24 mai 2019

Nos libertés publiques en danger

Par Julien Dray

Au moment où l’on se targue avec une certaine satisfaction du côté du pouvoir de l’essoufflement du mouvement des Gilets jaunes, comment peut-on ignorer voire contester la dérive autoritaire d’Emmanuel Macron?

Il est clair que si la détermination n’a en aucune façon perdue de son intensité, la peur est un élément dissuasif. Et ce ne sont pas les violences des blacks blocs ou des casseurs que les manifestants de ce mouvement redoutent le plus, mais bien les violences policières inédites.

 Les chiffres, à eux seuls, devraient mettre en émoi toutes celles et ceux qui, dans ce pays, se revendiquent républicains. La démocratie n’est-elle pas en danger lorsqu’on admet sans réagir que les libertés publiques soient à ce point mises à mal ?
 
 Au moins 54 journalistes blessés coupables d’avoir fait leur métier ; 120 incidents répertoriés et combien de membres de la presse empêchés purement et simplement d’user de leur droit d’informer ?

– Le nombre d’arrestations préventives : plus de 40 000 depuis le début du mouvement

– Le nombre de gardes à vues : 9 000 dont plus de 5 000 relâchés sans qu’aucune charge n’est été retenue contre eux.

– Le nombre de blessés dont au moins 10% sont handicapés à vie : Plus de 2 500 aujourd’hui, 12 éborgnés, 5 mains arrachés, des dizaines de visages défigurés, plus de 200 blessés graves.

– Le nombre de morts est 11 à ce jour dont 5 Gilets jaunes : 7 accidents, 2 crises cardiaques et une personne de quatre-vingt ans à son balcon après avoir été touchée par une grenade lacrymogène.

– Le nombre de comparutions immédiates : 4 000 à ce jour.

– Le nombre de condamnations : plus de 2 000 dont 40% de prison ferme.

– Le nombre d’enquêtes ouvertes pour violence policière : plus de 200 pour l’heure sans suite judiciaires.

– Le nombre de consignes venues d’en haut favorisant de fait la répression.

Voilà autant d’attaques plus ou moins assumées au droit fondamental de manifester.
 
 Les libertés publiques sont une traduction directe des droits de l’homme et des droits fondamentaux. Dans un état de droit, la protection juridique conférée aux libertés publiques établit et organise leur « inviolabilité ».
 
 Face un un état qui détient l’autorité, la notion de libertés publiques impose à celui-ci des limites. Il est légitime de se poser la question : ces limites ne sont-elles pas largement dépassées ?
 
 Rappelons que c’est le respect de ses limites qui fonde la légitimité du pouvoir et caractérise une démocratie !
 
 Dans notre pays, le cadre des libertés publiques s’appuie sur des textes historiques : la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 ; sur le Préambule de la Constitution de la IVe république ; sur le Préambule de la Constitution de la Ve république de 1958 ; sur les articles 1,2, 3 et 66 de la Constitution de la Ve république.
 
Le mouvement de Gilets jaunes aurait-il à ce point contrevenu à toutes les règles de droit que le pouvoir pourrait se permettre une telle remise en cause de notre histoire démocratique ?
 
Combien de fois, Monsieur Castaner a-t-il été pris en flagrant délit de mensonge pour justifier la gestion catastrophique et violente de cette crise sociale ?
 
 La presse étrangère s’indigne de ce que devient la démocratie française, différents organismes internationaux le dénonce, l’ONU le condamne. Pourtant, ici, dans la Patrie des Droits de l’homme, les réactions sont plus que mesurées lorsqu’elles ne vont pas jusqu’à nier la portée de cette dérive.
 
 Il serait plus que temps que la gauche — toute la gauche — se porte garante des libertés publiques.
 
 Voilà un combat que nous devons mener ensemble. Il s’agit bien là de nos valeurs communes. il s’agit bien là du combat que nous avons toujours mené pour associer la notion de liberté à celle de l’intérêt collectif. Nous le savons tous : il n’y a pas d’égalité sans droit et pas davantage de fraternité.
 
 Les libertés publiques sont le fondement de ces droits !

Julien Dray 

 

 

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