riches et les pays pauvres.

Il faut donc impérativement que l’ONU déploie son plan dès que possible dans les pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique du Sud au plus vite, en y intégrant des campagnes de prévention massives. Il faut également interpeler les pays du G20 en priorité pour qu’ils dégagent des financements extraordinaires pour aider ces pays. La solidarité doit être immédiate, internationale et d’envergure pour éviter des ravages incommensurables.

[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/03/25/ne-pas-aider-les-pays-les-plus-pauvres-a-combattre-le-covid-19-serait-cruel-et-imprudent_6034313_3232.html

 

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