La réalité n’est pas celle que l’on nous décrit. On voudrait nous faire croire que la fatalité de la crise internationale oblige à des sacrifices, impose de rogner toujours plus le modèle social qui a fait notre fierté et qui, dans les périodes difficiles que nous avons déjà connues, nous a permis de nous en sortir bien mieux que d’autres.
La vérité c’est que la colère monte de façon sourde, que les citoyens, en France et ailleurs, n’en peuvent plus de constater les écarts entre leurs difficultés à vivre de l’essentiel et les profits que d’autres font en prétextant de la guerre. La vérité c’est que le capital se gave aux dépends du social. La vérité c’est que l’inflation ne dépend pas uniquement du conflit en Ukraine.
La réalité c’est qu’Emmanuel Macron ne peut plus se cacher derrière le « ni droite, ni gauche » ou le « et de droite et de gauche ». Emmanuel Macron s’inscrit aujourd’hui complètement dans le conservatisme le plus absolu. Emmanuel Macron regarde les trains passer sans soutenir, avec la volonté qu’on lui connait, la majorité des français qui voient leur pouvoir d’achat se dissoudre, leur salaire ne plus suivre l’inflation. Le président n’a plus le courage dont il se prévalait il y a encore quelques mois. Il a rompu définitivement avec la gauche !
Notre pays est aujourd’hui dirigé par un aréopage où technocrates et aristocrates se partagent les richesses et les privilèges. Si la direction de TotalEnergies est l’archétype de cette dérive, les grands groupes français ne sont pas en reste. Tous profitent de la situation. Ils sont aujourd’hui dans une logique de lutte des classes qu’ils seraient en train de gagner.
Par ailleurs, le désarroi, la défiance, la désillusion s’affiche et s’exprime sans fard. Le hashtag #balancetonsalaire sur Twitter est de ce point de vue très instructif. On est directement confronté avec la réalité du terrain, avec la réalité des salaires, avec la réalité des situations de ceux qui travaillent ou pas, de ceux qui sont diplômés ou pas. On est loin de la culture des moyennes que l’on voudrait nous imposer comme une preuve d’illégitimité à revendiquer, à demander davantage de partage.
Dans cette situation de crise internationale, la gauche française ne peut pas rester insensible. En général elle ne l’est pas. Mais elle ne peut pas se contenter de dénoncer sans proposer, sans amener d’autres solutions d’urgence et de moyen terme que les mesures picrocholines qui ne règlent rien et qui accompagnent les profiteurs de crise.
Il faut aujourd’hui bloquer les prix pour les produits de première nécessité : c’est un impératif de bon sens pour permettre à chacun de se nourrir et de nourrir ses enfants convenablement.
Il faut revoir au travers d’une révolution fiscale les avantages des grands groupes et mettre en place une solidarité de l’impôt pour aider les petites et moyennes entreprises : ce sont elles qui font l’emploi en France. Il ne faudrait pas l’oublier ! La situation des entreprises est en effet très variable. Elle l’est souvent fonction de la taille. Il faut en finir avec l’optimisation et favoriser les TPE et les PME.
Il faut urgemment mettre en place une réelle conférence sur les salaires avec l’ensemble des partenaires sociaux, des instituts, des associations avec comme objectif :
- que les salaires ne soient plus une variable d’ajustement permettant de concentrer les profits entre dirigeants et actionnaires ;
- que les salaires soient réellement en cohérence avec la force de travail, la fonction, le statut ;
- que l’augmentation des salaires ne soient jamais inférieures à l’inflation.
S’engager enfin sur le chemin d’une taxation du capital à hauteur des profits, à hauteur de la captation qui favorise le statut d’actionnaire au dépend du travail et de la solidarité.
L’intox, ça suffit ! Les Français ont droit à la dignité et au respect !