2 décembre 2020

Amazon : l’appel au boycott ne suffira pas !

Par Arthur Courty ; Charles Adrianssens ; Paul Montjotin


Désastre écologique et social, l’entreprise, qui ne paie pas ses impôts en France, doit être régulée par de nouvelles règles communes décidées par la puissance publique. Ces règles doivent prendre en compte la réalité de l’évolution de l’économie et de la société française, de plus en plus tournée vers le commerce en ligne. Un changement anthropologique majeur, qui peut être régulé pour être mis au service de la société réelle.

« Ne nous voilons pas la face sur Amazon et le commerce en ligne »

D’abord, ne nous voilons pas la face, si Amazon fonctionne si bien, c’est parce qu’il a une vraie utilité pour l’économie réelle et les Français. On peut le regretter, mais le commerce en ligne se développe à une vitesse vertigineuse. Comme l’a souligné le député François Ruffin récemment, ne nous limitons pas à mépriser les personnes qui ont recours à Amazon. Pour les consommateurs, c’est une alternative pour celles et ceux qui veulent limiter leurs propres déplacements et/ou qui n’ont pas accès aux centre-villes et/ou refusent d’aller dans un hyper-marché. Pour de mombreux commerces et industries, il permet aussi d’écouler les produits, tel un hyper-marché virtuel.

Et il faut bien reconnaitre que Amazon crée des emplois même s’il en détruit. Comme le rappelle le député LREM et ex secrétaire d’Etat au numérique Mounir Mahjoubi pour 1 emploi créé par Amazon il y en a 2 qui sont détruits. Pourtant Amazon donne aussi du travail, quoiqu’on en dise, à des gens qui n’ont que leurs bras pour travailler. Comment blâmer qu’un territoire sinistré par le chômage et les délocalisations accepte à bras ouverts d’accueillir Amazon avec les promesses d’embauche qui vont avec ? C’est le cas par exemple de Belfort, qui après la casse sociale General Electric s’apprête à accueillir un centre de tri destiné à accueillir des activités de plateformes du web comme Amazon. Ce n’est pas le cas partout bien sûr, comme le montre la manifestation de plusieurs milliers de personnes contre l’installation d’un entrepôt Amazon à Nantes le 28 novembre 2020. C’est donc par une régulation au cas par cas que les décisions doivent être prises.

« Les vrais scandales d’Amazon doivent être sévèrement punis : ne pas payer ses impôts en France et être une menace à long terme pour notre environnement »

Dans son rapport Le Monde selon Amazon n’est pas viable (2019), Attac a évalué qu’Amazon masque 57 % de son chiffre d’affaire pour faire de l’évasion fiscale. Cela lui donne aussi une position dominante qui menace notre économie à long terme. C’est aussi du coup un enjeu de civilisation pour protéger nos savoir-faire. En cette période de crise sanitaire plus que jamais, Amazon et les GAFAM doivent être mis à contribution. C’est le sens de la proposition de Boris Vallaud et de plusieurs députés de gauche de taxer de manière exceptionnelle les géants du e-commerce pour alimenter le fonds de solidarité. Dans son rapport Le Monde selon Amazon n’est pas viable (2019), Attac a aussi évalué qu’Amazon dégage autant de gazs à effet de serre qu’un pays européen comme le Portugal soit 55,8 millions de tonnes. Quand écologie, intérêt de la France et économie font bon ménage, il ne faut pas avoir la main qui tremple. Il faut prendre les mesures fortes qui s’imposent pour pénaliser le géant américain en rapport avec les gazs à effet de serre qu’il dégage et son évasion fiscale.

« La puissance publique doit faire en sorte qu’il soit possible de consommer en ligne en favorisant les petits producteurs, les commerçants locaux et les circuits courts »

Il est possible de consommer en ligne tout en favorisant les petits producteurs et commerçants. Pour cela des ponts doivent être crées, de nombreuses applications mobiles Françaises existent et de plus en plus de collectivités y ont recours. Par exemple la région Occitanie a mis en place une plateforme en ligne accessible par l’ensemble des producteurs, commerçants et habitants afin de favoriser la consommation locale. C’est donc la preuve qu’il y a déjà des solutions opérationnelles, efficaces qui respectent les données privés et permettent de consommer local soit en livraison soit en « click and collect ». Il faut maintenant les généraliser et y faire la promotion auprès des commerçants. Car si le citoyen a pris le virage du numérique, beaucoup de nos petits commerces sont toujours à la peine et le succès de telles plateformes se construit sur l’offre présente, Amazon c’est par exemple 120 000 000 de références.

Il faut donc marcher sur deux pieds, d’une part en combattant la concurrence déloyale d’une entreprise qui ne paye pas ses impôts et taxes en France et d’autre part en facilitant la transition numérique des commerces et producteurs locaux.

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1 Comment

  • Si je rejoins les propos Ne nous limitons pas à mépriser ceux qui utilisent , et taxer ne suffit pas, il faut également mettre à la réflexion la surconsommation …
    Belfortaine, ex membre du bureau fédéral exclue du PS en 2014 pour prise de position radicale ( à l’époque le PS avait les moyens d’exclure des élus locaux…) , je ne peux être d’accord sur la partie Amazon ou similaire qu’un va compenser la débâcle General Electric… la aussi choix politique dénoncé par certain-e-s en son temps, quand le PS était en gouvernance nationale…
    Je doute fortement que les cadres licenciés chez GE iront travailler dans cette plateforme… mais peut-être les moins qualifiés des TPE locales qui par effet domino vont commencer des PSE, qui non de sauvegarde que le nom… la crise de la COVID va définitivement mettre à genoux nombres d’entreprises …aubaine pour les plateformes !

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