Par Julien Dray
La semaine derrière, face au constat d’un « en même temps » qui n’en est plus un, nous abordions la perspective d’une unité de la gauche dont on a collectivement perdu le sens.
Depuis, l’anniversaire d’un certain 10 mai est passé par là, nous rappelant ce trait d’histoire qui a permis à la France des avancées sociales et sociétales inédites.
Il serait bon de revenir, non pas dans ce monde ancien que l’on voudrait condamner à l’oubli, mais à ce qui a permis à la gauche de prendre, pour la première fois dans la 5ième république le pouvoir sur la droite.
François Mitterrand a sans doute participé à transformer la gauche. Il en a fait le camp du progrès.
Cette notion de progrès, que beaucoup s’approprient aujourd’hui outrageusement, a peut-être bien pris racine en 1981.
Il ne se définissait pas alors sous la forme d’une simple adaptation au monde qui nous entourait. Il bousculait des préjugés, il engageait chacun, à quelque niveau que ce soit et quelque soit son origine culturelle ou géographique, à participer, solidairement, à une « marche » collective, celle d’un ensemble, agrégeant l’intérêt général à son horizon.
Cette marche n’était pas destinée à suivre ou à obéir à une doxa économique mais à tracer un chemin d’émancipation, parfois subversif, parfois insolent, toujours fidèle à l’esprit français !
Et c’est le seul rassemblement de toute la famille de gauche qui l’a permis
Faut-il rappeler que la gauche divisée a toujours perdu ?
La défaite peut même apparaître comme un acte volontaire quand certains la choisissent au nom d’une pureté qui exclue toute perspective de rassemblement ; que cette pureté soit autoproclamée ou affirmée façon méthode Coué, qu’elle ait pour slogan « Je suis la Gauche » ou « je suis le mouvement », cette pureté là, si tant est qu’elle en soit une, reste et restera toujours minoritaire, elle conduira toujours au même résultat.
Les cinq dernières années ont validé des fractures qui venaient de bien plus loin et que nous devons davantage à notre manque de réflexion, à notre paresse intellectuelle qu’à ces quelques postures, devenues statues de commandeur, voulant à elles seules représenter la gauche.
A l’heure où l’on constate le réel positionnement politique d’Emmanuel Macron à droite ; à l’heure où la tentation autoritaire fragilise l’organisation démocratique de notre pays, à l’heure où il faudrait choisir entre la doxa libérale et la doctrine… Il est sans doute temps de penser ou de repenser à une troisième voie : Une voie à la fois politique, assise sur les valeurs fondatrices de la gauche, et à la fois facteur de rassemblement.
Le seul tribunal faisant force de loi, c’est celui qui donne la décision au peuple. Le seul procès qui vaille, c’est celui dans lequel la gauche, toute la gauche, distinctement ou indistinctement, est partie civile contre les reculs, contre les injustices sociales, contre les inégalités, contre le seul pouvoir de l’argent.
Alors disons « Stop » aux procès d’intention, cessons les violences entre nous, avançons séparément, si l’on veut, mais agissons et défendons ensemble, en appui des mouvements sociaux, sans se substituer à l’action syndicale qui détient sa légitimité démocratique du vote des salariés, sans instrumentaliser les formes de leurs combats, mais en apportant une réponse politique.
Nous espérons, demandons, suggérons souvent l’unité syndicale sur la conduite des luttes sociales ? la construction politique de l’unité de la gauche, dans le respect de chacun, en serait le meilleur exemple.
Au delà de l’unité de la gauche, c’est bien l’unité ou l’union populaire que nous devons avoir comme objectif.
Et pour cela, dans un premier temps, il faut être visible, prendre part, s’afficher clairement, puis prendre l’initiative politique, étendre le mouvement à toute la société, à tout le pays, à tous les sujets qui frappent nos valeurs. Organisons, ensemble, une journée de soutien aux luttes, partout en France et préparons, ensemble, une mobilisation pour défendre le sort réservé aux migrants, au droit d’asile…
Choisir de construire, c’est redevenir des façonneurs, des entrepreneurs, des inspirateurs, des créateurs, et par delà, des rassembleurs.
Tout ce que nous avons abandonné en nous retranchant dans des postures défensives, en étant spectateurs impuissants de la mondialisation, en nous opposant, en nous divisant, nous a été préjudiciable. Nous aurions donc raison de retrouver notre véritable identité Parce que ça marche !
Voyez Le Portugal.
Il y a encore deux ans, personne n’aurait mis le moindre centime d’euro sur ce qui est cependant arrivé. Nombre de responsables de l’UE prônant l’austérité, la coupe des dépenses publiques, la conversion inéluctable à la fameuse doxa libérale, ne veulent pas encore reconnaître l’outrageante réussite tant économique que sociale d’un gouvernement d’union de la gauche.
Il est vrai que cette politique là peut apparaître baroque pour Emmanuel Macron ou Angela Merkel, imaginez : Investissements en hausse, taux de chômage en baisse à bientôt 7%, taux de pauvreté en baisse, endettement contenu…et tout ça en ayant augmenter le salaire minimum et les retraites, en ayant renforcer le service public et consolider le droit du travail.
La gauche qui réussit c’est la gauche rassemblée et, en France, elle est à reconstruire. Mais si nous ne devons retenir qu’une seule chose pour tracer le chemin, c’est celle-ci :
L’unité n’est pas une stratégie, elle n’est pas une tactique ; elle est un principe !
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