Par Jérôme Grataloup
Il y a quelques jours, les américains se rendaient aux urnes pour renouveler une partie de leurs parlementaires. Si la Chambre des représentants était entièrement renouvelée, seul un tiers des sièges du Sénat, soit 33 ou 34 sièges, faisaient l’objet d’un vote, ne permettant pas réellement au parti démocrate, du fait d’une carte électorale défavorable à la chambre haute, de reprendre totalement la main sur le Parlement.
La présidence pour le moins fracassante de Donald Trump depuis deux ans, a électrisé ces élections qui ont connu une participation largement supérieure à celles des précédentes élections. Pour autant, les résultats des élections de mardi sont loin d’être satisfaisants pour le parti démocrate. Ils confirment surtout que l’élection de Donald Trump n’était pas un accident de parcours.
Alors que l’attitude du POTUS, depuis deux ans à la tête du pays, ainsi que les politiques mises en œuvre par la frange la plus radicale du parti républicain, pouvaient laisser penser qu’une vague bleue déferlerait sur le pays, les résultats des élections sont de ce point de vue assez décevants.
Le parti démocrate remporte la Chambre avec 225 sièges sur 422 attribués. Il reste en retrait par contre au Sénat avec 44 sièges contre 51 pour le parti républicain.
Si chaque camp s’est félicité d’une forme de victoire, la perte de la Chambre pour le pouvoir en place est loin d’être originale pour des élections de mi-mandat. Peu de sièges ont finalement basculé et le fait que le Sénat reste républicain ne permettra pas au parti démocrate de contrer la politique de Donald Trump.
L’analyse plus fine du vote du 6 novembre permet surtout de confirmer un fait constaté dans de nombreux pays d’Europe aujourd’hui : la frange populiste du parti républicain conduite par le Président, fait recette auprès d’un électorat populaire.
Le parti républicain réunit en effet depuis quelques années les voix des classes ouvrières et des régions rurales. Il ne s’agit plus dès lors simplement d’un clivage entre un parti conservateur et un parti progressiste, mais bien de l’incapacité de la Gauche à rassurer les classes les plus touchées par la mondialisation, qui se replient dès lors vers les partis populistes.
Si le parti démocrate continue d’incarner les minorités aux Etats-Unis, le vote des classes populaires non immigrées devient totalement hermétique à son discours. Mélangeant protection et repli sur soi, détermination et autoritarisme, soft power et hégémonisme culturel, il favorise aujourd’hui l’émergence et l’installation durable dans le paysage politique de partis démagogiques dont les « solutions » conduisent à la montée des tensions au sein des sociétés, et notamment au sein des classes populaires.
Le refus de la Gauche européenne et américaine de réaffirmer son orientation en faveur des classes populaires, mais aussi de trancher des débats idéologiques pour donner une nouvelle impulsion à ses principes d’égalité, de justice sociale, ou de solidarité, continue ainsi de faire de trop nombreuses victimes.
Jérôme Grataloup