4 février 2023

En France, c’est la justice sociale qui n’est pas négociable ! – Edito n°138

La technocratie aurait-elle pris, en France, le pouvoir sans partage, sans distance ? il semble bien qu’elle inspire le gouvernement et son président, qu’elle impose même son analyse froide et déshumanisée à un exécutif par trop soumis. On peine à voir une quelconque empathie dans la gestion politique de notre société. Aurait-on oublié que la France n’est pas, elle ne l’a plus jamais été depuis la fin de la monarchie, un pays où l’on peut ignorer l’humain et la conscience politique de son peuple ?

Toujours est-il que l’obstination du pouvoir, lorsqu’il apparaît comme une provocation et une remise en cause de l’intelligence collective aux yeux des citoyens, ne parvient que très rarement à convaincre. On se souviendra de l’expression « droit dans ses bottes » d’un ancien premier ministre… qui avait abouti à une dissolution.

A bien y regarder, que ce soit pendant le premier quinquennat ou le début du second, Emmanuel Macron n’a pas été si prolixe en réformes que l’on pourrait le croire. Mais s’il y en a eu finalement assez peu, elles ont très majoritairement dégradé notre système social et le moral des Français. La parenthèse du « quoi qu’il en coûte » n’aura rien changé au sentiment, de plus en plus partagé, qu’il existe une différence de traitement injuste entre riches et pauvres.

Dans ce cadre la réforme des retraites pourrait être l’élément déclencheur d’une colère qui ne cesse de monter depuis des mois, voire des années. La seconde journée de mobilisation en est une énième preuve. Cette colère, rentrée jusqu’à présent, se contient de moins en moins.

On peut s’en inquiéter. On doit s’en inquiéter. Le pire serait de la minimiser, de la nier, de lui opposer une légitimité démocratique qui, si elle est effective, n’est que le résultat d’un rejet encore suffisamment fort de l’extrême droite.

Au delà des revendications, au delà du rejet de cette réforme par plus de 70% de la population, Il y a un risque de non retour à la confiance. Une confiance qui ne concernerait pas seulement le pouvoir en place mais l’ensemble du champ politique. Ce serait la porte ouverte à tous les extrémismes !

Nous n’avons pas suffisamment entendu, soutenu, appuyé le mouvement des Gilets jaunes en leur temps. Il représentait pourtant l’avant garde de cette France en colère. Il n’était pas seulement constitué de « jusqu’auboutistes » patentés mais,  majoritairement, de citoyens vivant le déclassement au sens propre du terme. Le résultat ? c’est que ce mouvement, dont on a nié qu’il était représentatif d’une distance entre un pouvoir technocratique et le quotidien vécu par une majorité, se voit rejoindre aujourd’hui par celles et ceux qui jusque là s’étaient résignés à une certaine fatalité. Et on le voit, ils sont très, très, nombreux ! Les Gilets jaunes n’étaient peut-être que la partie émergée de l’iceberg. Nous l’avions dit ici à l’époque.

Nous l’avons dit et écrit aussi dans notre dernière lettre : la réforme des retraites, telle que proposée par l’exécutif, est injuste et injustifiée. Nous avons dit pourquoi. Nous avons proposé des pistes. Nous ne sommes pas les seuls. C’est d’ailleurs la première fois depuis très longtemps qu’un pouvoir en France se retrouve avec l’ensemble des corps intermédiaires contre lui.

Alors cette fois, le peuple doit gagner ! Encadré par les syndicats, Il doit, avec le soutien, l’appui, le relais, la force démocratique de la Gauche toute entière, être entendu. Il doit s’imposer à la technocratie, lui servir d’ultime alerte, pour qu’elle retrouve le chemin de l’humanisme !

Si le pouvoir ne cède pas, il faudra une mobilisation encore plus forte, une initiative qui marque les esprits. Il faudra permettre à toutes celles et tous ceux souhaitant s’y associer d’y participer.

Nous voulons une grande marche nationale à Paris, un dimanche, ouverte à tous, non violente, festive, organisée par l’ensemble des corps intermédiaires et soutenue par l’ensemble de la Gauche.

Une grande marche populaire à l’instar, par exemple, de celles que nous avions su organiser dans le passé contre la loi Falloux en 1994 ou celle que les jeunes avaient su mettre en place en 2006 contre le CPE, réunissant un million, Un million cinq cent mille, voire davantage de manifestants dans la capitale, avec des relais en province pour celles et ceux qui ne pourraient pas venir, aurait les mêmes conséquences qu’à l’époque pour le pouvoir : Une pression si importante qu’il ne pourrait pas tenir.

Aujourd’hui, ce n’est pas une catégorie particulière qui est concernée par cette réforme, c’est tout le monde : jeunes, moins jeunes, seniors, anciens. C’est donc l’heure de se retrouver tous pour marcher de concert et dire « Non » à une loi injuste et injustifiée. C’est l’heure du « tous ensemble » !

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