Par Jérôme Grataloup
Alors que les gilets jaunes sont rejoints depuis plusieurs semaines dans les rues par les manifestations pour le climat, celles contre les violences faites aux femmes et désormais par les syndicats, la tension avec les forces de police ne redescend pas et continue d’avoir un impact massif sur les manifestants et de questionner plus globalement les droits et libertés individuelles des Français.
Des propos inquiétants du préfet Lallement aux œillères du ministre de l’Intérieur, cette situation ne peut pas perdurer car elle met en péril l’unité nationale. Il y a 15 ans déjà, les émeutes des banlieues, qui portaient déjà la voix, à l’instar aujourd’hui du mouvement des gilets jaunes, des oubliés de la République, avaient abîmé le contrat national et la devise française.
On est à nouveau amené à se poser des questions sur la volonté profonde de gouvernements qui autorisent des manifestations massives, sans jamais répondre aux demandes émises par les manifestants, et en laissant les événements s’envenimer. On l’a vu sur les Champs Elysées il y a plusieurs semaines et encore à Place d’Italie récemment. Le dispositif semble parfois avoir été pensé pour déraper, pour opposer, pour mettre les deux camps en difficulté.
Les manifestants sont gazés, soi-disant pour lutter contre les débordements. Certains sont visés par des tirs de LBD car on ne pourrait pas les distinguer de ceux qui « cassent ». Pourtant, en regardant les images des manifestations ou en s’y rendant, on sait qu’il est rarement difficile de distinguer des citoyens manifestants des casseurs, cagoules et casques bien vissés sur la tête. On entendrait presque le gouvernement demander aux gens d’arrêter de se rendre aux manifestations. Ce serait certainement plus simple pour eux.
Force est de constater, dans les faits, la plus grande désorganisation dans la présence des forces de l’ordre. Les policiers sont surmenés, stressés, et sans aucun doute malmenés depuis des semaines par les mouvements de casseurs. Mais ils sont aussi lâchés par leur hiérarchie et ils en ont conscience. Des policiers à bout de force, cela ne peut créer que des dégâts supplémentaires.
Pour ce nouveau monde, la vieille rengaine est de mise « diviser pour mieux régner ». Il semble en effet plus facile de faire passer les gilets jaunes pour des casseurs et de donner des LBD et des tasers aux policiers tout en laissant croire qu’il n’y aurait pas de consigne en faveur de leur utilisation… chaque camp s’affronte dans la rue. Dans la presse, le gouvernement communique en dénonçant de façon virulente les manifestants…
De fait les forces de l’ordre se servent des moyens mis à leur disposition et autorisés par leur hiérarchie, notamment du fait du refus du gouvernement d’interdire les armes les plus dangereuses. Les séquelles physiques et psychologiques sur les manifestants, des citoyens, des journalistes, parfois même des soignants, sont dramatiques et ne cessent de se multiplier. Des manifestants sont également arrêtés, mis en garde à vue, avec le seul tort d’avoir exercé un de leurs droits fondamentaux.
Ces critiques mises sur la table, le gouvernement répète à l’envie son slogan, le même qu’aux élections : nous et nos méthodes ou sinon, le chaos. Ils n’auraient pas le choix et les forces de l’ordre non plus. Pourtant ce pays a connu des manifestations sans accros, une police de proximité, proche des gens, et il y a encore quelques années surtout, une unité nationale autour de la lutte contre le terrorisme.
Macron et son gouvernement auront réussi à faire oublier cela. Aujourd’hui c’est l’affrontement et pas de sortie de crise en vue. Le gouvernement a choisi le chaos plutôt que la discussion sur ses réformes inéquitables ou des réponses politiques concrètes au désarroi social de nombre de nos concitoyens.
Le nouveau monde a des vieux relents conservateurs et autoritaires…
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