22 juin 2020

Invraisemblable !

Par Julien Dray 

La période que nous vivons est invraisemblable. Voilà des décennies que la social-démocratie tente de trouver un chemin à la fois pertinent et juste. Admettons-le ; elle n’y est pas parvenue complètement. En abandonnant certaines de ses valeurs, en prêtant par trop la main aux lobbies, en acceptant une mondialisation économique financiarisée, en perdant son pouvoir de régulation, en cherchant d’abord à se conformer à des critères dictés par d’autres, en se confondant dans des coalitions improbables…elle s’est assimilée d’elle-même à un modèle plus capitaliste que social, plus libéral que solidaire. Elle a ainsi peu à peu perdu tout crédit auprès d’une population qui, surtout en France, ne voyait plus la différence entre la gauche et la droite.

On croyait donc ses thèses obsolètes, dépassées, inefficaces. On pensait que ce courant là était mort. On pensait n’avoir plus le choix qu’entre des extrêmes et un centre qui penchait dangereusement à droite, de plus en plus à droite. Et pourtant.

Ce que la social démocratie n’a pas réussi à imposer par manque d’ambition, de confiance ou de courage, le COVID 19 l’a fait !

Avant cela les « toujours » beaux discours d’Emmanuel Macron se traduisaient par des réformes destructrices de liens, par le sacrifice de la majorité pour servir une toute petite minorité, celle des plus riches : les premiers de cordée. Les beaux discours teintés d’humanisme accouchaient d’une régression sociale touchant à la fois les jeunes et les anciens, les chômeurs, les précaires, les plus pauvres et les retraités.

Et puis Le virus est arrivé. De Chine ! comme un message subliminal. Mais contrairement aux importations bons marché qui ont fait tant de mal à notre économie, celui là va coûter très cher à la pensée unique, aux certitudes ordo-libérales, aux tentations d’ultra-libéralisme !

Imaginez ! Le COVID 19 a imposé la nationalisation en France de 18 millions de salariés par la mise en place du chômage partiel, le sacrosaint critère des 3% a explosé en vol, on parle aujourd’hui sans tabou d’annuler certaines dettes. On met des centaines de milliards sur le tapis de la reconstruction. On est proche de nationaliser aussi des grandes entreprises sur le territoire national. Les réformes engagées dans notre pays s’annulent d’elles mêmes : la réforme des retraites apparaît pour ce qu’elle est ; la réforme de l’assurance chômage se révèle dans son indécence. Les privatisations comme celle des aéroports, celle des barrages ne sont plus du tout d’actualité. Le réformisme de Jupiter est mis à mal, mis à l’évidence de la crise.

Invraisemblable ! Pour la première fois dans l’histoire de cette république, on a fait passer l’homme avant l’économie, avant la finance, avant le business !

En fait ce virus a donné la leçon à tout le monde. Il nous a obligé à regarder la réalité de la fuite en avant des économistes libéraux : l’homme et la planète sont plus importants, beaucoup plus importants, que les dividendes et les profits de quelques uns !

La social démocratie, la vraie, celle qui justement veut mettre l’économie au service de l’homme et pas le contraire, n’a donc jamais eu autant raison qu’aujourd’hui ! Avec un minimum de volonté et de courage politique, elle est sans doute la seule force à pouvoir redonner espoir en l’avenir. Il lui suffit de retrouver ses valeurs fondatrices ! une nouvelle confiance en elle-même. Elle sait faire. Elle doit le faire. Elle l’a montré par le passé, lorsqu’elle était fidèle à elle-même.

En tout état de cause, on est ou on n’est pas. La social démocratie ne peut plus déléguer aux pseudos progressistes ce qu’elle doit faire elle-même en plus humain, en plus universaliste, en plus durable, en plus social, en plus juste.

Il arrive au président de prendre le masque et d’utiliser des mots empruntés à la doctrine social démocrate. Il « parle » social démocrate mais il ne l’est pas. Chassez le naturel il revient au galop dit-on… et le naturel reviendra, n’en doutons pas, s’il en a l’opportunité. Il ne dépend que de nous de le mettre au défi de passer des paroles aux actes. Il ne s’agit donc pas aujourd’hui de s’opposer pour s’opposer mais d’être le virus qui imposera au pouvoir d’adopter vraiment une ambition social et solidaire.

Le président a affirmé qu’il avait changé ? Qu’il allait tout changé ? alors nous lui disons CHICHE ! Chiche sur le fond des réformes ! Chiche sur le modèle à reconstruire ! CHICHE !

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