Par Daniel Goldberg
Dans toute bonne pièce de théâtre, l’acte 2 doit permettre à l’action de se développer, aux personnages de s’approfondir et à l’intrigue d’explorer de nouveaux contours. Au lieu de cela, malgré un certain ripolinage fait d’écoute de façade, le pouvoir se raidit à nouveau, dans la seule optique d’appliquer un programme qui ne supporte aucune contestation, ni même évaluation contradictoire.
Et, pour tout dire, ce « Qu’ils aillent manifester en Pologne ! » ressemble furieusement au « Qu’ils mangent de la brioche » de notre histoire.
Même incompréhension par rapport aux revendications d’une large partie de la population et même suffisance dans la réponse donnée. On aurait pu penser que le nouveau mantra de dialogue à 360°en cette rentrée comprendrait que les mobilisations populaires sur des sujets environnementaux et sociaux sont un point d’appui pour engager réellement une transformation de notre société, cela afin de répondre effectivement aux urgences sociales et environnementales.
Au contraire, de manière assez limpide, le Président se veut visiblement en marche essentiellement dans le but de sa réélection, pour, par là-même, permettre à l’emprise libérale de triompher à long terme dans notre pays. C’est une déconstruction de ce qui a fait la République, de ce qui fait que nous sommes plus qu’une seule démocratie, qui est recherchée.
Et, comme ce fut le cas dans les précédentes tentatives, le thème de l’immigration est de nouveau utilisé. Personne ne conteste que notre pays peut débattre de ce sujet, qu’il appelle à réflexion. Mais, ici, à ce moment de notre débat public et de la manière dont il est introduit, la visée électoraliste est saillante.
L’idée finalement limpide est d’enfermer le choix des Français dans le diptyque environnement / immigration pour mieux apparaître comme un repoussoir du Rassemblement national et de la porosité entre la droite et l’extrême-droite, cela avec plus de paroles fortes d’actes décisifs face au changement climatique.
Voir ainsi le « nouveau monde » se ranger peu ou prou parmi les réactionnaires critiquant de manière pavlovienne le « nouveau nouveau monde » incarné par Greta Thunberg et les millions de femmes et d’hommes mobilisé.e.s sur la planète pour le climat pourrait être comique, s’il n’était pas d’un tragique lampédusien : « Tout changer (du personnel politique),pour que rien ne change. »
Pour toutes celles et ceux qui refusent cet enferment en vue de rejouer les match Macron / Le Pen à chaque instant et jusqu’en 2022, il nous faut démontrer en quoi les questions sociales, de revenus, de services publics, de logement ou de santé, sont toujours au cœur des contradictions de notre société. Et en quoi la lutte conjointe contre les inégalités sociales et environnementales pourrait être une vraie révolution de notre pays.
La société mobilisée sur des revendications essentielles et fortes en est l’outil pour forcer les blocages des conservatismes d’un autre temps.