8 mai 2018

Un an après, qu’en est-il vraiment du « en même temps » ?

8 mai 2018

Par Julien Dray

Emmanuel Macron démarrait bien d’un postulat qui plaçait les vieux partis à équidistance d’un point d’équilibre qu’il se promettait d’incarner. Les antagonismes « séculaires » entre la droite et la gauche étaient les principaux obstacles au « progrès » ; ils empêchaient toute approche réaliste. Il fallait donc renverser la table d’un système éculé en se plaçant au centre, en prenant de part et d’autre pour installer notre pays dans un monde qui ne l’attendait plus. La fameuse expression du « en même temps » était née.

Qu’en reste-t-il un an après ? Il existe bien encore un en même temps. Le centre de gravité s’est cependant déporté à droite, et quelquefois très à droite. Il ne faut donc plus prendre de la gauche et de la droite…mais du centre droit libéral et en même temps de la droite réactionnaire.

La seule force de la politique jupitérienne a donc été de faire éclater, exploser même, le bloc de gauche en convertissant certains sociaux libéraux à sa doctrine et en provoquant, en même temps, l’émergence et l’expression d’une gauche plus radicale, frontalement opposée à son projet européen, à sa vision de la mondialisation.

Aujourd’hui, un an après, il y a fort à parier que ses soutiens initiaux aient changé. Sa politique de droite a sans doute convaincu une partie des électeurs « LR » qui le préfèrent à leur nouveau responsable et « en même temps », la très grande majorité des électeurs historiques de la gauche de gouvernement, qu’ils se soient abstenus ou qu’ils aient voté Macron à l’élection présidentielle, ne croient plus en sa politique et lui tournent le dos.

La stratégie jupitérienne tendant à vouloir effacer les rapports gauche/droite pourrait bien aboutir, un an plus tard, à les réactiver. Le tout est de savoir sous quelle forme !

Dans un certain sens, Emmanuel Macron rend service à la gauche ; dans un certain sens et à certaines conditions.

En effet, si à l’intérieur de la famille de gauche, de toute la gauche, on continue à vouloir être hégémonique en affaiblissant l’autre, le camarade, celui qui, ici, sera considéré comme un social-traitre et là comme un dangereux extrémiste, alors la politique de l’actuel président aura de l’avenir, aux dépends de l’intérêt général, de notre modèle social et du progrès tant sur le plan écologique qu’humaniste.

Mais si ce tsunami, qui a emporté le parti socialiste sans lui substituer une alternative crédible, permettait de retrouver, sur ce champ de ruine, les bases et les fondements qui font l’universalité des valeurs de la gauche toute entière ; alors nous pourrions reconstruire l’unité indispensable à l’émergence d’un projet réellement progressiste, un programme que l’on pourrait définir comme « réformisme radical et durable ».

Le sectarisme nous a éloignés, séparés ? Il est nécessaire, aujourd’hui, de le dépasser.

Si certaines formes de radicalités politiques sont utiles au débat public, elles ne suffisent jamais, on le sait bien, pour prendre le pouvoir, si tant est qu’elles en aient l’intention. Les manifestations pourront se succéder, elles feront chaud au cœur, elles pourront même rassembler massivement, elles montreront une vraie volonté populaire de changement… mais si elles ne se traduisent pas par un projet politique associant l’ensemble de la gauche…elles ne seront que des étoiles filantes sur lesquelles les vœux d’espoir seront déçus, voire trahis.

On sait aujourd’hui clairement identifier nos adversaires politiques. Emmanuel Macron, après un an de réformes au pas de charge, s’est clairement déporté à droite, il est donc de ceux-là. Il y a bien une droite et une gauche. La droite se radicalise.

La gauche devrait suivre le même chemin ? Bien sûr que non ! Elle doit faire valoir sa diversité…et retrouver son unité ! Notre définition de la fameuse expression Jupitérienne, serait la suivante : rester nous mêmes et « en même temps » se rassembler !

La mondialisation financiarisée, effrénée, se renforce par l’austérité et le sacrifice du social un peu partout en Europe et « en même temps » si on pense au Portugal…

Julien Dray

@Juliendray

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