21 juillet 2024

Narcotrafic : dire les choses, penser une politique globale

C’est un sénateur socialiste qui a présidé une commission d’enquête sur le narcotrafic. Les uns verront le signe qu’il ne faut pas désespérer du PS, les autres verront dans ce monumental rapport le dévoilement des vérités inhérentes au trafic de substances psychoactives en France. Oui, la France est la proie d’une multitude de canaux mafieux, instillant dans les moindres recoins de notre vie collective les faisceaux de l’empoisonnement d’une nation. Il n’était pas certain qu’un sénateur se saisisse du sujet, qu’il le fasse avec application, souci de la vision politique d’ensemble et sourcilleuse préoccupation pour le détail

En général, la gauche est vue comme « laxiste ». Quant aux élus de droite, s’avouer l’ampleur du phénomène serait reconnaitre que plus de cinquante ans de législation en la matière a échoué. Il y a deux aspects à la question des substances psychoactives dans la société française : d’abord la constitution d’un état mafieux au sein de nos frontières, parallèlement le carnage sanitaire et humain qui s’est engagé. La posture de certains élus écologistes notamment sur le thème « Moins de police, plus de cannabis » est assez irresponsable et un tantinet immature. Rappelons une réalité : la drogue est un fait, les substances psychoactives existeront dans mille ans, il ne nous appartient pas de dire que c’est « cool » mais, en constatant leur existence de réduire la puissance financière des mafias et réduire considérablement l’impact sanitaire et sociale de la consommation de ces substances. La force de ce rapport est d’établir des faits incontestables, de chasser les facilités rhétoriques et les actions à grand spectacle.

Oui le narcotrafic est une menace pour la nation, oui l’urgence est de frapper le « haut du spectre » et oui il faut une meilleure coordination des services concernés. C’est parfaitement sérieusement dit dans ce volumineux texte.

Faire de la politique, c’est définir un objectif : réduire les citadelles mafieuses et assurer à nos concitoyens une perspective de soin pour les addicts, une surveillance sanitaire pour les simples consommateurs. La force du rapport de la Commission d’enquête présidée par le Sénateur Durain, c’est de dire les choses, de dévoiler des faits et de chasses les postures en la matière. La question de l’emprise des drogues sur notre pays rejoint plusieurs dimensions : la politique de répression des gros trafiquants, celle d’une dépénalisation de fait de la consommation de cannabis, le déclin de la santé mentale de nos concitoyens, lié à la crise, à la perception chaque jour assénée de la « fin du monde »… Le plus on entretiendra le mal être existentiel des Français, le plus on en rajoutera dans la consommation massive de nos concitoyens.

A terme il faudra redéfinir le cadre légal relatif aux substances psychoactives. Cela nécessitera clarté dans l’analyse, pragmatisme de l’action, volonté ferme et inébranlable. Le déferlement de substances psychoactives se révèle être une armée d’occupation, se nourrissante de la faiblesse morale, psychologique de la société française.

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