Par Julien Dray
La France vit depuis plusieurs jours une crise sanitaire dont l’ampleur et la gravité sont assurément réelles. La situation nous invite à adopter des comportements rigoureux et d’un impeccable civisme. La solidarité ne doit pas faire non plus défaut.
Cependant les circonvolutions et revirements du gouvernement intriguent.
Ultime palinodie, le report (sans doute justifié) du second tour des élections municipales à juin alors que le pouvoir indiquait quelques dizaines d’heures avant que le premier tour pouvait se tenir. Les étranges confidences de Madame Agnès Buzyn, parlant de mascarade à propos d’un scrutin auquel elle était volontaire pour se présenter laissent d’autant plus pantois qu’elle s’érige sa propre statue en affirmant qu’elle a averti très tôt la tête de l’exécutif du danger en cours, sans que rien ne corrobore cette bien étonnante autopromotion ou défense.
Dans une période comme la nôtre, il faut toujours avoir en tête la phrase de Spinoza : « ni rire ni pleurer mais comprendre ». La science médicale n’est pas dépourvue de ressource pour vaincre le virus. La France ne manque nullement d’un personnel soignant tout aussi dévoué tout aussi exceptionnel ». Il faut avoir foi en la science et ne pas se laisser submerger ni par l’angoisse ni par la peur. D’éminents spécialistes font merveille de rapidité dans les recherches menées de par le monde. Considérons les travaux du Professeur Raoult qui est rejoint par nombre de ses collègues et obtient des résultats nous l’espérons prometteurs à Marseille.
Dans le même temps, soyons respectueux collectivement d’une saine discipline républicaine. La République implique la participation décisive du peuple et l’affirmation du bien commun. En aucune façon, cette crise ne doit permettre, par la peur narurelle, présente dans la société et dans chacun de nous de la démobiliser et de revenir sur les droits sociaux et démocratiques fondamentaux. Il n’y a toujours pas de sauveur suprême, toujours pas de chef qui ferait le bonheur des peuples à la place des peuples eux-mêmes. L’histoire nous a appris que dans les crises on ne joue pas avec les libertés publiques où la démocratie.
Une commission ad hoc dans chaque assemblée, Assemblée Nationale et Sénat, doit deux fois par semaine faire le point sur la situation, sous l’œil des caméras, afin que chacun sache, en conscience, ce qu’il peut et doit penser de cette crise. Les rumeurs, les « fake news » disparaitront d’elles mêmes. Quant à l’exécutif, une éventuelle tentation autoritaire ne l’engagerait que dans une inéluctable répudiation par le peuple.
Enfin, constatons, avec un certain plaisir, comment les vérités d’hier ont été balayées en quelques heures. Non seulement la santé nécessite des moyens mais, en outre, notre système de production et de consommation est, par l’impérieuse nécessité de cette épidémie, déclaré caduque. Cependant, la grande distribution, pilier de l’ordre néolibéral, qui capte des montants financiers astronomiques tandis qu’évidemment ses salariés n’en ont pour l’instant aucune miette.
Il est temps de changer de modèle. Dans quelques semaines ou mois, les constats en ce sens faits par l’exécutif s’envoleront en fumée et seront oubliés. Il s’agira alors de bâtir la force historique changeant d’ère et se fondant sur l’espoir et non sur la peur.
Plus que jamais prenez soin des votres comme de vous mais gardez l’esprit de résistance.
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