Par Julien Dray
Nous étions quelques uns à sortir nos vieux appareils argentiques pour prendre en flagrant délit de cliché libéral la politique d’Emmanuel Macron. Depuis plus de deux ans. Le nouveau monde s’en moquait. A l’heure du numérique, la méthode empirique apparaissait désuète. Enfermés dans nos laboratoires, nous tentions pourtant, bain après bain, de développer les photos d’une évidente dérive droitière et financière. Mais voilà, ça ne prenait pas. Il nous manquait le révélateur idéniable.
La crise sanitaire inédite que nous sommes en train de vivre apporte la preuve ultime du ravage que peut faire la mondialisation financiarisée. C’est un révélateur puissant.
On nous a mis en quarantaine. On nous a confinés. On nous a déclarés en guerre : Elément de langage opportun pour unir et obliger, contrainte et forcée, une population à obéir à l’état major.
Nous avons à gauche, dans nos laboratoires respectifs, continué à développer nos photos. Elles donnaient tellement raison à ce que nous dénoncions depuis des années que nous étions impatients d’en faire une exposition dès la fin du confinement. Nous allions présenter la situation catastrophique par la preuve. Nous allions élaborer des stratégies de reconquête sur les friches du champ de bataille.
Ne serait-ce pas oublier que nous allons sortir d’une guerre ? Une guerre que l’on nous a imposée certes mais qui est ressentie comme telle par beaucoup. La sortie du confinement suivra donc la logique de toute privation totale de liberté. Elle sera considérée d’abord comme une libération même si on ne nous rend pas totalement notre libre arbitre et notre libre expression.
Pas certains donc qu’une exposition sur le catastrophisme –réel- de la situation politique délétère de ce pouvoir fasse recette dans l’immédiat. La population aura un besoin irrépréhensible de respirer, de retrouver qui sa liberté de mouvement, qui son travail….
De sanitaire, la crise ne manquera malheureusement pas de devenir sociale. Plutôt qu’une deuxième vague du Covid-19 il faut s’attendre à une dégradation inquiétante de l’économie. Dans l’euphorie de la libération on ne le verra pas nécessairement. Les cris de colère seront pour un temps couverts par les cris de joie.
C’est sans doute ce temps là qu’il faut mettre au profit d’un réel travail idéologique. Être prêts pour accompagner, soutenir, défendre l’intérêt collectif.
Et puisque nous pouvons enfin sortir de nos laboratoires respectifs, c’est sans doute ce temps là qu’il faut mettre à profit pour se retrouver, échanger nos photos, élaborer à un projet, un programme vraiment commun construit autour d’idées claires et de propositions offensives. Echanger sur le fond. Ne pas s’éparpiller : D’abord la 6ième République par exemple, ensuite la garantie d’emplois régionaux, le pouvoir d’achat, l’état stratège et durable financé par une révolution fiscale, les contributions des gagnants de la crise sanitaire et enfin, une réelle taxation sur les Gaffam’s .
C’est sans doute ce temps là qu’il mettre à profit pour organiser, à l’instar d’autres moments de l’histoire, un conseil national de la résistance de gauche.
Le pouvoir estimera, il l’estime déjà, avoir gagné la Guerre. Il voudra faire fructifier cette victoire à la Pyrrhus. Il s’appuiera sur l’euphorie que ne manqueront pas de numériser les chantres du nouveau monde. Emmanuel Macron tentera, par des actes symboliques qui ne tromperont que ceux qui veulent y croire, de reprendre un peu de sa notoriété perdue au fil du temps. Quelle meilleure opportunité alors que de redonner vie à l’axe Franco-Allemand au travers d’un plan de cinq cent milliards ? C’est politiquement astucieux. On ne retiendra que le chiffre sans trop se poser de questions sur le fond. A bien y regarder les réponses pourraient cependant être sévères.
Nous n’attendrons pas je « j’ai changé » qu’en d’autres temps un président avait inventé. Nous nous en tiendrons à une formule d’un autre président, bien plus proche de nous : « Il faut donner du temps au temps ! » …mais ne pas le perdre pour autant !
https://www.facebook.com/groups/171451933557529/
Vous souhaitez recevoir La Lettre l’Engagé(e) directement dans votre boite mail ? Envoyez-nous un mail à l’adresse suivante : lengagee.lettre@gmail.com