L’an prochain, la COP28 aura lieu à Dubaï. Elle aura pour but de faire le point sur les accords de Paris (COP21) dans lesquels les pays se sont engagés sur des programmes assez précis pour un objectif mondial : limiter à 1,5° l’augmentation de la température d’ici 2050. Nous en sommes très loin. La COP27, qui vient de s’achever Sharm- el-Sheikh en Egypte, a, une fois de plus, entériné davantage de désaccords que d’avancées réelles. La foule des dirigeants, certains n’ont fait qu’un bref passage de façade, d’autres n’ont pas fait le déplacement, a vu défiler une succession d’intérêts contradictoires. On retarde d’autant la réelle prise de conscience, de l’impérieuse nécessité, de travailler vraiment ensemble pour garantir un avenir plus serein à la planète et à la population mondiale. Le seul point positif concerne la question des « pertes et dommages » et la création d’un fond spécifique. C’est une décision historique qui a cependant été longtemps attendue ! Les conséquences irréversibles du changement climatique touchent en premier lieu des pays qui ont peu contribué à la crise climatique : ce sont les pays du sud. Ils réclamaient à juste titre des aides financières. Ils revendiquaient une contribution financière tenant compte de la responsabilité de chacun à la crise. C’est chose faite, en partie grâce au rôle important joué par l’Union Européenne qui a évolué sur sa position initiale en reconnaissant enfin la nécessité de financer la réponse aux impacts dont sont majoritairement victimes les pays ayant peu contribué à la crise climatique. Et c’est tout ! Ne nous le cachons pas, ce rdv de Sharm- el-Sheikh est un nouvel échec et depuis la COP21, il y en a eu beaucoup. Aucune décision probante sur la fin des énergies fossiles par exemple. On va donc continuer à faire tourner les centrales à charbon par exemple – on vient d’en relancer une en France ces derniers jours- en sachant pertinemment l’impact qu’elles ont sur le climat. L’impression nauséeuse que donne cette longue suite de palabres, c’est l’inquiétude et l’indignation. N’est-ce pas le reflet d’une mondialisation déshumanisée où, malgré les évidences et malgré l’urgence, l’écologie, et particulièrement l’écologie sociale, l’avenir de la planète et celui de nos enfants s’effacent devant des intérêts géostratégiques politiques qui eux même s’effacent devant les intérêts économiques de quelques uns ? Doit-on encore laisser se succéder ces échecs en faisant confiance uniquement aux dirigeants politiques et aux experts diplomatiques ou économiques ? Si la jeunesse, un peu partout, a donné l’exemple en commençant à marcher pour le climat, Elle n’a malheureusement pas pu se constituer en une force mondiale suffisamment influente. L’écologie politique qui se voulait sa représentante a de son côté montré ses limites en se discréditant parfois. Les opinions publiques et plus largement les peuples devront s’en mêler. Ce sont bien d’abord les peuples qui subissent les effets désastreux de décisions non prises. L’avancée au compte goûte ne répond plus à l’urgence de fatales inondations. Chacun ressent déjà, ici et maintenant, dans son quotidien, les conséquences de réactions en chaîne. Elles touchent à l’alimentation, aux transports, à l’énergie, aux factures d’électricité et de gaz. Elles participent aussi au déclassement, à la précarité, à la pauvreté, à la mise à mal de la santé, de la sécurité. Sur le plan politique, il faut plus que jamais que le mouvement socialiste, qui se veut le chantre de l’émancipation, défende un autre mode de production, refuse les modes anciens qui détruisent la planète, rejette un productivisme souvent inutile sauf pour l’augmentation de profits pour quelques uns. Il faut maintenant exiger des objectifs précis qui allient humanisme, solidarité et efficacité. Les peuples d’Europe ont sans aucun doute un rôle essentiel à jouer. Nous avons en effet la chance, pour la plupart d’entre nous, de vivre dans des pays démocratiques où la liberté de parole existe, où la voix collective des citoyens peut et doit être entendue. Quand les pouvoirs technocratiques mondiaux se perdent en conjectures, c’est aux populations, à l’opinion publique, de leur rappeler qu’ils n’agissent par pour leurs seuls intérêts ou leurs seuls avenirs, mais pour celui de l’humanité toute entière. N’attendons pas le carbone 14 pour dater l’échec de nos dirigeants à limiter son impact. Prenons la barre en soufflant dans leurs voiles à se cacher, par trop souvent, la face ! C’est bien l’humain qu’il nous faut sauver ! |