12 juin 2024

Où en est la France? – Edito n°156

 

Quand le peuple vote et s’exprime. Il faut prendre le temps, écouter ses messages et ne pas se précipiter dans les injonctions faciles ou caricaturales.
Ce dimanche, 40% de nos concitoyens ont voté pour l’extrême droite, c’est déjà assez grave de l’écrire comme ça pour ne pas tomber dans la caricature simpliste.
Ces gens-là, pour une grande partie d’entre eux, ne sont pas déjà des candidats à intégrer des milices fascistes des années 30.
Nous n’en sommes pas là -et heureusement- pour l’instant.
On ne parlera pas à ces gens-là en les traitant seulement de suppôt du fascisme.
Ce vote s’est d’abord une colère, une désespérance et une volonté de donner un coup de pied dans la fourmilière.
Une partie de nos concitoyens ont le sentiment qu’en plus des injustices sociales qu’ils sont aussi les victimes d’une montée de la violence, de l’insécurité au quotidien, des drames pour leurs enfants à l’école ou dans les transports en commun.
Ils ont le sentiment que leur pays fout le camp et que l’Etat est désormais incapable de reconquérir les territoires perdus pour la République et qu’il serait même en train d’accepter une forme de partage territoriale et de ghettoïsation ethnique.
Ils ont le sentiment que dans la Justice, il y a 2 poids et 2 mesures et que dans bien des cas, les délinquants réussissent à s’échapper à l’exécution de leurs peines.
Ils n’ont plus confiance dans ce qui pourtant faisait l’essence de la République, l’école, ascenseur social pour tous…
C’est donc toute l’autorité régalienne de l’Etat pour permettre le vivre ensemble qui est en cause pour eux.
Dire cela, ce n’est pas reprendre à son compte le discours de Cnews.
C’est une réalité et pas un sentiment de cette réalité.
Nier cette réalité, c’est bien souvent nier la souffrance de nos concitoyens et bien souvent des plus modestes d’entre eux.
A cela s’ajoute une technocratie étouffante qui s’ingénie au quotidien à leur empoisonner la vie par la multiplication des formulaires, des contrôles tatillons et une suspicion permanente de l’Etat à leur égard.
Il suffit d’aller passer quelques heures à France Travail, au service des retraites de la CNAV, aux urgences des hôpitaux pour comprendre la lassitude et la fatigue de toute cette noblesse de ce que l’on appelait à l’époque, les hussards de la République.
Enfin, il y a une crise sociale qui a dévalorisé le travail des Français et l’écrase d’une fiscalité injuste.
Il y a ce sentiment et ce cri d’alerte qu’avait montré grandeur nature le mouvement des gilets jaunes, il y a ceux qui paient toujours et qui ne sont jamais aidés.
La confiance en l’avenir, à la capacité de vivre tous ensemble comme des citoyens étant à égalité des droits et des devoirs n’existe plus.

Alors que faire, une fois ce tableau non exhaustif accepté ?

D’abord ne pas faire semblant hypocritement de dire que l’on a compris cette fois-ci, le message.

La France a besoin d’un nouveau grand compromis historique pour restaurer un nouvel ordre juste.

Pour cela, il faut s’inspirer de ce qu’ont été le travail et le programme du Conseil national de la Résistance.

Pour arriver à construire une telle démarche, il faut dépasser les égos et les vieilles querelles. Ce n’est pas une petite Gauche qui se crispe sur ces appareils anciens qui sera à la hauteur de ce défi.
C’est une gauche ayant pour vocation de rassembler le pays et de tendre la main à toutes et celles et ceux qui, sans sectarisme, se reconnaissent dans la volonté de reconstruire ce nouvel ordre républicain.

Ordre(/Justice) social(e) et ordre républicain doivent marcher de manière complémentaire.

Saluons la démarche courageuse de Raphael Glucksmann dans cette élection européenne. C’est sur cette lancée et ce premier succès qu’une dynamique nouvelle de campagne est capable de se reconstruire.
Il faut respecter les choix qui ont été énoncés et les lignes rouges qu’a fixé Raphael Glucksmann.

Cet appel à un nouveau compromis historique qui n’exclut personne n’est pas au service de tel ou tel personnalité mais enfin d’être au service du peuple, de tout le peuple.

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