Par Julien Dray
Voilà maintenant plusieurs années que l’on alerte ici, d’abord à « libre à gauche » puis dans « l’engagé.e », du danger qui nous guette, au Parti Socialiste, et qui mène à une inéluctable marginalisation.
Nous avons tenté de comprendre et d’expliquer les ressorts de cette lente descente aux enfers et ceci bien avant le quinquennat de François Hollande. La scission idéologique ne date pas d’aujourd’hui. 1983, le traité de Maastricht, la chute du mur de Berlin, la montée des communautarismes, de l’islamisme radical et politique, les tentations de la gauche à s’associer avec les libéraux, autant d’éléments qui, parce qu’ils n’ont pas fait l’objet d’une réflexion collective, ont entraîné des fractures au sein même du parti socialiste Français.
Certains en ont déduit une théorie fumeuse : l’irréconciliable de deux gauches antagonistes.
Or, force est de constater, que le choix imposé par cette théorie, choisir un camp, masque une défaite bien plus importante. Nous avons perdu le combat culturel. Nous avons perdu cette capacité à faire émerger, à partir de fondamentaux inscrits dans nos gênes, une démarche collective de progrès.
Pendant ce temps, les extrêmes se sont renforcées, les nationalismes xénophobes ont gagné du terrain.
Plutôt que de répondre par la construction d’un projet de gauche, de toute la gauche, alliant le réel à l’idéal, nous nous sommes enfermés ici dans le dogme, là dans le mépris, et toujours en position défensive ! Nous nous sommes parlés entre nous, souvent pour nous invectiver, et ce faisant nous avons oublié de parler à ceux que nous sommes sensés défendre, une population de plus en plus indifférente, en particulier les couches populaires et moyennes, les jeunes, les anciens.
Nous l’avons écrit en proposant des textes aux deux derniers congrès. Nous avons travaillé à une réconciliation, en interne, convaincus que l’unité était et est toujours la condition sine qua non d’un rassemblement plus large.
Autant les textes que nos différentes candidatures ont été empêchées. On a préféré entretenir les antagonismes pensant que la clarification passait sans doute par l’épuration. La conséquence de cela, c’est l’hémorragie tant d’un côté que de l’autre.
Aujourd’hui que notre costume est une peau de chagrin, on se propose de faire bloc ?
La loyauté qui a toujours prévalue et qui est le socle militant de ce parti s’est peu à peu fissuré. Force est de constater que nous ne nous aimons plus, que, faute de flux, de circulation, de sang nourricier, nous sommes sous perfusion. Force est de constater que le cœur de notre parti, celui qui bat au rythme de l’idéal socialiste est devenu minoritaire.
Force est de constater que nous ne sommes plus une force d’alternative.
Quelque soit le nom que nous donnons à notre démarche ; refondation, renaissance, reconstruction, cela passe par la recherche d’un élargissement qui associe la population, les associations, les bonnes volontés partout où elles se trouvent.
L’objectif à poursuivre inlassablement, c’est le dépassement de nous-même, Une ouverture pouvant permettre les conditions d’un rassemblement à vocation majoritaire. Il faut redonner un sens à une politique de l’espoir, à une politique de l’avenir, une politique du concret dans laquelle chaque citoyen se sentira concerné.
C’était l’ambition de ce que nous avons présenté sur le projet Européen et c’est ce que je me suis proposé de défendre y compris en conduisant la bataille électorale.
Il ne semble pas que nous ayons, à ce jour, été entendu tant sur le fond que sur la forme. Une question se pose alors :
L’avenir appartient-il encore à des forces de progrès incapables de se rassembler ?
A cette question comme à d’autres, nous essayons d’apporter des réponses. Et cependant, conscients de notre engagement et de notre responsabilité collective nous les avons soumises aussi à toutes et tous . Personne n’a raison tout seul, jamais! L’individualisme qui prévaut depuis tant d’années a, par trop, obéré l’écoute, le respect, le dialogue, l’échange, toutes choses nécessaires à la construction d’un projet commun.
Ne pas répondre à cette question et à d’autres, ce serait admettre, de fait, qu’il ne nous restera plus qu’à choisir entre le pire du libéralisme et le pire du nationalisme.
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