Par Julien Dray
Quelles que soient les crises, qu’elles soient géopolitiques, culturelles, économiques ou sanitaires, Il y a toujours des gagnants et des perdants. Cela va de soi. Cette évidence demande cependant à être regardée et analysée, non pas à travers le prisme d’un dogmatisme économique, mais en tenant compte d’une réalité sociale.
Il y a fort à parier, parce que c’est déjà le cas, que l’on va surtout mettre en avant, au sortir de cette période de confinement, le coût, les dépenses, les déficits. Ils existent. C’est un fait. Il n’y a pourtant pas de fatalité à imposer une solution à une autre. Il n’y a pas de raisons objectives pour s’attaquer à la protection sociale ou à l’évolution des salaires par exemple.
Bien au contraire.
On l’a dit. Le virus COVID-19 a surtout profité, pour sa propagation, d’un manque d’anticipation, d’un manque de défense immunitaire, d’un manque de moyens, de structures, de production. Nationales. Les économies faites ces dernières années au détriment du service public (santé et recherche entre autres) et les délocalisations au nom du profit, d’entreprises fournissant les hôpitaux, y sont pour beaucoup. Cela a provoqué une mise en danger de nos personnels soignants et de ceux qui ont dû assurer la continuité du service, qu’il soit public ou privé. Cela a entraîné une gestion approximative, indécise, paradoxale, contradictoire. Cela a obligé la fermeture des commerces, des lieux de culture, de milliers de PME/TPE. Cela a généré de la peur. Une grande partie de la population a été tirée vers le bas. Les plus précaires le sont encore davantage aujourd’hui. Le taux de pauvreté, particulièrement chez les jeunes, a augmenté. Il faut rétablir une réelle justice sociale et fiscale.
On sait donc qui sont les perdants, quels sont ceux qui auront prioritairement besoin de soutien pour éviter un plus grand nombre de faillites, une plus grande précarité. On a par ailleurs identifié des failles, des crevasses devrait-on dire, dans notre système. Il serait irresponsable de ne pas y remédier. Effectivement, cela aura un coût.
Mais qui sont les gagnants de cette période inédite de confinement ? et bien, nommons-les tranquillement : La grande distribution, les GAFFAM’s au sens très large, les banques et les assurances. Par ailleurs, il semble que la distribution de dividendes se soit poursuivie pour nombre d’entreprises. Enfin, les grandes fortunes n’ont guère perdu de leur superbe.
Voilà quels sont les contributeurs potentiels, sinon évidents, à la construction d’un nouveau monde, humain, juste, respectueux de l’environnement, et équitable.
Il nous faut retrouver une maitrise de la répartition des coûts. La nationalisation d’une partie du secteur bancaire nous le permettrait. Il nous faut aider les entreprises de proximité, les petits commerces, les entreprises du spectacle à retrouver un certain équilibre. Une partie des profits réalisés par la grande distribution et par les assurances pourrait significativement y aider.
Le budget de l’état a été fortement amputé par les décisions initiales du gouvernement d’Edouard Philippe depuis 2017. L’ISF, la Flat Tax, L’exit Tax. Trois mesures immédiates à remettre en cause ou à rétablir pour redonner du sens à la justice fiscale.
Il ne devrait plus y avoir de tabou à parler de l’annulation de certaines dettes !
Enfin, nous faisions ici, au moment des Européennes, une proposition de courage politique que, dans la fuite en avant d’une mondialisation non maîtrisée, nul n’a retenue : Une taxe réelle et proportionnée aux énormes profits réalisées par les entreprises du numérique dont les GAFFAM’s sont le fer de lance.
Rappelons qu’au sortir de crises qu’elles soient mondiales ou nationales, c’est bien le courage politique et non le pouvoir économique qui a permis à notre pays de retrouver son équilibre, son allant, sa marche vers le progrès. Les réalisations issues du CNR, les avancées salariales, entre autres, de 1968 ont d’abord été jugées par les libéraux comme une catastrophe annoncée. Chaque fois qu’une avancée sociale a été proposée et mise en œuvre, on nous a promis le pire. Et le pire n’est jamais arrivé.
Bien au contraire.
Ce sont ces avancées qui ont justement permis d’anticiper ou d’amortir, bien mieux qu’ailleurs les crises qui ont suivies. La crise financière de 2008 en est le parfait exemple.
Ces dernières années, force est de constater que l’on a remis en cause la justice fiscale, la justice sociale et ce faisant la concorde nationale.
Nous ne pouvons plus l’ignorer.
Nous devons tout changer pour nous retrouver. CQFD.
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