15 mars 2023

Réforme des retraites : où est passé le Président de tous les français ? 

 

20h, le 16 mars 2020, Palais de l’Élysée. Emmanuel Macron, président de la République, prend la parole. Vingt-et-une minutes. Sur fond de dorures et de velours rouge, le discours est solennel. Il faut de la solennité pour déclarer la guerre. Fut-ce à un Coronavirus dont personne ne sait en ces instants la gravité, ni la déflagration. Le président se tient là. Déterminé. Rien ne sera de trop pour faire face. Il l’assure.

C’est la seconde intervention télévisuelle du chef de l’Etat depuis le début de la crise sanitaire, quatre jours après la première. Une dizaine d’autres suivront. A celles-ci, il faut ajouter celles du Premier ministre, des Ministres, des Directeurs d’administrations centrales. La télévision reprend sa place centrale dans le quotidien des français, tous les jours ou presque, à vingt heures. D’ailleurs, les chiffres d’audience ne démentiront à aucun moment le principe de ce rendez-vous. La presse papier, les lettres d’information, les blogs, les réseaux sociaux, tous les médias auront été investi et occupé.

Cette hyper présence médiatique donnera du travail aux historiens pour des années. Il leur appartiendra d’évaluer en quoi toutes ces prises de parole auront eu un impact positif sur le déroulé des évènements, alimenté la crainte, évité la panique des français, par-delà les rayons de papiers toilettes.

Ce qui nous interpelle aujourd’hui, trois années après, au regard de ce que fut la présence médiatique du Président de la République, c’est l’absence.


Dans un contexte économique dégradé, les acteurs peinent à se remettre des conséquences de la crise sanitaire. Cette dernière a mis en lumière les fragilités de l’appareil productif de notre pays. Des analyses et des promesses ont été faites. Sans lendemain. Pour ajouter aux difficultés, la situation géopolitique est passée de l’Ile aux enfants à la suite de la chute du mur de Berlin, à la tiédeur post-11 septembre 2001, puis désormais à l’écarlate aux frontières de l’Union européenne depuis l’invasion russe de février 2021 en Ukraine.




Partout, les français souffrent de l’augmentation des prix au quotidien. Certains doivent choisir entre le plein d’essence et le caddie de courses. D’autres, dont de très nombreux étudiants, grossissent les queues des banques alimentaires. Tous ont baissé le thermostat et remis des pulls.




Dans cet environnement instable, le gouvernement et la majorité présidentielle ont décidé d’ajouté le risque d’une inflammation supplémentaire à un corps social déjà bien tourmenté. La Réforme des retraites est un effort supplémentaire exigé des français. Sur le fonds de ce projet de loi, nous en discutons à L’Engagé.e, par ailleurs. Un projet que nous rejetons par cohérence autant que par décence. Cohérence politique car notre ambition est la construction d’un monde plus juste et solidaire par la redistribution des richesses. Décence à l’égard de toutes ces femmes et hommes qui depuis des générations se fracassent à la tâche, jour après jours, avec au cœur la volonté de voir leurs enfants ne pas simplement venir après eux pour courir une vie à payer des factures et crever sans repos. Ici, ce qui nous interpelle devant la situation, c’est l’absence du premier des français.





Où est passé le héros marvélien qui hurlait à la tribune d’une campagne éclaire, le torse en avant, « parce que c’est notre projet » ? Où est passé le Capitaine du navire pris dans la tempête Covid qui affirmait « quoi qu’il en coute » ? Où est passé le Président de la République sortant réélu face à Marine Le Pen candidate d’extrême droite qui jurait avoir saisi le message, ne plus pouvoir ignorer les chiffres records de l’abstention, s’engager de tout son corps pour « apprendre à gouverner et légiférer collectivement autrement » ?


Il y a trois ans, jour pour jour, le Président de la République était partout. Les français étaient enfermés chez eux. Sous confinement. Aujourd’hui, les français sont dans la rue. Semaine après semaine, ils manifestent. Dans les entreprises, dans la fonction publique, ils payent chèrement le prix de la grève. Les français ont besoin du Président de la République qu’ils ont majoritairement élu, où est-il ? Il est évident qu’une façon de se faire remarquer consiste à ne pas être présent. Néanmoins, l’absence ne fait pas une politique.

 

 

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